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La Izquierda Diario
15 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Interview
Grève pour les salaires le 17 novembre à la SNCF : "face à la vie chère il faut une réponse collective !"
Tom Cannelle

Pour l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail et contre la mise en concurrence de la SNCF rendez-vous le 17 novembre, à 11h30, devant le siège de la SNCF ! Interview de Karim Dabaj, syndicaliste Sud Rail Paris Nord au Technicentre du Landy.

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Crédits photos : AFP

Révolution Permanente :SudRail appelle à la grève le 17, peux-tu nous expliquer les raisons de cet appel ?

Karim Dabaj : C’est un appel à la grève pour les salaires. Parce que depuis sept ans, il n’y a pas eu une seule augmentation des salaires à la SNCF. L’entreprise ne propose rien du tout. Pour nous c’était impossible de laisser passer une nouvelle année sans augmentation, surtout dans le contexte actuel. Face à l’augmentation du prix des matières premières, du gaz, de l’essence et de l’alimentaire, nos salaires ne suivent pas. Pour nous il était indispensable d’arriver à faire bouger les lignes et de nous mobiliser.

RP : Il y a beaucoup d’intox sur le salaire des cheminots. Mais en réalité c’est quoi le salaire d’un cheminot ? Est-ce que ça permet de vivre correctement ?

Karim Dabaj : Il y a différents métiers à la SNCF. Le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, disait il y a peu dans la presse que le salaire moyen c’est 3200 euros, mais ce qu’il oublie de dire c’est que nous ne sommes pas tous des dirigeants de l’entreprise ! Eux ils ont les poches pleines, mais pas nous. Nous, nous avons des petits salaires, et ceux qui font tourner le service public ils sont très loin de ces 3200 euros. Nous sommes très proches du SMIC contrairement à ce que disent les détracteurs qui aiment bien faire penser que les cheminots s’en mettent pleins les poches ! Un agent du matériel qui rentre chez nous par exemple, c’est 1200 euros le salaire.

RP : Vous étiez en première ligne pendant la pandémie, qu’est-ce que les cheminots ont obtenu pour les efforts qu’ils ont fait pendant cette période ?

Karim Dabaj : Les cheminots n’ont rien obtenu, et la colère s’installe, parce que même si on ne peut pas comparer avec l’effort fourni par le personnel soignant, nous aussi avons été en première ligne. C’est nous qui avons continué le travail pour que les gens puissent se déplacer, aller au travail, nous avons continué à faire tourner le pays. Nous avions alors l’impression que le gouvernement redécouvrait le service public et puis finalement les réponses du gouvernement et de la direction de la SNCF, c’est du mépris : nous n’avons pas eu un seul remerciement, pas le moindre témoignage de reconnaissance. Alors que beaucoup de cheminots ont été contaminés par le COVID parce qu’ils étaient sur leurs lieux de travail au contact du public, au contact de tous ceux qui allaient au travail en transports, nous n’avons eu aucune reconnaissance. Parmi les nôtres, il y en a qui sont morts du Covid à la SNCF. La récompense pour tous ces efforts, pour toutes les difficultés que nous avons traversé, c’est nada. La direction n’a même pas joué le jeu de nous attribuer la fameuse prime Macron. Au contraire ! L’entreprise a même saisi l’opportunité du COVID justement pour continuer à réorganiser massivement et continuer de casser le service public ferroviaire.

RP : Pour justifier la privatisation de la SNCF, le gouvernement explique que dans le privé les travailleurs ont un meilleur salaire. Peux-tu nous expliquer qu’elles différences il y a entre les cheminots au statut et les nouveaux embauchés ?

Karim Dabaj : Pour privatiser un service public on le dégrade, c’est ce qui se passe aujourd’hui. L’entreprise et le gouvernement font tout aujourd’hui pour casser la SNCF, faire croire aux usagers que rien ne va et qu’avec la privatisation on va tout résoudre, ce qui est absolument faux ! On le voit en Angleterre et dans d’autres pays où ils sont en train de tout renationaliser parce que la privatisation faisait beaucoup de dégâts. Pour revenir sur les salaires, on vend du rêve à certains cheminots, on essaie de leur faire croire qu’en travaillant dans une filiale ou une entreprise privé ça débloquera les grilles de salaires. Mais quand on s’intéresse aux dernières annonces sur les contrats de travail qui vont être proposés aux cheminots notamment en région PACA sur la ligne Marseille-Nice, ce sont des conditions de travail dégradées, du dumping social et de la polyvalence à tout va ! Ils font des promesses pour faire passer la pilule mais finalement on se rend bien compte que ce n’est que de la casse.

RP : Quelles suites comptez-vous donner au mouvement après la journée du 17 ?

Karim Dabaj : Il y a eu un appel à la grève de Sud Rail et de la CGT au niveau national et nous avons réussi à faire entrer dans la bataille les deux autres organisations syndicales représentatives qui seront présentes au rassemblement le 17 novembre devant le siège de la SNCF. Maintenant, c’est une journée de négociation où nous nous devons d’être présents, mais nous savons que ça ne va pas s’arrêter à cette journée. Le 17 il n’y aura pas d’annonce forte de la direction sur les salaires et les conditions de travail des cheminots. Et ça n’est pas un problème d’argent, l’argent il y en a. Il suffit de regarder les résultats de la bourse, les salaires des patrons du CAC 40 qui explosent pour s’en apercevoir. En 2021-2022 les patrons ont fait énormément de bénéfices. De notre côté, il va falloir qu’on se mobilise massivement pour obtenir un meilleur partage des richesses. C’est nôtre dû, c’est nous qui faisons tourner le pays, pas eux !

RP : Les salariés des transports sont tous impactés par l’ouverture à la concurrence et on a vu par exemple à Transdev une grève reconductible qui a duré jusqu’à huit semaines. Plus généralement tout le monde du travail est impacté par la baisse du pouvoir d’achat. Penses-tu qu’il est possible de construire une riposte commune ?

Karim Dabaj : Je pense qu’aujourd’hui tous les voyants sont dans le rouge, maintenant c’est à nous de construire la riposte, de faire converger le public et le privé, parce qu’aujourd’hui il y a un vrai sujet dans le pays : c’est le pouvoir d’achat, c’est la misère qui est en train de s’installer partout. Les travailleurs de la « classe moyenne » sont devenus une classe pauvre. Il n’y a plus que les riches et les pauvres. L’argent il en a, je ne suis pas inquiet, par contre ce ne sont que les grosses têtes d’en haut qui en profitent et ceux qui travaillent, en bas, qui font tourner le pays, n’en voient pas la couleur. Si on veut inverser la tendance, il va falloir que nous réussissions à nous mobiliser tous ensemble pour qu’ils nous rendent notre argent. Parce que la richesse qu’ils ont, c’est nous qui la produisons ! Il faut que ça soit un combat collectif pour qu’ils donnent l’argent mais qu’ils reculent aussi sur toutes leurs attaques antisociales. Tout augmente sauf les salaires !

 
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