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20 de mai de 2022 Twitter Faceboock

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Gouvernement Macron II : on prend (presque) les mêmes et on recommence
Nathan Deas

Loin des promesses de changement annoncées, Macron a choisi un gouvernement dans la continuité du précédent. Si celui-ci devra passer l’épreuve des législatives, il promet déjà de nouvelles offensives d’ampleur mais traduit également les difficultés du chef de l’Etat à élargir sa base sociale.

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Les poids lourds conservés. Macron muscle sa droite et nomme un gouvernement dans la continuité du précédent

Fin du suspense, près d’un mois après la réélection d’Emmanuel Macron : le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a dévoilé à 16h30 ce vendredi 20 mai, la composition du nouveau gouvernement dirigé par Elisabeth Borne. Le chef de l’Etat avait promis un « président nouveau » pour un « mandat nouveau », mais le « renouvellement » annoncé n’est clairement pas au rendez-vous. Parmi les 27 noms, on trouve 14 ministres sortants du gouvernement Castex.

Emmanuel Macron conserve la plupart de ses poids lourds, en particulier ceux issus de la droite, pour ce second mandat. Bruno Le Maire, numéro 2 dans l’ordre protocolaire et au portefeuille élargi à la défense de la souveraineté industrielle et numérique, voit arriver à ses côtés à Bercy, Gabriel Attal, promu ministre délégué aux Comptes Publics. Autre poids lourd venu de la droite, Gérald Darmanin conserve son poste de ministre de l’Intérieur et passe numéro trois du gouvernement. Clément Beaune reste pour sa part le M. Europe de l’exécutif. Surtout, Eric Dupond-Moretti, malgré des relations conflictuelles avec les syndicats de magistrat et l’ouverture d’une enquête pour « soupçons de prise illégale d’intérêts », est maintenu à la Justice.

Pour le reste, l’essentiel du mouvement s’apparente à un jeu de chaises musicales. Sébastien Lecornu, lui aussi issu de la droite, est propulsé de l’Outre-Mer -où arrive l’ex-présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet- aux Armées. Franck Riester passe au commerce extérieur. Amélie de Montchalin et Agnèse Pannier-Runacher, nommées respectivement ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires et ministres de la Transition énergétiques, seront chargées des deux « chantiers prioritaires » annoncés de la nouvelle première ministre. Marc Fresneau est promu à l’Agriculture.

A la « gauche » de la macronie, deux ministres sortants prennent du galon. Venu du PS, Olivier Dussopt, poursuivi pour « prise illégale d’intérêt » et « corruption », quitte les Comptes Publics pour le ministère du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion. Il devrait à ce titre mener l’explosif dossier de la réforme des retraites. Brigitte Bourguignon, ex ministre de l’Autonomie, est nommée à la Santé. Olivier Véran, lui, est spectaculairement rétrogradé et devient ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé des relations avec le parlement et de la Vie démocratique. Des proches d’Emmanuel Macron font aussi leur entrée : le délégué général de LREM Stanislas Guerini au ministère de la Transformation et de la Fonction publique, et à la Culture, sa conseillère à l’Elysée Rima-Abdul-Malak.

Quelques nouveaux noms mais peu de prises qui comptent

La nouvelle équipe gouvernementale s’inscrit donc dans la continuité de la précédente, avec une tonalité droitière marquée. Une coloration politique qui peut paraître paradoxale, au vu des engagements d’Emmanuel Macron, notamment durant l’entre deux tours, d’ouvrir le prisme de l’exécutif à gauche et aux écologistes après la présidentielle. Un immobilisme symptomatique des difficultés de la macronie à élargir sa base sociale, et ce malgré la déroute de LR et du PS aux dernières élections.

Ainsi cette nouvelle équipe accueille seulement deux nouveaux transfuges de droite. Un proche d’Edouard Philippe pour le quota de son parti Horizons, le maire d’Angers Christophe Béchu, nommé aux Collectivités territoriales et surtout, Damien Abbad, ex chef du groupe LR à l’assemblée nationale, qui devient ministre des Solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.

Parmi les nouveaux venus en politique, on notera l’arrivée de Pap Ndiaye au ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse. Sur la forme l’arrivée de l’historien, spécialiste de l’histoire des minorités et figures des Black Studies marque une rupture importante avec Blanquer : pointe avancée de l’islamophobie d’Etat et largement contesté pour son autoritarisme. Une stratégie de communication qui vise à faire passer la pilule auprès des enseignants. Car la mission de Pap Ndiaye reste la même que celle de Blanquer : approfondir les contre réformes voulues par Macron et la casse de l’éducation publique.

Un choix qui marque également dans la continuité de la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon, la volonté d’incarner avec un ministère symbolique, un nouvel ancrage à « gauche » qui doit permettre au chef de l’Etat de répondre à la pression exercée par l’union autour des « insoumis » dans le cadre des législatives. La droite ayant été humiliée au premier tour de l’élection présidentielle, l’heure serait venue de retrouver la voie originelle du macronisme ; celle d’un néolibéralisme à même de replacer le chef de l’Etat au centre-gauche, ou tout le moins de retrouver un point d’équilibre qui ne le fasse pas basculer tout à fait à droite.

Un gouvernement de transition : les législatives en ligne de mire

Pour celles et ceux que ses effets de manches électoraux avaient pu faire douter, le chef de l’Etat a fini par doucher les espoirs d’un coup. Emmanuel Macron commence son second quinquennat entouré de ses fidèles. Erigée en priorité par le gouvernement, l’écologie sera entre les mains de deux femmes au profil proche. Des technos, bosseuses, pas vraiment connues pour leur sensibilité écologique : Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher.

A défaut de surprendre, hormis à l’éducation nationale, ou d’élargir sa majorité politique, le locataire de l’Elysée a choisi, à trois semaines des législatives, de marquer le changement dans la continuité. Pas que quoi susciter un enthousiasme débordant, mais pas de quoi non souffler sur les braises d’un climat social qui face aux tendances inflationniste et la hausse des prix ne demande qu’à s’embraser.

Alors que ce gouvernement aura pour tâche de mener la guerre sociale promise par Emmanuel Macron et d’avancer sur le terrain des contre-réformes, en premier lieu sur le dossier des retraites, il faudra pour cela passer l’épreuve des législatives. Pour un certain nombre de ministre cela pourrait servir de crash test. Gouvernement de transition ou non, face aux promesses antisociales de la macronie, il s’agit d’ores et déjà de préparer la riposte. Celle-ci doit s’inscrire dans la continuité des luttes radicales qui ont traversé la France ces cinq dernières années. Des luttes qu’il faut plus que jamais organiser, coordonner, doter d’un programme et d’un plan de bataille, en commençant par refuser net les promesses de « dialogue social » agitées par Borne et préparer une mobilisation unitaire pour l’augmentation des salaires !

 
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