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La Izquierda Diario
1er de février de 2022 Twitter Faceboock

Double peine
Ignoble. A Épinay, un commandant de police harcèle sexuellement une femme victime de violences conjugales
Mélanie Florch

Selon StreetPress, un commandant de police d’Epinay sur Seine a été visé par une plainte pour harcèlement sexuel à l’encontre d’une femme qu’il avait rencontré à l’automne 2021 alors qu’elle entamait une procédure contre son mari violent. Des révélations sordides qui témoignent une fois de plus du caractère profondément patriarcal de la police.

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Crédit photo : AFP /Jack Guez

La jeune femme atteinte d’autisme était venue porter plainte contre son mari pour chantage sexuel. Mais lors de son rendez-vous au commissariat, elle croise un policier qui deviendra son nouveau bourreau. Le 27 janvier, Streetpress révélait en effet le dépôt d’une plainte auprès de l’IGPN visant un commandant de police d’Épinay-sur-Seine. Ce dernier est accusé d’avoir harcelé sexuellement une jeune femme de 29 ans de fin septembre à fin octobre 2021, suite à une visite au commissariat pour dénoncer le chantage sexuel que lui faisait subir son mari.

Après que le policier ait pris soin de recueillir son numéro de téléphone – qu’elle ne lui a jamais donné personnellement –, la jeune femme a été inondée pendant près d’un mois de messages à caractère sexuel de sa part : « j’ai envie de toi… » ou encore « masturbe toi et dis-moi le résultat ». Une centaine de messages au total, qui au surplus comportent pour certains un caractère raciste : « Les Berbères forniquent aussi ! Mais qu’est-ce que tu crois ? Avec des chèvres, des dromadaires aussi ! »

« Je ne vois pas tout de suite le danger tant que ce n’est pas concret. Je ne perçois pas les sous-entendus. Je me fais piéger car je suis Asperger et je ne comprends pas où est le piège. Thierry B. a profité de mes faiblesses. » raconte la jeune femme à StreetPress.

Après lui avoir demandé plusieurs fois de cesser ces agissements, elle décide de bloquer son numéro et de porter plainte auprès de l’IGPN. Un ajout destructeur à la charge psychologique de cette dernière, déjà fragilisée par les violences perpétrées par son mari. Pour la plaignante, c’est la double peine.

En effet, ce n’était pas la première fois que la plaignante avait dû faire face à des violences patriarcales. Victime de violences et de viol conjugal, elle avait fini par obtenir une ordonnance de protection en 2016 après avoir porté plainte et demandé le divorce. Une mesure manifestement inefficace puisque les violences sexuelles reprirent dès la fin de l’ordonnance de protection, se matérialisant cette fois en du chantage sexuel à répétition. C’est d’ailleurs dans le cadre d’un dépôt de plainte contre son mari violent qu’elle a croisé la route de ce commandant de police, qui a ajouté à ces violences conjugales initiales un harcèlement sexuel en toute impunité, brisant davantage les perspectives de reconstruction de la jeune femme.

Celle-ci, pour les colonnes de StreetPress, a d’ailleurs décidé de témoigner pour rendre hommage aux victimes de violences patriarcales : « C’est pour ça que j’ai décidé de parler, que je veux raconter mon histoire, les violences conjugales que j’ai subies, puis plus tard le harcèlement de la police. Je veux raconter pour Bouchra Bouali et toutes les autres, pour dénoncer les défaillances du système ».

Après la libération de la parole via Twitter et le hashtag #DoublePeine sur l’attitude de la police face aux violences patriarcales, cette histoire sordide témoigne une nouvelle fois que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est bien loin d’être l’affaire de la police nationale. De fait, celle-ci participe non seulement à la perpétuation de leur existence par les agissements de certains agents, mais aussi à l’omerta et au profond sentiment d’impuissance face au danger de toutes ces femmes qui chaque jour se battent pour leur liberté et leur émancipation sexuelle.

 
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