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12 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

justice raciste
Etats-Unis : la « justice » pénale protège le suprémaciste blanc Kyle Rittenhouse
Sybil Davis

Après avoir tiré sur deux manifestants du mouvement Black Live Matter, Kyle Rittenhouse, membre d’un groupe de soutien aux policiers Etats-Uniens en opposition au mouvement anti-raciste, a rejoint sa voiture sans encombres pour rentrer chez lui. Son procès en cours dévoile une justice raciste qui le protège sans honte.

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Crédits photo : Sean Krajacic/The Kenosha News

Traduction d’un article de LeftVoice

Le 25 août 2021, Kyle Rittenhouse a traversé les frontières de plusieurs états des Etats-Unis armé d’un fusil semi-automatique, et a tué deux personnes lors d’une manifestation Black Lives Matter. Il a ensuite passé un cordon policier, toujours en possession de l’arme du crime, alors que des témoins criaient qu’il était en train de s’enfuir. Il a finalement regagné sa voiture et est rentré chez lui. Une journée banale pour le jeune Kyle Rittenhouse, membre actif du mouvement Blue Lives Matter [qui soutient les policiers états-uniens, en opposition au mouvement Black Lives Matter], qui a décidé de se rendre à Kenosha, dans le Wisconsin (une ville et un état dans lesquels il ne vivait pas) avec la ferme intention d’utiliser la violence contre des manifestants antiracistes. Tout ça, en invoquant bien sûr la « défense » de la propriété.

Le procès de Rittenhouse a débuté le 1er novembre dernier, et a rapidement donné raison aux militants qui craignaient un manque d’objectivité de la justice : le système pénal états-unien protège en effet ouvertement Rittenhouse. En effet, dès le départ le procès a penché manifestement en sa faveur. Le juge en charge de l’affaire a premièrement estimé que les manifestants assassinés par Rittenhouse ne pouvaient être qualifiés de victimes – le terme étant selon lui « chargé de sens » et « préjudiciable ». Il a toutefois autorisé la défense à utiliser les termes de pilleurs et d’émeutiers à leur encontre : « si les preuves sont formelles et qu’il est avéré que ces personnes ont participé à des incendies criminels, à des émeutes ou à des pillages, alors je ne vais pas interdire à la défense de les qualifier de cette façon ». Le juge a également refusé l’utilisation par les procureurs d’une vidéo dans laquelle Rittenhouse menace des manifestants et regrette de ne pas avoir d’arme pour leur tirer dessus, car il l’a jugée « non pertinente ». Ces décisions orientent manifestement le procès en faveur de Rittenhouse, comme l’explique Elie Mystal, correspondant sur les questions de justice auprès du journal The Nation :

Ce procès n’a pas pour but de juger les victimes. C’est Rittenhouse qui est jugé. Interdire aux procureurs d’utiliser des termes adéquats pour définir des personnes qui n’ont pas volontairement essayé d’attraper une balle avec leur tête, tout en permettant à la défense d’utiliser des termes préjudiciables pour caractériser les actions de ces personnes au moment de leur assassinat est la définition même du parti pris. Il n’y aura jamais de procès pour déterminer si Anthony Huber et Joseph Rosenbaum étaient des pilleurs ou des émeutiers puisque Rittenhouse les a tués en pleine rue. Par ailleurs, la seule victime ayant survécu aux tirs de Rittenhouse, Gaige Grosskreutz, n’a pas été accusée d’émeute, de pillage, d’incendie criminel, ou de tout autre crime lié aux manifestations de Kenosha.

Ce même juge a également refusé d’introduire comme preuve une photographie montrant Rittenhouse en compagnie de membres de l’organisation néo-fasciste et masculiniste « Proud Boys » - mais a autorisé l’utilisation par la défense d’une vidéo dans laquelle des officiers de police déclarent à Rittenhouse qu’ils « l’apprécient ».
De son côté, Rittenhouse joue à merveille le rôle du gentil petit garçon blanc qui essayait seulement de faire de son mieux. Il a ainsi expliqué s’être rendu à Kenosha pour apporter des soins médicaux aux manifestants (équipé étrangement d’un fusil semi-automatique), et avoir tiré pour sa légitime défense. Il affirme que sa première victime l’a menacé à deux reprises, et qu’il tenait une « chaîne en métal », et qu’il a tiré sur sa seconde victime pour se défendre, alors que cette dernière l’attaquait avec un skateboard. Un troisième homme a été blessé alors qu’il sortait son propre pistolet pour se défendre contre Rittenhouse. Sur ce point, Rittenhouse prétend qu’il se défendait contre des « assaillants ».

Si le procès continue sur cette lancée, il est probable que Rittenhouse s’en sorte. Il s’agirait d’une "faute" judiciaire colossale, et donc d’une énième preuve que la « justice » pénale états-unienne protège la suprématie blanche. Ce système judiciaire sert en effet avant tout à défendre et à protéger la classe dirigeante et ses défenseurs – ce qui suppose parfois de protéger des membres de l’extrême droite, à qui l’on permet d’agir en dehors de la loi afin de protéger le statu quo. Si Rittenhouse est relaxé, ce sera une démonstration de plus qu’aujourd’hui, la violence de l’extrême droite est acceptable aux yeux de l’État du moment qu’elle sert les privilèges de la classe dominante. Une décision qui encouragerait certainement l’extrême droite et rendrait toute mobilisation encore plus dangereuse pour les militants anti-racistes.

Certains auront le réflexe de chercher la solution auprès des institutions étatiques pour faire face à ce danger. A titre d’exemple, après les évènements du 6 janvier dernier [l’introduction de militants d’extrême droite au sein du Capitole], beaucoup ont soutenu la répression des émeutiers par le FBI. Cependant, il ne faut pas se faire d’illusions concernant le camp dans lequel se trouvent l’Etat et sa « justice ». Comme le prouve le procès de Rittenhouse, les tribunaux et la police se font une joie de fermer les yeux sur la violence de l’extrême droite. En prime, tout instrument développé par l’Etat pour agir contre l’extrême droite sera utilisé contre l’extrême-gauche avec encore plus de force – parce que l’extrême-droite est encore quelque peu acceptable pour l’État, tandis que la gauche ne l’est pas du tout. Les flics, les tribunaux et le Congrès [branche législative des Etats-Unis] ne sont pas nos amis !

Il est essentiel de répondre à ces attaques en s’organisant en conséquence. La violence de l’extrême droite est une tentative d’intimidation pour chasser les manifestants de la rue. Il faut absolument lutter contre ces pressions en appelant chaque membre de la classe ouvrière et chaque population opprimée à rejoindre la lutte. Face à ces horribles meurtres racistes, nous rendons hommage à Anthony Huber et Joseph Rosenbaum en dénonçant la police raciste et la justice qui la protège.

Traduit par : Mara Elias

 
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