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La Izquierda Diario
28 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

Toujours aucun protocole sanitaire à la hauteur dans les écoles !
Maëva Amir

Grand absent lors des annonces faites lundi par le premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran, ce n’est qu’hier matin que le ministre de l’Education nationale, invité par France Inter, s’est exprimé au sujet du retour en classe. Alors que scientifiques et personnels de l’Education nationale ont alerté ces dernières semaines sur l’explosion du nombre de cas chez les enfants et sur les risques que représente l’école dans la situation actuelle, le gouvernement ne propose toujours aucun protocole sanitaire à la hauteur et refuse toute mesure qui pourrait impacter l’économie, y compris le report de la rentrée.

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Crédit photo : AFP Ludovic Marin

Avec l’arrivé du variant Omicron, la politique sanitaire du gouvernement pour les écoles fait à une nouvelle vague de contestation. Alors que Jean-Michel Blanquer continue à nier l’évidence, les cas de contamination ont en effet explosé depuis le début du mois de novembre, notamment chez les enfants. Dans une tribune publiée ce dimanche dans le JDD, des personnels de santé ont ainsi demandé le report de la rentrée scolaire pour freiner l’épidémie à l’école, tandis que le Conseil scientifique prévoit l’absence d’un enseignant sur trois au mois de janvier. Les annonces du gouvernement au sujet de la rentrée scolaire étaient ainsi l’une des grandes attentes de ce lundi et sont, une fois de plus, très loin d’être à la hauteur.

Symptôme de la faiblesse de ses mesures pour l’école, le gouvernement n’a toutefois pas jugé nécessaire de faire intervenir le ministre de l’Education nationale lors de sa conférence de presse de lundi soir. Après des annonces superficielles sur les capteurs de CO2 et l’évolution probable du protocole faites par Olivier Verran, c’est finalement ce matin que Blanquer s’exprimait sur France Inter pour improviser un énième discours sur le protocole sanitaire dans les écoles, témoignant une nouvelle fois de son incompétence et de son mépris pour les travailleurs de l’Education Nationale. En effet, dans le flou le plus total, il annonçait que probablement pour revenir à l’école après un cas dans une classe « Il ne faudra pas avoir présenté une fois un test négatif, mais au moins deux fois, à plusieurs jours d’intervalle ». Difficile d’imaginer l’application concrète de cette mesure, quand aucune campagne de tests massifs n’a été déployée dans les écoles.

Il est également revenu sur le « risque d’absentéisme accru » et la « désorganisation » que cela pourrait engendrer. Parler « d’absentéisme » pour évoquer les futurs arrêts maladies et contaminations des personnels est une véritable insulte aux travailleurs de l’Education Nationale qui seront surexposés à la Covid-19 à la rentrée car aucun protocole conséquent n’est proposé. Pour palier à la désorganisation probable dans les établissements, Blanquer propose de débloquer « tous les moyens pour y faire face, en capacités de remplacement, de recrutement de vacataires et de contractuels, en mobilisation des jeunes retraités. »

Non seulement le ministre assume jusqu’au bout le refus de recruter des personnels de façon pérenne et de créer des postes, mais il propose encore d’exposer les populations les plus fragiles, à savoir les retraités ! Le tout en pleine période de recrudescence de l’épidémie et alors que l’école est un véritable foyer de contamination. De plus, il est difficile d’imaginer que tous les enseignants et personnels malades de la Covid-19 soient remplacés par magie à la rentrée quand déjà pour les absences de moins de 15 jours, ce qui correspond souvent à la durée des absences pour cause de Covid, une solution n’est trouvée que dans 20% des cas.

Face à cette impréparation et cette absence de stratégie sanitaire, le ministre de l’Education Nationale masque les réponses contestataires. En effet, dans le tweet dans lequel il annonce le non-report de la rentrée et l’absence d’un protocole sanitaire conséquent, Blanquer bloque les réponses, empêchant ainsi tous les profs et personnels de l’Education Nationale de décrire la réalité du terrain et de pointer du doigt l’absence de protocole sanitaire pour l’école et le danger que cela représente. En clair, sois prof et tais-toi.

Plus largement, le cas de l’école est révélateur d’une gestion catastrophique et meurtrière du gouvernement depuis le début de cette crise sanitaire. Loin des discours humanistes décrivant l’école comme essentielle pour les enfants, elle est surtout essentielle comme garderie du MEDEF. D’ailleurs, le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux, l’exprime clairement dans une interview qu’il a donné au Journal du Dimanche. Il explique qu’il « n’y a pas de raisons de paniquer aujourd’hui. » mais qu’en revanche « Si, par exemple, les écoles devraient fermer, ce serait une difficulté majeure », exprimant la nécessité pour les écoles de rester ouvertes pour que l’économie puisse tourner au détriment des travailleurs exposés au virus. L’hypothèse d’une réduction du temps d’isolement lors d’une contamination à la Covid est sur la table et elle s’inscrit dans cette stratégie d’évitement de la « désorganisation » qu’ils provoquent eux-mêmes. En clair, le gouvernement ne propose aucune stratégie sanitaire contre la Covid-19 mais bien une stratégie pro-patronale dont l’école est une des pierres angulaires.

Face à cette gestion sanitaire criminelle qui met les travailleurs de l’Education Nationale et les élèves en danger il faut revendiquer avant tout la mise à disposition de matériel comme des capteurs de CO2 et de purificateurs d’air, qui contrairement à ce qui dit Blanquer ne sont pas installés, des masques gratuits pour tous avec la distribution de matériel FFP2 ou 3, comme cela a pu se faire en Italie, du matériel de désinfection et une campagne massive de dépistage dans les écoles. Surtout, nous revendiquons le recrutement massif de personnels pour permettre le dédoublement des effectifs en classe, ce qui limiterait le risque de propagation du virus dans des classes toujours plus surchargées, et le remplacement des personnels absents. Plus largement, il faut s’organiser pour un plan sanitaire à la hauteur qui met au cœur les travailleurs de l’éducation, ceux de la base, les seuls à même de proposer un protocole sanitaire qui maintiennent une véritable continuité pédagogique qui ne se fassent pas au détriment de la santé des élèves et de leurs familles.

Pour cela, il est nécessaire que les personnels soient soutenus par les organisations syndicales. Au-delà de l’indignation de principe qu’elles ont pu afficher, elles doivent maintenant jouer leur rôle pour organiser l’opposition au gouvernement et défendre les personnels, mais aussi les familles, dont le gouvernement est prêt à risquer la santé, voire la vie, pour ne surtout pas contrarier le MEDEF.

Après 2 ans de crise sanitaire, toutes ces revendications ne pourront pas être obtenues sans un rapport de force conséquent qui ne peut que se construire que par la grève. Aujourd’hui c’est le chemin pris par de nombreux secteurs qui ont été en première et deuxième ligne de la crise sanitaire, comme celui de la grande distribution, qui connait aujourd’hui des grèves inédites. Face à ce gouvernement qui main dans la main avec le patronat fait passer les profits avant nos vies, il est temps de leur faire comprendre que sans les profs, les travailleurs de premières et deuxièmes lignes ils ne sont rien

 
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