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15 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Écologie
Réchauffement climatique. Vers une nouvelle vague caniculaire en France dès cette semaine
Petra Lou

C’est une vague de canicule sans précédent qui s’abat sur la France cette semaine, un record par son caractère de plus en plus précoce et intense. Symptôme évident du réchauffement climatique, cette vague de chaleur a des conséquences directes sur le quotidien dont les conditions de travail.

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Crédits photo : France Bleu

Si mai a été un mois de record et le plus chaud jamais enregistré selon Le Monde, la France va connaitre, une vague de chaleur exceptionnelle ces cinq prochains jours, "due à une dépression localisée entre les Açores et Madère, favorisant les remontées d’air chaud sur l’Europe occidentale" nous explique MétéoFrance. Avec l’arrivée d’air chaud venu du Maghreb jusqu’à l’Espagne déjà asphyxiée par la chaleur, ce jeudi des pics pourraient atteindre 41°C en Nouvelle-Aquitaine et dans le Languedoc. Vendredi pourrait être la journée la plus chaude de cette période. Selon MétéoFrance, la canicule devrait d’abord toucher le Sud-Ouest de l’Hexagone, et s’étendra au reste de la France en fin de semaine. Des températures exceptionnelles pour un mois de juin.

Digne d’une fin de mois de juillet, ces températures élevées particulièrement précoces viennent rappeler de façon abrupte les effets du réchauffement climatique. En effet, comme l’explique FranceInfo, si en Europe de l’Ouest on considère qu’il y a canicule quand la température de nuit est supérieure à 18-20°C et celle de jour supérieure à 30-35°C, pendant au moins trois jours, ces seuils sont déjà atteints dans de nombreux départements, placés pour 23 d’entre eux sous vigilance orange “canicule”. Cette nouvelle vague de chaleur vient illustrer les conclusions du dernier rapport du GIEC qui prévoit des températures plus chaudes toujours plus tôt dans l’année.

Des vagues de chaleur se multiplient et s’intensifient sur l’ensemble du globe. En effet, cet épisode de canicule survient particulièrement tôt dans l’année, et constitue même un record de précocité jamais enregistré dans le pays, selon l’institut de Météo. Les précédentes canicules précoces, en 2005 et 2017, avaient été enregistrées à partir du 18 juin. Depuis 1947, ce sont près de 43 vagues de chaleur qui ont été recensées par MétéoFrance, dont 9 auraient eu lieu avant 1989. Les autres ayant eu lieu entre 1989 et 2020, cela signifie qu’il y a eu trois fois plus de vagues de chaleur ces trente dernières années.

Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), explique au micro de FranceInfo que “il y a des études d’attribution pour voir si cette vague de chaleur aurait pu arriver dans un climat non modifié par l’homme. C’était le cas par exemple pour la canicule de juillet 2019, on a montré qu’elle aurait été totalement improbable au début du XXᵉ siècle. C’est le cas aussi pour la vague de chaleur qui a touché le Pakistan et l’Inde en avril dernier. On a montré que sa probabilité a été multipliée par 30 par le réchauffement climatique.

Si ces températures ne présagent rien de bon pour la saison à venir, MétéoFrance annonce déjà l’estimation de 50% la probabilité que les normales saisonnières soient dépassées dans le nord du pays, et à 70% pour le Sud.

Des conséquences directes sur notre quotidien, des souffrances et des dégradation des conditions de travail

Bien évidemment, ces vagues de chaleur ont des répercussions conséquentes sur l’ensemble du globe. Selon les observations satellites de la NASA par exemple, l’accélération de la montée des eaux fait partie de ce phénomène. Le réchauffement climatique, c’est aussi l’accroissement de départs d’incendies, comme l’explique Anne Ganteaume, directrice de recherche à l’Inrae sur les risques d’incendie de forêts et l’écologie du feu à Aix-en-Provence pour L’Obs. Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du récent rapport du GIEC, explique que nous vivons un “avant goût de notre futur climatique”.

Dans 39 départements, le dispositif “canicule” a été mis en place dans la catégorie “crise”, permettant aux préfectures d’appliquer des restrictions de l’usage de l’eau, que ce soit pour les professionnels et particuliers, en incitant la population à prendre des douches rapides et interdire l’arrosage des potagers. Une décision qui ne fait que montrer la situation dramatique qu’entraînent ces vagues de chaleur et les conséquences à long terme sur la raréfaction de ce bien commun qu’est l’eau.

Les sécheresses des sols et le manque de précipitations viennent par ailleurs aggraver cette situation, puisque ces restrictions concernent également les agriculteurs, impactant ainsi la production de céréales pour laquelle les prix atteignent déjà des records.

Si le Ministère de l’Éducation nationale a rappelé ses recommandations aux directeurs d’écoles pour les élèves et professeurs à l’occasion du bac 2022, cette nouvelle canicule pèse sur une large partie du monde du travail, dont les conditions de travail sont sans cesse plus difficiles.

C’est le cas par exemple dans les technicentres de la SNCF, où Clément, cheminot et délégué syndical Sud, nous raconte : “On fait face à des températures extrêmes en été dans les motrices de TGV avec le soleil qui tape sur la carcasse, quand tu rentres il peut faire jusqu’à 70-80°C. Si ça a toujours existé, c’est vrai qu’avec ces vagues de canicule c’est de pire en pire

Bien plus que les recommandations individuelles du ministère, les vagues de chaleurs remettent au cœur les conséquences de la destruction de l’hôpital public. En 2003, au moment d’une canicule sans précédent pendant l’été, une étude de l’Inserm établira quelques années plus tard la surmortalité à plus de 19 000 morts en France et 70 000 en Europe. À ce moment-là, les urgences des hôpitaux et les morgues étaient complètement saturées, les bilans sont particulièrement lourds. Presque vingt ans plus tard, avec une crise sanitaire qui a achevé les hôpitaux après les coupes budgétaires successives et la crise des services des urgences les conséquences d’une canicule d’une telle ampleur serait encore plus dramatique. Une perceptive tragique dont les gouvernements successifs sont responsables en ayant été les chefs d’orchestre de la casse des hôpitaux. Ainsi, alors que le secteur de la santé se mobilise, la lutte pour l’obtention des revendications des soignants et la défense des services publics est primordiale afin de faire face à ces vagues de chaleurs.

A ce titre, Marie-Laure Charchar, buandière et secrétaire générale de la CGT Blanchisserie au CHU de Bordeaux nous raconte comment les travailleurs de la blanchisserie ont par le passé fait face à une situation similaire : "En 2020 on avait fait grève contre les conditions de travail dans lesquelles il y a la poussière et la chaleur. On avait pas de clim car le bâtiment est très vétuste, avec des tôles et les machines. Entre la chaleur qui sort des tuyaux d’en bas a cause de la condensation de vapeur, et la chaleur de la non isolation, on montait à des températures jusqu’à 40°C. Par la grève, on a réussi à imposer des humidificateurs d’air pour tous nos collègues".

En février dernier, Oxfam et Greenpeace ont fait paraître un rapport aux chiffres ahurissants permettant de démontrer que l’empreinte carbone de 63 milliardaires s’élève en seulement un an à 152 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de C02 de 49,4% de la population française. Au-delà des coups de communication du gouvernement Macron, qui ne semble s’intéresser à l’écologie qu’aux heures d’échéances électorales, ou de ses mesures cosmétiques, il n’y a rien à attendre dans le cadre de ce système capitaliste pour faire face à la crise climatique. Nous ne pouvons avoir aucune confiance en ces milliardaires responsables du changement climatique, dont la seule préoccupation est l’accumulation de toujours plus de profit au prix des vies de la majorité et de la planète. Une telle situation actualise plus que jamais la nécessité d’un changement radical du système de production, avec l’expropriation et la mise sous contrôle ouvrier de l’ensemble du secteur public, de l’énergie et des industries polluantes ainsi que la planification démocratique de la production.

 
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