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2 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Journée internationale des travailleuses et travailleurs
1er mai contre Macron 2 : à quand un plan de bataille pour un troisième tour social ?
Erell Bleuen

A l’occasion du 1er mai, plus de 210 000 personnes ont défilé dans toute la France. Une première mobilisation sociale sous Macron II polarisée par la question des législatives, en l’absence de perspectives sur le terrain des luttes sociales de la part des directions syndicales. A quand un plan de bataille ?

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Crédit photo : Révolution Permanente

A l’occasion de la traditionnelle manifestation du 1er mai, plus de 210 000 personnes ont manifesté dans toute la France ce dimanche selon la CGT pour la première journée de mobilisation nationale sous le deuxième mandat de Macron, réélu une semaine plus tôt.

Première journée de mobilisation sous Macron 2 sous haute surveillance, la répression toujours au rendez-vous

Toute la journée, des milliers de manifestants ont défilé dans de nombreuses villes du pays comme à Paris, Toulouse, Bordeaux, Nantes ou encore Marseille. Dans les cortèges, nombreux sont ceux qui scandent leur opposition à Emmanuel Macron et aux attaques à venir lors du prochain quinquennat : « Macron va poursuivre les cadeaux au patronat, continuer de réprimer les quartiers populaires et veut encore repousser l’âge de départ à la retraite » dénonçait ainsi Lisa, lycéenne au Havre et militante au Poing Levé, au micro de Révolution Permanente. A Paris, où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, différents cortèges se sont succédé, exigeant de meilleures conditions de travail, une augmentation des salaires ou encore l’abandon de la réforme des retraites.

Dans la continuité des cinq dernières années de macronie, c’est la répression policière qui a de nouveau marqué les défilés du 1er mai dans plusieurs villes. Dès 14h30 à Rennes, les CRS ont sorti le canon à eau et les lacrymos pour disperser les manifestants place de la Mairie. A Nantes, la police a rapidement fait usage de lacrymogènes pour scinder les cortèges, noyant sous les gaz le marché couvert de Talensac. A Paris, peu de temps après le départ de la manifestation, la police a commencé à charger et gazer les manifestants, cherchant à empêcher les participants d’atteindre la place de la Nation. Une fois arrivés, les CRS ont nassé la place et ont interpellé de nombreux manifestants. Au total, 54 manifestants auraient été interpellés et, comme l’expliquait Alexis, militant à Révolution Permanente : « Le quinquennat Macron commence comme avait terminé le précédent : par la répression ».

Des arrestations que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est empressé de revendiquer en dénonçant « les violences inacceptables » des « casseurs ». Un son de cloche qu’on a pu retrouver dans un autre style du côté des Insoumis. Plutôt que de condamner la répression policière, Jean Luc Mélenchon a préféré récuser les « violences parasites », interpellant le préfet Lallement sur sa « capacité » à « garantir le droit de manifester en paix », pendant qu’Alexis Corbière lui reprochait ce matin une « volonté de laisser faire » malgré la répression et les interpellations.

Des propos qui, au lieu de s’opposer à la division entre les « bons » et les « mauvais » manifestants, vont dans le sens de justifier la répression des auteurs des prétendues « violences », tout en restant silencieux quant à celles, bien réelles, de la police. Ces condamnations donnent le ton de la fameuse « opposition » au gouvernement Macron que la France Insoumise cherche à incarner : quand il s’agit de manifester, c’est seulement dans le respect de l’ordre de Macron 2.

Un troisième tour plus électoral que social

Alors que les législatives approchent, cette journée internationale des travailleuses et des travailleurs a été préempté par la question des élections législatives. De ce point de vue, après avoir boycotté la manifestation de l’entre-deux tours contre l’extrême-droite, préférant mettre son attention sur le troisième tour électoral, Jean-Luc Mélenchon était cette fois présent dans un cortège de l’Union Populaire particulièrement fourni. Pour le dirigeant de LFI, loin de construire un troisième tour social, il s’agissait en l’occurrence de mettre en avant - en l’absence d’accord conclue à cette date - un front uni de l’ensemble des forces de gauche en vue des prochaines législatives. En ce sens, l’un des principaux « moments forts » de la journée aura été la très médiatisée poignée de main entre Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, lors de la manifestation parisienne. Une mise en scène de la réconciliation des deux partis en vue des élections en forme de réhabilitation du Parti Socialiste, responsable des pires trahisons. Ce même Olivier Faure, artisan de la Loi El Khomri, se faisait huer et virer des manifestations quelques années plus tôt...

Sur le terrain de la lutte de classe et de la mobilisation, ce premier mai était aussi largement en deçà de la colère profonde qui travers le monde du travail, et les classes populaires sur la question des salaires. De ce point de vue, les premiers responsables : ce sont les directions syndicales. En effet, bien plus préoccupés par les discussions dans les salons de Matignon, il n’y a pour l’heure pas l’ombre d’un plan de bataille pour construire un troisième tour social. En témoigne la déclaration de Philippe Martinez lors du défilé du 1er mai, qui a botté en touche en affirmant que « le troisième tour social, je ne sais pas ce que ça veut dire ». Il s’est ainsi contenté de formuler une critique de la réforme des retraites, tout en déclarant être toujours prêt à négocier avec le gouvernement. Et s’il appelle à la « mobilisation la plus large possible » sur la question des salaires, il se borne à n’exiger que des « mesures contraignantes, comme l’augmentation des minimas de branche avec le SMIC », sans programme offensif pour des augmentations généralisées, et surtout sans plan de bataille !

De son côté, la CFDT joue à 100 % le jeu du dialogue social. Laurent Berger déclarait ainsi lors du 1er mai qu’il « en a un peu marre de l’instrumentalisation du social par les politiques » à propos du troisième tour social, et se contente de mettre en garde le gouvernement quant aux « risques de colère ». Quelques jours plus tôt, le dirigeant de la CFDT jouait les conseillers de Macron dans une lettre, l’exhortant à organiser « une rencontre avec les partenaires sociaux et les grandes associations. ». Force Ouvrière a de son côté boycotté scandaleusement ce premier mai.

La nécessité de construire le troisième tour social

L’absence d’un plan de bataille porté par les directions syndicales, qui préfèrent aller négocier des miettes à Matignon, contraste avec la colère qui existe dans le pays et la situation des travailleurs et classes populaires. Face à l’inflation, qui atteint les 4,8 % au mois d’avril et qui menace de croître encore, les conditions de vie de milliers de travailleuses et de travailleurs sont aujourd’hui dégradées, alors que dans le même temps, les salaires restent bas. D’autant plus que ces derniers mois, des salariés ont montré leur volonté de lutter, à l’image de la grève historique chez Amazon Logistique, ou encore de la grève que mène actuellement les salariés de Mécachrome à Toulouse qui se battent pour obtenir 7% d’augmentation de salaire. Ainsi, comme le disait Gaëtan Gracia, ouvrier dans la sous-traitance aéronautique et militant à Révolution Permanente à la manifestation du 1er mai à Toulouse : « les luttes existent, mais elles sont isolées, il faut s’atteler à construire une unité entre elles ».

Alors que Macron entame son second quinquennat à la défensive, l’heure n’est ni au dialogue social, ni au troisième tour électoral, mais à la construction de la résistance face aux attaques à venir – à l’image de la réforme des retraites que le gouvernement va vouloir imposer. Pour cela, il faut œuvrer à la construction d’un plan de bataille commun - capable de mobiliser travailleuses et travailleurs en grève, Gilets jaunes, étudiant·e·s, lycéen·ne·s, habitant·e·s de quartiers populaires, chômeur·se·s - la priorité de notre classe. Contre le gouvernement, contre l’extrême-droite qui prospère sur ses attaques, préparons la contre-offensive !

 
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