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17 de février de 2022 Twitter Faceboock

Patriarcat
"Grosse pute" : un policier insulte une femme victime d’agression sexuelle dans un enregistrement
Matthias Lecourbe

Une femme qui venait de porter plainte pour agression sexuelle dans la nuit du 4 au 5 février a été rappelée par le commissariat où elle avait déposé sa plainte. Un policier lui a laissé un message vocal demandant à la ré-entendre sur les faits, puis oublie de raccrocher. On l’entend ensuite tenir des propos misogynes, traitant plusieurs fois la victime de « grosse pute ». Une nouvelle illustration de faits de sexisme dans la police qui montre quel ordre ces agents maintiennent : un Etat bourgeois patriarcal et raciste.

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Crédits photo : AFP

Une femme d’une trentaine d’années a été agressée sexuellement lors d’une soirée arrosée. Elle prend rapidement conscience que la situation n’était pas normale et part porter plainte dans le commissariat des 5ème et 6ème arrondissements de Paris, où sa plainte est prise. Seule une question sur sa tenue vestimentaire l’interpelle un peu à ce moment-là.

Elle rentre ensuite chez elle pour dormir et est rappelée par un autre policier qui demande à la ré-entendre sur les faits. Il oublie ensuite de raccrocher le combiné et on entend « je la rappellerai de toute façon, parce que là, elle doit être en train de cuver ![…] c’est tellement pas compréhensible… Elle n’est pas compréhensible la plainte en fait [...] Ah, évidemment, elle refuse la confrontation. C’est vraiment une pute. Comme par hasard. Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute. Comme par hasard. En fait c’était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. C’est aberrant. Ouais, je sais pas, moi [mot incompréhensible], il lui arrive un truc comme ça, déjà elle fout une mandale au mec, et après elle va vouloir une confrontation histoire de lui péter la gueule encore plus sur l’audition… Putain, grosse pute. ».

Des propos profondément mysogynes qui remettent en cause la parole et commentent le comportement d’une femme qui dénonce des faits d’atteinte sexuelle révélés par Mediapart ; mais qui sont loin d’être isolés d’après l’enquête #PrendsMaPlainte dont les résultats ont été publiés par NousToutes en 2021. On apprend de cette enquête que 68 % des femmes souhaitant porter plainte ont dû faire face à une banalisation des faits par un agent de police, 57 % à un refus ou à un découragement à déposer une plainte, 55 % ont été culpabilisées, 30 % ont dû faire face à des moqueries ou à des propos sexistes ou discriminants, et dans 26 % des cas à une solidarité des policiers avec la personne mise en cause pour violences.

Une solidarité à laquelle s’est heurtée la plaignante et qui est loin d’être étonnante lorsque l’on voit à quel point les policiers sont protégés par l’institution lorsqu’ils sont eux-mêmes auteurs de violences sexistes et sexuelles. On en a encore eu un exemple il y a un mois lorsqu’un policier a assassiné sa conjointe pris la fuite et que la réaction de ses collègues a été d’exprimer leur inquiétude pour lui et d’empêcher de diffuser son nom ou sa photo dans les médias. On ne dispose d’ailleurs pas en France d’enquêtes sur la prévalence des violences sexistes et sexuelles commises par les policiers mais de nombreux cas sont rapportés et dans les études conduites aux États Unis, ce sont 40 % des policiers qui déclarent eux-mêmes avoir été auteurs de violences conjugales au cours des 6 derniers mois. Les personnes racisées en particulier dénoncent aussi le fait que les violences sexuelles font partie des violences policières auxquelles elles sont exposées, on en a vu une expression dans l’affaire Théo.

La police est le bras armé de l’État, c’est une institution fondamentalement violente, répressive et réactionnaire. Son rôle premier est celui de maintenir l’ordre établi : c’est à ce titre qu’elle harcèle les personnes racisées, réprime les mouvements sociaux qui portent des revendications qui pourraient profiter aux femmes, réprime en grande majorité les délits commis par les classes populaires. Elle est un outil au service de la domination de classe qui maintient une grande partie de la population dans la précarité parmi laquelle se trouvent la plupart des femmes. La police n’est à ce titre pas une institution sur laquelle les femmes peuvent compter pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, quoi que cherchent à faire croire les fémo-nationalistes comme Marlène Schiappa. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles passe avant tout par le développement des services publics et en particulier de centres d’accueil et d’hébergement pour les victimes de violences, par l’égalité salariale et au droit à un emploi ou à une allocation d’autonomie pour chacun.e.

 
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