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La Izquierda Diario
24 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Meeting #AnasseKazib2022 à Toulouse
Gaëtan Gracia : « Nous voulons construire une organisation de combat, un parti pour la révolution »
Gaëtan Gracia, CGT Ateliers de Haute-Garonne

Nous reproduisons ici l’intervention de Gaëtan Gracia, tourneur-fraiseur dans le secteur de la sous-traitance aéronautique et militant à Révolution Permanente, lors du meeting de lancement de la campagne #AnasseKazib2022 à Toulouse.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Gaetan-Gracia-Nous-voulons-construire-une-organisation-de-combat-un-parti-pour-la-revolution

Camarades, c’est un grand plaisir de parler devant vous aujourd’hui, et c’est une grande fierté de partager cette tribune avec des militantes et militants qui ont autant de courage et de détermination comme Rozenn, Alberta, Sasha et Anasse.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous demander de faire un maximum de bruit pour tous les militants et militantes qui ont charbonné sans relâche pour que ce meeting existe, pour que la campagne existe, pour aller chercher les 500 parrainages pour qu’Anasse puisse nous représenter et faire fermer leur gueule à tous les Macron, Le Pen, Zemmour et tous les politiciens bourgeois.

Comme l’a dit Alberta, je travaille en usine, dans la sous-traitance aéronautique. Pour ceux qui ne connaissent pas la vie en usine, je voudrais vous citer ma ministre de tutelle, la ministre de l’industrie Agnès Panier-Runacher : "L’industrie, c’est un des rares endroits où on trouve encore de la magie" et "quand tu vas sur une ligne de production, c’est pas une punition, c’est pour ton pays, c’est pour la magie".

Perso, je ne vois aucune magie à l’usine. Il n’y a pas de magie quand les chefs nous manquent de respect et nous traitent comme des merdes. Il n’y a pas magie quand on passe 8h par jour, 40h par semaine, dans un atelier sale, bruyant, sans voir la lumière du jour. Il n’y a pas de magie quand on rentre chez nous explosés, quand on passe plus de temps à l’usine qu’avec nos amis ou notre famille, quand le peu de temps libre qu’on a, on doit juste recharger les batteries pour pouvoir y retourner le lendemain. Il n’y a pas de magie quand on vit tout ça pour se retrouver, de toute façon, à découvert le 10 du mois. Il n’y a pas de magie quand on apprend qu’un collègue est parti en dépression ou que tel autre a un cancer avant même l’âge de la retraite !

La seule magie que j’ai vu, c’est qu’alors qu’il n’y avait ni grève ni syndicat depuis les années 70, on a réussi à construire un syndicat dans l’usine, en se cachant pendant 2 ans, on a réussi à relever la tête, on a résisté aux attaques et ce qui n’était pas arrivé depuis 50 ans, on a mis cette putain d’usine en grève !

Vous imaginez bien que ce n’était pas gagné. Quand on a commencé, chaque collègue me disait « moi je veux bien le faire, mais tu trouveras personne d’autre, les gens ne veulent plus lutter ».

La phrase qu’on entend tout le temps, c’est : "Les gens ne veulent plus lutter".

Camarades, si on l’a fait dans un endroit comme cette usine, c’est que c’est possible de le faire partout, et c’est le message qu’on veut envoyer à tous. Non, la nouvelle génération ouvrière ne se laissera pas faire, la nouvelle génération ne vivra pas la tête baissée, et comme l’ont montré ces dernières années dans ce pays les Gilets Jaunes, les raffineurs, les grévistes de la SNCF et de la RATP, comme l’a montré la jeunesse, oui la nouvelle génération ouvrière est prête au combat les camarades !

Mais pour lutter, il ne suffit pas de combativité, pour lutter il faut être organisé : il faut un plan de bataille. La première règle de notre plan de bataille, c’est qu’il n’y a aucun compromis à faire, aucun "dialogue social" à avoir avec ceux qui nous font la guerre. Avec ceux qui, comme le patron de Derichebourg Pascal Lanette, expliquaient que les ouvriers devaient choisir s’ils voulaient mourir de faim ou du virus. Comme l’ont dit les grévistes : "On ne négocie pas le poids des chaînes". On ne laissera aucun bureaucrate syndical négocier sur notre dos, nous dire ce qu’on doit accepter et quand on commence ou termine une grève. Nous le disons haut et fort, nous nous battrons pour récupérer les syndicats des mains de tous les bureaucrates syndicaux, et nous en ferons ce qu’ils étaient au départ, des outils de lutte pour notre émancipation, des outils pour la révolution !

La deuxième règle de notre plan de bataille, c’est qu’il ne suffit pas de résister boite par boite. On n’a pas peur de dire que les questions qui se posent à nous sont des questions d’ensemble, des questions politiques, et que si l’ouvrier ne fait pas de politique c’est la politique du patron qui s’impose. Depuis tout petits, on nous a appris qu’on devait bien rester à notre place, que la politique c’était pas pour nous, mais que c’était réservé aux politiciens professionnels, à ceux qui ont fait l’ENA, Polytechnique et toutes leurs soi-disant grandes écoles.

Camarades, arrêtons de croire qu’on est pas assez intelligents, pas légitimes pour défendre nos idées politiques. Ceux qui prétendent nous représenter ne sont pas plus intelligents que nous, il y en a même qui sont particulièrement stupides. Mais surtout, ceux qui prétendent nous représenter sont des riches, qui n’ont jamais travaillé, qui ne tiendraient pas 2 jours s’ils avaient nos vies, mais qui touchent 10 000 balles par mois !

C’est normal qu’avec ce système, plein de gens soient dégoûtés de la politique. Moi, si je m’engage dans la campagne d’Anasse, si j’ai envie de tout faire pour qu’il puisse être candidat, c’est pas juste parce que c’est mon camarade, c’est parce qu’Anasse c’est un travailleur, il bosse en 3x8, il est obligé de taffer pour remplir son frigo, bref Anasse c’est quelqu’un qui a la même vie et les mêmes galères que nous. C’est quelqu’un qui malgré ses galères n’hésite pas à faire 60 jours de grève, à se mettre dans la merde financièrement et à prendre des risques, pour défendre ses collègues et pour les générations futures, comme il l’a montré pendant la bataille des retraites. Et enfin Anasse, je pense que tout le monde ici l’a déjà vu dans les débats, c’est quelqu’un qui ne s’échappe pas même s’il est face aux pires représentants de la bourgeoisie.

Nous n’avons pas à être représentés par des bourgeois ou des politiciens professionnels. C’est nous qui faisons tourner les machines, c’est nous qui faisons tourner le monde, donc c’est à nous de décider ce qu’on produit, comment on le produit et comment on organise la société !

On ne veut pas produire pour les profits d’une poignée de riches, mais pour le bien-être du plus grand nombre, pour préserver notre santé et pour préserver la planète.

Tout ça, c’est par la lutte qu’on l’obtiendra, et on ne veut pas seulement résister à leurs attaques.

Oui, nous voulons le pouvoir, et nous nous battons pour un gouvernement des travailleurs et des travailleuses !

Notre programme révolutionnaire est profondément contre les politiciens professionnels. Notre programme s’inspire de la Commune de Paris, et revendique l’abolition de la fonction présidentielle, l’abolition du Sénat, notre programme défend le fait que tout élu soit révocable et qu’il ne touche pas plus qu’un salaire d’ouvrier. Vous imaginez bien que si on foutait les élus à 1200€, du jour au lendemain on entendrait parler dans tous les médias d’augmentations de salaire.

Oui, la question des salaires est devenue une question centrale dans nos vies. Pas encore dans la présidentielle, où ils cherchent à imposer leurs thématiques réactionnaires et à esquiver la question sociale. Nous allons imposer la question sociale dans le débat, nous allons dénoncer, comme l’a fait Anasse avec les grévistes de Roissy, le fait que tout augmente sauf les salaires.

Le gaz par exemple a augmenté depuis le début d’année de 57% ! 57% camarades, jamais mon salaire même sur l’ensemble de ma vie n’augmentera autant ! C’est pour ça qu’on défend que nos salaires soient indexés sur l’inflation, qu’ils évoluent avec l’augmentation des prix. C’est pour ça qu’on revendique comme mesure d’urgence la revalorisation du SMIC à 1 800€ net et la même revalorisation pour les pensions de retraite, car on n’a pas à accepter que nos anciens qui ont bossé toute leur vie doivent survivre avec des retraites de misère !

On n’a pas à accepter non plus qu’on doive partir à la retraite à 65, 66 ou 67 ans ! On connaît tous des gens autour de nous qui partent à la retraite et qui crèvent dans l’année qui suit. On revendique un départ à la retraite à 60 ans à taux plein, 55 ans pour les métiers pénibles. Nos vieux ont le droit de se reposer et de partir à la retraite en bonne santé !

D’autant plus que ça n’a aucun sens que certains se tuent au travail jusqu’à 65 ans pendant que des millions d’autres se tuent à en trouver. Car oui, le chômage tue, et ça va être de pire en pire avec la réforme de Macron qui cherche à affamer les chômeurs !

Nous revendiquons comme mesure immédiate le partage du temps de travail entre tous et toutes, avec maintien de salaires ! Oui, il est possible de réduire le temps de travail sans réduire les salaires, comme l’ont montré nos camarades de Nehauser en Moselle, qui ont imposé par le rapport de force de travailler 32h payées 35, et je voudrais du bruit pour notre camarade Christian Porta et l’ensemble de ses collègues qui ont réussi à arracher cette victoire !

En face, ils nous répondrons que c’est impossible, que c’est une utopie, que ça fera "s’écrouler l’économie". Dans l’histoire, les capitalistes ont toujours combattu nos revendications comme ça, ont toujours dit que les congés payés feraient s’effondrer la société, que la baisse du temps de travail est impossible, et ils disaient même que l’interdiction du travail des enfants amènerait le chaos économique.

Dans l’aéronautique, ils font des milliards de bénéfices, et pourtant ils ont licencié des milliers de gens, et ils bloquent nos salaires mais ils s’augmentent les leurs. Encore aujourd’hui, Airbus vient d’obtenir une commande de plus de 300 avions, et le patron a osé dire « on n’est pas encore sorti de la crise ». Il se foutent de notre gueule.

On l’a tous remarqué, quand un patron veut licencier, ou fermer une usine, c’est jamais sa faute. C’est toujours la faute aux difficultés économiques, à la crise.

Moi en 2008 j’avais 18 ans, ça veut dire que ma vie comme travailleur, on m’a toujours sorti l’excuse de la crise. On le dit haut et fort, on emmerde leur crise, on se laissera pas mettre à la rue pendant qu’ils touchent des milliards !

C’est pour ça qu’on revendique l’ouverture de leur comptabilité. Tout ouvrier à qui on explique qu’il doit sacrifier son taf parce que c’est la crise a le droit d’en avoir le cœur net, de voir les chiffres, pas seulement d’une entreprise, mais de toute la filière, des banques, des paradis fiscaux.

On veut mettre à bas leur secret commercial, à bas le secret des affaires, à bas le secret industriel !

Pour conclure, je voudrais dire que nous ne voulons pas seulement résister, mais nous voulons gagner. Nous ne voulons pas choisir entre telle ou telle variante de gauche du capitalisme, nous ne voulons pas réformer ce système à la marge, nous voulons l’abolir. Oui, nous sommes révolutionnaires, et en tant que révolutionnaires, nous croyons dans la force des travailleurs et des travailleuses. Comme on l’a vu pendant la pandémie, c’est nous qui faisons tourner le monde. C’est nous qui sommes au cœur de la bête. C’est aussi nous qui avons la capacité de bloquer et d’occuper les entreprises.

Mais nos seuls problèmes ne sont pas que des problèmes de salaire ou d’emploi.

Nos oppressions ne s’arrêtent pas aux portes de l’usine. Chaque militant doit sentir dans sa chair toutes les oppressions qui existent dans cette société. On le dit haut et fort, on n’acceptera pas la division des luttes !

Comme l’a montré Rozenn, nous combattrons autant qu’il le faudra la division entre le mouvement ouvrier et le mouvement féministe.

Comme on l’a dit pendant la Pride, le mouvement ouvrier et le mouvement syndical ne doivent pas laisser les personnes LGBTI prendre sur la gueule, dans un contexte ultra réactionnaire, ne doit pas rester immobiles face aux violences, aux agressions homophobes et aux meurtres qui existent encore aujourd’hui pour la seule raison d’être LGBTI.

Le mouvement ouvrier ne doit pas non plus détourner le regard de la réalité des quartiers populaires. Oui pendant la révolte des banlieues de 2005, le mouvement ouvrier traditionnel a fermé les yeux ! On ne peut pas fermer les yeux quand des jeunes sont harcelés par la police, sont mutilés et même sont tués !

Cette division des mouvements sociaux, personne ne la dénonce, ni à gauche ni même l’extrême-gauche qui présente toujours les mêmes candidatures aux discours routinier pour faire 1%. Non, on ne fait pas une candidature de témoignage. On arrive dans la vie politique française, que les autres le veuillent ou non, et on est venus pour rester les camarades !

Aujourd’hui est en train de naître une nouvelle force politique, une organisation de combat, un parti pour la révolution.

Vive Révolution Permanente, et vive la campagne d’Anasse !

 
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