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La Izquierda Diario
24 de janvier de 2022 Twitter Faceboock

Discrimination sexiste au travail
« Bon vent et bonne grossesse » : une salariée licenciée car enceinte à la fondation de Paris-Dauphine
Martin Leroye

Ce vendredi, Mediapart a publié l’interview glaçante d’une travailleuse de la fondation de l’université Paris-Dauphine. Après avoir annoncé sa grossesse, son entreprise a monté un dossier bidon pour la licencier. Un cas honteux, malheureusement loin d’être isolé.

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Crédits photo : AFP

Engagée au sein de la fondation de l’Université Paris-Dauphine en 2016 en tant que directrice de développement, Valérie*, 34 ans, annoncera sa grossesse au bout de 4 mois à sa directrice, Sandra Bouscal. Après avoir envoyé un mail à sa hiérarchie afin de donner ses dates de congé maternité, la réaction de sa direction ne se fera pas attendre.

Convoquée en fin de journée, l’employée sera mise à la porte, sans autre forme de procès, comme elle l’explique à Mediapart : « lorsque je me rends dans son bureau, la directrice m’annonce que je suis mise à pied pour faute grave et me demande de quitter immédiatement les locaux. Je tombe des nues, je demande 40 fois la raison, mais je n’ai aucune explication ».

Ce n’est qu‘après l’entretien préalable à son licenciement que celle-ci se verra remettre une lettre, indiquant les raisons officielles de son licenciement : un manque de collaboration, de transparence, de discernement, le « non-respect de directives » ainsi que de « l’insubordination », notamment pour s’être « assise d’autorité au centre de la table ». Également, lors du procès, Laurent Batsch — à l’époque président de l’université Paris Dauphine et dirigeant toujours en place de la fondation Paris-Dauphine — affirmera au procès que Valérie n’aurait annoncé sa grossesse afin « d’être dans une meilleure position pour éviter une sanction ».

« Bon vent et bonne grossesse »

Mais la réalité pointée par des employés de la fondation semble tout autre : témoignant au procès, certains affirment que, selon les dires de la directrice, « le fait de tomber enceinte très peu de temps après une embauche n’était pas très correct vis-à-vis de l’employeur », ou que cette dernière l’aurait vécu comme une « trahison ». Un pur produit de la pensée capitaliste néolibérale, selon laquelle les employés doivent tout à l’entreprise, et où la vie personnelle de ces mêmes employés rentrerait en contradiction avec leurs emplois.

Analysés par le tribunal en appel, les éléments apportés par la fondation pour justifier le licenciement n’ont pas convaincu, le tribunal avançant qu’« aucun de ces prétendus manquements n’a jamais été analysé par l’employeur comme devant justifier une deuxième période d’essai », et qu’au contraire, Sandra Bouscal affirmait avant d’apprendre sa grossesse que Valérie « apportait beaucoup » à la fondation. Des éléments allant donc dans le sens d’un licenciement discriminatoire, ce qui aboutira à une peine de 8 mois de prison avec sursis, 3 000 euros d’amendes ainsi que 10 000 euros pour préjudice moral pour son ancienne directrice, ainsi qu’une amende de 20 000 euros pour la fondation.

Loin d’être un cas isolé, cette discrimination est en réalité commune dans le monde du travail : le « risque » de grossesse, amenant une femme à ne plus travailler pendant plusieurs mois, sert souvent de justification au patronat pour baisser les salaires des femmes, les licencier, voir refuser tout simplement de les embaucher. Une situation amenant de nombreuses femmes parmi les plus précaires à accepter des salaires et des conditions de travail dégradés. Valérie* même le raconte : « après avoir annoncé que j’étais enceinte, la période a été très dure. Mon obsession était de retrouver du boulot. La fondation m’a volé ce temps unique, le temps de la grossesse ».

*le prénom a été modifié

 
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