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La Izquierda Diario
26 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Transphobie d’état
Quand le gouvernement mène la « lutte contre les discriminations » aux côtés de groupes transphobes
Matthias Lecourbe

Un article de Mediapart sur les activités de lobbying anti-trans mené par des groupes réactionnaires a mis en évidence des liens troubles entre la DILCRAH, un organe gouvernemental de lutte contre les discriminations et l’Observatoire de la Petite Sirène, un groupuscule qui mène actuellement des activités de lobbying transphobe après être né dans le sillage de La Manif Pour Tous.

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Le 17 mai dernier, Mediapart a publié une enquête sur les différents collectifs derrière les offensives transphobes qui commencent à s’organiser en France pour faire reculer les droits trans. Il en ressort des liens troubles entre le gouvernement et le collectif « L’Observatoire de la Petite Sirène ». Fondé dans le sillage du mouvement La Manif Pour Tous, le groupe a d’abord milité contre l’adoption par les couples de même sexe avant de se recycler dans la transphobie. Représentante du groupe, la psychanalyste Céline Masson, revendique avoir été reçue à plusieurs reprises par les services de Jean Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation. Ce dernier devait alors rendre une circulaire concernant l’accueil des élèves transgenres dans les établissements scolaires. La circulaire a été publiée avec quatre mois de retard, et le mot « auto-détermination » qui figurait dans les projets préparatoires rédigé en concertation avec des associations avait curieusement disparu, mettant au contraire au centre de cette circulaire le consentement des parents, désormais nécessaire au changement de prénom des élèves trans sur les listes d’appel. Le ministère, sollicité par Mediapart a pour sa part nié tout contact avec l’Observatoire de la Petite Sirène.

Et pour cause l’Observatoire est assez sulfureux, on y a vu passer notamment des membres du groupe Juristes pour l’Enfance, un autre groupuscule réactionnaire issu de La Manif Pour Tous, ainsi que quelques personnalités au parcours politique marqué à l’extrême-droite. Les noms apparaissent et disparaissent, comme c’est le cas de celui de Aude Mirkovic, figure de LMPT avec laquelle Céline Masson a nié tout lien après nettoyage du site web de l’Observatoire. Céline Masson pour sa part a déjà pu faire ses armes d’activiste réactionnaire au sein du collectif Vigilance Universités, un « réseau de veille contre le racisme et l’antisémitisme, contre le racialisme et le communautarisme et pour la défense de la laïcité », dont étaient également membres plusieurs des intervenants du colloque sur « la décontruction » et « le wokisme » qui s’est déroulé sous le patronage de Jean Michel Blanquer à la Sorbonne en janvier dernier.

Plus troublant encore, l’enquête met en évidence que le sociologue Smaïn Laacher, président du conseil scientifique de la DILCRAH (délégation interministérielle pour la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et… la haine anti-LGBT) est également membre du conseil scientifique de l’Observatoire de la Petite Sirène. Karine Espineira, chercheuse et militante trans, effarée d’apprendre cela a posé sa démission du conseil scientifique de la DILCRAH, dont elle faisait également partie. Elle révèle également que Céline Masson avait été invitée par le conseil scientifique de la DILCRAH pour évaluer des projets de recherche sur des questions trans en tant qu’intervenante extérieure, et qu’elle n’avait été finalement écartée que par l’action d’une collègue chercheuse. Une invitation qui interroge d’autant plus que comme le suggère une autre enquête de Mediapart, Céline Masson, toute volubile qu’elle soit, semble n’avoir jamais suivi aucune personne trans dans le cadre de sa pratique clinique de psychanalyste… La sociologue Karine Espineira relate également une proposition sur la liste mail interne du conseil scientifique de la DILCRAH d’invitation informelle de deux membres de l’Observatoire de la Petite Sirène pour « débattre » sur les questions trans. Prudente, la chercheuse en études trans veut encore croire à une série de coïncidences, de maladresses… mais a tout de même publié une série de messages sur ses réseaux sociaux expliquant les raisons de sa démission, destinée à sonner l’alerte sur le risque qu’un lien de proximité ne s’installe entre un groupuscule transphobe et une institution gouvernementale de lutte contre les discriminations.

Force est en effet de constater la proximité d’un certain nombre de militants anti-trans des cercles de pouvoir, de même que le nombre important de ministres ayant soutenu LMPT se trouvant actuellement au gouvernement au premier rang desquels Gérald Darmanin. On peut également rappeler qu’il y a encore quelques jours, des rumeurs circulaient concernant une possible nomination de l’homophobe Catherine Vautrin au poste de 1ère Ministre, ou encore qu’Emmanuel Macron lui-même s’est prononcé contre une sensibilisation sur les LGBT-phobies à l’école au cours de la campagne présidentielle. Le même président avait flatté en 2017 l’électorat de LMPT en affirmant qu’on avait « humilié cette France là » pendant les débats sur le mariage homosexuel. Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement qui ne lâche que des miettes comme l’ouverture très tardive de la PMA aux couples de femmes pour se donner couvrir d’un vernis progressiste à moindre frais, tout en laissant prospérer les réactionnaires de toutes sortes avec complaisance.

 
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