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17 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Université de Bordeaux
Le Poing Levé. Face à la pseudo-démocratie universitaire, votez pour une liste de lutte !
Le Poing Levé - Bordeaux

À l’occasion des élections prochaines qui s’ouvrent à l’Université de Bordeaux, qui vont renouveler les différentes instances et désigner un nouveau président, le collectif étudiant anticapitaliste et révolutionnaire Le Poing Levé se présente pour porter la voix des étudiants et travailleurs de l’Université, contre l’anti-démocratisme qui y est imposé. 

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Les élections universitaires ce simulacre de démocratie

Du 30 novembre au 2 décembre, des élections se tiendront à l’Université de Bordeaux, réunissant de nombreux campus s’étalant du centre-ville à Pessac. C’est pour le Conseil d’Administration (CA), la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) et la Commission de la recherche, que les étudiants, les enseignants et le personnel devront élire des nouveaux représentants. Pour la première fois à l’Université de Bordeaux, les élections se réaliseront en ligne par vote électronique. Pour le Conseil d’Administration, qui est l’instance de direction, les 28 élus seront renouvelés dans trois semaines. Parmi eux, on y trouve 16 enseignants chercheurs et assimilés, soient plus que le total accumulé des BIATTS et des étudiants qui ont 6 représentants chacun. En plus du nombre non-proportionnel d’élus, les élus étudiants sont renouvelés tous les deux ans, tandis que pour le reste, c’est quatre années.

Mais les élections des conseils centraux, qui devraient incarner le moment démocratique à l’Université, sont en réalité un véritable simulacre. L’intérêt pour ce moment électoral en témoigne, comme le démontre le nombre de votants étudiants chaque année , : en 2020 lors du renouvellement des élus étudiants, moins de 4% des étudiants ont participé au vote !

À ces 28 élus s’ajoute un représentant du Conseil régional d’Aquitaine, un autre de la Communauté urbaine de Bordeaux, un représentant de la ville de Bordeaux et un autre du CNRS qui ont une place d’office au Conseil d’Administration. Enfin 4 autres personnalités extérieures sont désignées par le CA au moyen d’un appel d’offres : « une personne assumant des fonctions de direction générale au sein d’une entreprise, un représentant des organisations représentatives des salariés, un représentant d’une entreprise employant moins de cinq cent salariés, un représentant d’un établissement d’enseignement secondaire, un représentant désigné à titre personnel. ». Ainsi les 8 personnalités extérieures, en plus de ne pas être élues démocratiquement, ont plus de poids décisionnaire que les étudiants ou les BIATTS, qui représentent pourtant la majorité de la communauté universitaire. Pour ne citer que quelques exemples de ces “personnalités” qui ont siégé au Conseil d’Administration depuis la fusion des Universités de Bordeaux en 2014, on y trouve Alain Juppé, ancien Premier ministre et ex-maire de Bordeaux, Alain Rousset - président de la région Nouvelle-Aquitaine -, qui ont participé pleinement aux politiques austéritaires menées ces dernières décennies. Parmi ses membres, on comptait aussi des patrons d’entreprises ou encore des responsables de banques qui auront donc plus de poids et d’influence pour l’avenir de l’établissement que les représentants des étudiants eux-mêmes. Ces modalités ont été accentuées avec la fusion des universités de Bordeaux en 2014. En effet, celle-ci a permis de recentrer les décisions au sein d’un CA réduit, pour des dizaines de milliers d’étudiants, personnels et enseignants, qui revient à opérer un véritable lissage de l’opinion, afin de permettre d’assurer une gouvernance au sein de laquelle les personnalités extérieures, et notamment les représentants d’entreprises, ont un poids démesuré.

Ainsi, si la dématérialisation du vote est un moyen mis en place par l’Université pour booster la participation aux élections, le problème est beaucoup plus profond qu’une simple question de modalités de vote. Le fonctionnement politique actuel de l’Université est construit pour assurer une gouvernance sans opposition et pouvoir appliquer les politiques austéritaires sans embûches.

Des droits démocratiques bafoués, pour museler les étudiants et leurs initiatives

Jusqu’à aujourd’hui, l’équipe présidentielle tient sa ligne, à savoir l’application systématique des exigences austéritaires du ministère. L’actuel président Manuel Tunon de Lara préside depuis 2014 l’Université de Bordeaux, il était auparavant président de l’Université Bordeaux-Segalen depuis 2008 (aujourd’hui campus de Victoire), puis a donc pris la tête de la grande fusion de trois des quatre universités bordelaises. Un moment important dans la vie universitaire locale, qui acte un accord politique clair avec les directives gouvernementales contemporaines : regrouper les différentes filières, faire des économies de gestions, appliquer la sélection, faire coller l’Université aux besoins des grandes entreprises ... En somme, placer la nouvelle Université de Bordeaux dans la course à la performance, autant de conditions pour obtenir des subventions d’État supplémentaires à travers l’IDEX (Initiative d’Excellence) et intégrer le fameux top 100 du classement international de Shanghaï. Un projet qui répond à des objectifs de compétitivité et de rayonnement international à l’heure où le manque de moyens humains et matériels s’est révélé aux yeux de toutes ces dernières années, en particulier durant la crise sanitaire.

Réélu en 2018, Manuel Tunon de Lara n’a pas caché sa ligne politique en participant activement à l’écriture d’une partie de la très contestée Loi de Programme de la Recherche (LPR) qui avance encore plus dans le processus d’élitisation et de précarisation de l’Enseignement Supérieur. Maintenant président de là Conférence des Présidents d’Université (CPU), lui donnant au passage un rôle politique majeur à une échelle nationale aux côtés de Frédérique Vidal - ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La même qui a orchestré la gestion catastrophique de la crise sanitaire dans les Universités avec les conséquences psychologiques et matérielles pour les étudiants, il ne fait aucun doute que la continuité de la politique de Manuel Tunon de Lara soit assurée à l’Université de Bordeaux. En interne, le nom de Dean Lewis, actuel vice-président chargé des Ressources Humaines, est pressenti à prendre les rênes de l’Université de Bordeaux. Ainsi le chef des DRH, ancien président de Bordeaux 1 avant la fusion, à laquelle il a grandement participé et éternel vice-président de l’UB depuis 2014, assurerait la continuité de la même politique. Il s’était notamment illustré lors du mouvement de contestation de la LPR en se dressant en fervent défenseur du projet de loi face aux enseignants, chercheurs et professeurs excédés.

Il nous faut prendre en compte que les élections vont se dérouler après la période délicate que le virus a fait subir à l’Université. Une période qui a fait du mal, avec une gestion tout sauf démocratique, aucune consultation des étudiants d’une part et charge de travail démultipliée pour le personnel et les enseignants qui se sont retrouvés à gérer comme ils pouvaient face à cette situation. Si la reprise a été considérée comme un bol d’air pour nombreux, les problématiques de manques de moyens pointées depuis plusieurs années ne sont évidemment pas résolues.

En plus de cette période encore difficile à l’aune d’une potentielle 5e vague, la rentrée est marquée par un manque criant d’activités hors enseignement. En cause, le nouveau serrage de vis que mène la direction de l’Université, qui contrôle drastiquement la domiciliation des associations, et conditionne tous les droits élémentaires des étudiants et associations : réservation de salle, organisation d’événement, demandes de financements... Des mesures antidémocratiques que la direction impose en muselant celles et ceux qui ne se laissent pas mener à la baguette.

Une situation qui participe à décourager tout engagement, qu’il soit culturel, syndical ou politique. Nous reviendrons plus bas sur notre cas, mais cette situation ne fait qu’approfondir une aseptisation des campus, une tranquillité louable pour la direction qui ne souhaite permettre aucune forme de contestation.

Malgré les barrières antidémocratiques, se saisir de la politique à l’Université

Avec Le Poing Levé, nous nous présentons aujourd’hui dans ces élections, pour dénoncer l’anti-démocratisme à la fac, et porter les revendications des étudiants et du personnel. Mais au-delà d’être dans ces instances, nous pensons que pour obtenir nos revendications, du fait de ces barrières anti-démocratiques dans ces conseils centraux, c’est par la mobilisation et dans la rue. D’autre part, nous participons aussi sur le terrain de la présidentielle autour de la campagne d’Anasse Kazib, n’en déplaise à la direction de l’Université qui estime que les étudiants n’ont pas à s’emparer de la politique et à en faire dans les campus : nous dénonçons l’hypocrisie de cette position.

Loin de la soit disante neutralité universitaire, la présidence de l’Université de Bordeaux n’a jamais caché ses intentions politiques. Que ce soit la position de l’actuel président Tunon de Lara, qui en 2017 a appelé à voter Macron au second tour par mail à l’ensemble des membres de l’Université, et qui a combattu chaque mobilisation étudiante, en participant à la rédaction de l’impopulaire LPR, ou encore en envoyant en 2018 un étudiant mobilisé contre la sélection à l’hôpital blessé suite à l’intervention des CRS dans un amphithéâtre.

Cette hypocrisie est aussi présente chez les grandes fédérations d’associations étudiantes qui se disent a-partisanes et qui accompagnent bien souvent la gouvernance des universités et l’application des contre-réformes dans celle-ci, à l’image de la FAGE qui est aujourd’hui le premier syndicat étudiant national. À Bordeaux, ce groupe n’existe pas directement, mais nous avons la fédération Athena regroupant la grande majorité des associations de filières qui existait auparavant sous le nom de “Fédération Aliénor” ou via les listes “inter-asso”. Une fédération locale qui semble finalement affiliée aujourd’hui à la FAGE. Un groupe dont les liens avec Emmanuel Macron et son parti LREM ne sont plus un grand secret. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, fuite de mails en amont des présidentielles 2017 entre les deux parties, accompagnement de la réforme ORE du gouvernement Macron et de la mise en place de la plateforme ParcourSup, contention du mouvement étudiant... Finalement l’entente est telle qu’il n’est pas surprenant de voir plusieurs élus de la FAGE trouver des postes au sein de l’actuel gouvernement, comme Jean-Baptiste Mougel, président de la FAGE pendant 3 ans, qui a fini conseiller de campagne de Macron. Mais plus récemment encore Graig Monetti, l’ex-dirigeant de l’antenne niçoise du syndicat, a pu se trouver une place au gouvernement et est devenu l’un des principaux conseillers de la Ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, avec laquelle il a activement travaillé sur la LPR, la loi qui signe la privatisation de la recherche et précarise encore plus le statut de chercheur. Derrière l’étiquette « a-partisane » il semblerait malgré tout qu’être élu à la Fage soit une bonne passerelle pour travailler pour Macron. Historiquement majoritaires, ces listes inter-asso assurent une cogestion sans embûches aux présidences pour appliquer les réformes gouvernementales et n’ont rien d’apolitique ni même apartisane.

En revanche, l’engagement militant semble plus compromettant lorsque les réformes sont dénoncées et lorsque des combats sont menés. A titre d’exemple, l’université de Bordeaux à en 2020 refusée le renouvellement de domiciliation de syndicat étudiant tel que la FSE sans la moindre explication. C’est aussi ce que nous subissons avec Le Poing Levé (anciennement Onzième Thèse) depuis trois ans. Alors que nous participons depuis ces trois années à la vie du campus de la Victoire notamment, à travers des conférences, des actions telles que les distributions alimentaires, mais aussi des élections (Nous avons depuis 2 mandats des élus au Conseil de Collège Science de l’Homme.), la direction de l’Université de Bordeaux nous refuse le droit d’exister. Si jusqu’à maintenant, nous pouvions avoir quelques accès à des salles, ce n’est aujourd’hui plus possible, la politique de la direction sur la question est limpide pour nous : tenir à l’écart les groupes militants qui questionnent et posent problème. Nous le disions en début d’année universitaire, cela représente une attaque grave aux libertés d’expression et d’organisation à l’université, d’autant plus que lorsque nous creusons un peu, l’hypocrisie de la direction de l’université se dévoile facilement.

Nous revendiquons un droit d’expression politique libre au sein des campus, qui permet notamment de faire en sorte que nos universités ne soient pas déconnectée des enjeux qui traversent nos sociétés. Nous ne pouvons laisser s’installer cette chape apolitique qui vide nos campus de tout évènement hors ceux organisés par le Bureau de la Vie Étudiante.

C’est dans cette continuité que nous porterons une liste lors de ces élections, au-delà d’avoir des élus qui participent à la diffusion des informations et décisions prises dans ces instances très opaques, nous nous battrons contre la situation anti-démocratique profonde qui entrave de nombreuses associations et collectifs étudiants.

Nous sommes pour une université au service de la majorité, publique, gratuite et ouverte à toutes et tous, qui permette aussi d’être un appui pour les luttes féministe, antiraciste et anti-impérialiste. Si une chose est sûre, il s’agit pour nous d’incarner une liste de combat, qui ne laissera pas passer l’application sereine des mesures visant l’Enseignement Supérieur et accentuant toujours plus l’élitisation des universités et son abstraction des problématiques profondes qui traversent nos sociétés.

Nous invitons tous les étudiants qui le veulent à nous rejoindre, à militer avec nous, à voter et à faire voter pour Le Poing Levé Bordeaux pour que l’Université soit de nouveau un lieu où l’on soit actrices et acteurs de la société à venir.

 
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