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La Izquierda Diario
7 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Oui, la police tue
« La police tue » : levée de boucliers réactionnaire après les propos de Mélenchon
Gabriel Ichen

Suite au contrôle de police meurtrier qui a tué une jeune femme de 21 ans, Jean-Luc Mélenchon a rappelé l’évidence : la police tue. Une sortie qui a immédiatement suscité attaques de toute la classe politique de droite, du gouvernement jusqu’à Marine Le Pen, pour protéger l’image de l’institution policière. Cette campagne réactionnaire vise en définitive ceux qui dénoncent les meurtres policiers, il s’agit de la dénoncer avec force.

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Crédits photos : France Inter / Jean-Luc Mélenchon à l’antenne de France Inter le mardi 7 juin 2022

Suite à la mort d’une jeune femme de 21 ans, tuée par des tirs policiers après un contrôle samedi 4 juin, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé dans différents tweets pour dénoncer un « un abus de pouvoir inacceptable. La peine de mort pour refus d’obtempérer » et a rappelé que « La police tue et le groupe factieux Alliance justifie les tirs et la mort pour "refus d’obtempérer". La honte c’est quand ? ».

Ces propos ont aussitôt suscité les réactions indignées d’une bonne partie de la classe politique du gouvernement à l’extrême-droite. Dans la foulée, le syndicat d’extrême droite Alliance Police a porté plainte contre Jean-Luc Mélenchon, et le premier flic de France, Gérald Darmanin a répondu au leader de la Nupes par un tweet interposé dans lequel il défend sans surprise l’institution policière et les policiers mis en cause dans la mort de la jeune femme. Marine Le Pen s’est également offusquée des propos de Mélenchon en affirmant sur France Info « il dit « la police tue » et en cela il s’éloigne des valeurs républicaines. Il commet une diffamation extrêmement lourde à l’égard de la police. Jean-Luc Mélenchon est toujours du côté des voyous et jamais du côté des forces de l’ordre ». Christian Estrosi, baron de LR s’est même permis une déclaration menaçante en expliquant qu’il fallait mettre hors d’état de nuire les personnages qui s’expriment de cette manière à propos de la police.

Si de telles campagnes réactionnaires ne sont pas nouvelles dans le débat public, celle-ci a bien entendu des visées électorales à quelques jours de l’échéance des législatives. En difficulté, le gouvernement comme le RN ont saisi la balle au bond pour ouvrir une campagne ultra-réactionnaire.
Mais ces offensives ont aussi une fonction politique : celle de refuser tout remise en caractère systémique à aux violences policières. C’est en ce sens que le front réactionnaire qui passe à la contre-offensive est constitué de tous les partis de la bourgeoisie : LREM, LR, RN, Reconquête. Ils défendent leurs institutions, l’institution policières qui est garante de l’ordre dominant et de leurs intérêts de classes. Ainsi, cette offensive vise en définitive à faire taire et à intimider toutes celles et ceux qui osent dénoncer les violences policières, il faut ainsi la dénoncer en tant que telle.

Au sein de la NUPES, les nouveaux alliés de Jean-Luc Mélenchon ont dû s’exprimer au sujet de cette campagne ultra-réactionnaire. Comme le relate Le Monde, des chefs de file du PS et du PCF ont soutenu timidement Mélenchon tout en prenant soin de se démarquer des termes employés par le leader de l’Union Populaire. Olivier Faure (PS) a ainsi expliqué « je ne me reconnais pas toujours dans leurs mots, mais il faut constater les maux ». Même son de cloche chez Ian Brossat (PCF) : « je n’aurais sans doute pas utilisé ces termes-là mais il est certain qu’il y a dans notre pays un problème avec la doctrine du maintien de l’ordre ». Une porte-parole du PS a même été jusqu’à se distancier des propos du leader insoumis sur la police : « Ca n’a jamais été notre ligne, c’est un tweet que je n’aurais pas fait » a déclaré Dieynaba Diop, adjointe au maire PS des Mureaux. Un soutien timide qui n’étonne pas quand on se rappelle que le PS comme EELV ont participé tranquillement à la manifestation en soutien aux policiers à l’appel du syndicat Alliance en présence d’Eric Zemmour. Des contradictions qu’on observe jusque dans le programme même de la Nupes où la question des « violences policières » a constitué une ligne rouge pour le PS qui refuse même d’employer le terme.

Oui, la « police tue », c’est un fait !

Oui, une nouvelle fois, la police tue. Pour l’année 2020, selon les chiffres officiels de l’IGPN, ce ne sont pas moins de 32 personnes qui ont trouvé la mort suite à une intervention de police ou aux contact de cette dernière. Après les deux jeunes automobilistes tués par balles le soir du second tour de l’élection présidentielle], le scandale de la répression des supporters anglais le soir de la finale de la ligue des champions à Saint-Denis, les cas de violences policières se succèdent et marquent le début de second mandat d’Emmanuel Macron.

Ce type d’offensive a une fonction politique celle de restaurer l’image de l’institution policière qui a été profondément écornée par la répression policières tout azimut qui s’est abattu sur le mouvement social ces 5 dernières années, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. La classe politique avait déjà ouvert une contre-offensive pendant la campagne présidentielle, on se rappelle notamment celle qui avait visée Philippe Poutou, qui avait également rappelé l’évidence : « la police tue ». Une déclaration qui lui a valu ni plus ni moins une plainte de la part de Gérald Darmanin.

Il est donc nécessaire d’affirmer son soutien à toutes celles et ceux qui osent dénoncer les violences policières et que le régime cherche à faire taire pour avoir simplement rappelé un fait indéniable. Si les classes dominantes veulent restaurer le crédit de la police, c’est en premier lieux pour maintenir un ordre social d’un système capitaliste, patriarcal et raciste, comme en témoigne les morts des mains de la police de jeunes noirs ou arabes dans les quartiers populaires, ainsi que les répressions des manifestations et des piquets de grève. Face à ceux qui veulent nous maintenir en silence, il est plus que jamais nécessaire d’exiger vérité et justice pour toutes les victimes de violences policières.

 
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