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La Izquierda Diario
5 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Répression syndicale
Saint-Quentin-en-Yvelines : la direction de l’université veut expulser un syndicat étudiant de son local
Olga Hagen

La semaine dernière, les membres du syndicat étudiant Union des Étudiant•e•s des Yvelines de l’université de Versailles ont reçu un avis d’expulsion de leur local où ils exercent depuis 1995. La raison ? Un « Drive BU » qui devrait se faire à cet endroit-là : une excuse en réalité, qui cache mal la répression syndicale de la part de la présidence, avec la complicité du Tribunal administratif de Versailles.

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© UEY

À l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le syndicat l’Union des Étudiant•e•s des Yvelines (scission de l’UNEF) a été enjoint par une décision du tribunal administratif de Versailles en date du 4 avril de quitter leur local syndical après que la présidence de la fac ait décidé de construire à la place un "drive BU".

Cette décision judiciaire se fait après de nombreuses menaces et une note d’expulsion de leur local avec comme fondement « l’amélioration de la vie étudiante », la bibliothèque étant temporairement fermée pour cause de vétusté des locaux et de risques incendie. « Une situation que l’université connaissait depuis pas mal de temps » d’après Damien, et qui aurait donc parfaitement pu être anticipée par la direction.

Ce motif n’est en réalité qu’un prétexte pour entraver l’activité syndicale d’une organisation étudiante qui dérange la présidence depuis longtemps. En effet, l’UEY était déjà menacée depuis des années par la présidence, cette dernière refusant par exemple de rédiger une convention d’occupation — ce qui se fait en temps normal pour les syndicats et associations sur les universités.

Damien, membre de l’UEY et élu au Conseil d’Administration, parle ainsi d’un « conflit assez récurrent ». En outre, ce local est loin d’être le seul disponible ; l’UEY a proposé des locaux équivalents, ainsi que de mettre le leur à disposition le temps du « Drive BU ». Des suggestions toutes déclinées par la présidence.

Ainsi, celle-ci est allée jusqu’à trainer l’UEY au Tribunal de Versailles a constaté l’absence d’une convention d’occupation des locaux et validé la version répressive de la direction de l’université. La décision est tombée le lundi 4 avril : à partir de ce mardi 5 avril, l’UEY devra quitter le local, sous risque de devoir payer 50 euros d’astreinte par jour d’occupation illégale, et de se faire expulser manu militari par la « force publique » comme exprimée dans la décision de justice.

Des attaques qui ne resteront pas sans réponse

À la suite de la note d’expulsion, « on est allés voir tous nos contacts perso, enseignants, agents sur la fac, et personne n’en avait entendu parler. » explique Damien. Alors, les membres du syndicat ont décidé de lancer une pétition. « Elle a plus de 1 000 étudiants signataires en interne. Aujourd’hui plus, mais parce qu’on l’a ouverte en dehors de la fac ».

De la même manière, ils ont écrit une motion, signée par plus de 70 profs et personnel de l’université, et mobilisé un vote unanime en Conseil des sciences humaines et sociales dénonçant la décision de la Présidence.

« Il y a 3 semaines, on y a même dormi une nuit. Ce soir, on va recommencer, pour leur remettre un coup de pression » nous raconte Damien ce mardi.

En effet, l’Union des Étudiant•e•s des Yvelines semble déterminée à ne pas se laisser faire face à l’acharnement. Et si les élus doivent en principe disposer sur la fac d’une garantie d’accès à un local, la proposition de la présidence est de déplacer le leur d’un hall principal de l’établissement vers un étage où très peu de cours ont lieu. Une façon claire d’invisibiliser le syndicat.

« Nous on est assez actifs sur le campus, on a usage de ce local. Les étudiants viennent nous voir, c’est un lieu de vie, de passage. Le local est toujours ouvert, il y a des permanences tous les jours… Et on pense que c’est ça qui les emmerde. » explique Damien.

Pourtant, celui-ci l’affirme : leur lutte, notamment celle contre la fusion entre l’Université de Versailles et la réputée Université de Paris-Saclay, qui sur le long terme mènera à la fin des filières « qui ne rapportent rien », semble déranger la présidence qui préfèrerait faire ses « petites affaires » sans être inquiétée, d’autant plus que le campus semble aseptisé politiquement. « C’est une fac dans laquelle on ne fait que passer, y’a pas de vie de campus, et peu de traditions de lutte et de mobilisation. Du coup, la répression est plus féroce pour pas laisser des étincelles se développer. »

Car la répression syndicale, c’est « pas nouveau » d’après Damien. « Les autres syndicats du campus la subissent aussi. Le FSU se font aussi cracher à la gueule par la direction depuis pas mal d’années. Les profs qui nous soutiennent c’est pareil. Y’en a une qui a dû déménager son bureau plusieurs fois, elle a galéré à ce qu’on lui donne ses clés… Et la fac avait déjà porté plainte contre nous en nous accusant d’une dégradation sur une de leurs pancartes, en demandant 1800 euros de réparations. ».

Cet acharnement politique n’est autre que de la répression syndicale. Une attaque anti-démocratique opérée par la présidence alors que nombreux sont les campus aseptisés de toute vie associative et militante, les étudiants démunis, notamment dans un contexte de crise sanitaire qui s’imbrique elle dans une crise du syndicalisme étudiant.

Ainsi, il est nécessaire de montrer notre soutien à l’Union des Étudiant•e•s des Yvelines par tous les moyens ! Un rassemblement est organisé à la suite de leur Conseil d’Administration, mardi à 12h30 devant leur local Hall d’Alembert, 47 boulevard Vauban, à Guyancourt. Soyons nombreux !

 
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