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9 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Violences sexuelles
Impunité pour PPDA : huit témoignages glaçants révèlent les rouages de tout un système
Maëva Amir

Libération a publié ce lundi 8 novembre une enquête qui regroupe les témoignages de 8 femmes accusant l’ancien présentateur du journal de 20h, Patrick Poivre d’Arvor de violences sexuelles. Ces témoignages sont glaçants et dévoilent les rouages de tout un système : impunité totale de l’agresseur, direction complice et une justice patriarcale bourgeoise au service des grands groupes médiatiques.

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Crédits photo : AFP

Un modus operandi systématique et une impunité totale

Huit témoignages qui sonnent tous comme une même histoire. L’ancienne star du journal de 20h aurait, pendant des années, abusé de sa position et de sa notoriété au sein du groupe détenu par Bouygues pour agresser et violer des femmes, la plupart du temps sur leur lieu de travail. Souvent très jeunes, il n’hésite pas à pourrir leur carrière lorsque celles-ci refusent expressément ses avances. C’est ce qu’explique Chloé dans son témoignage, qui a dû quitter la chaîne à l’époque après le viol qu’elle a subi. « Il estimait avoir un droit de cuissage sur les femmes de son royaume » dénonce Chloé, journaliste. Les autres témoignages de l’enquête de Libération indiquent des procédés systématiques : le présentateur pose des questions intimes et se débrouille pour se retrouver seule avec ces femmes afin d’abuser d’elles.

TF1 complice des agissements de PPDA

« La direction de TF1 savait ce que faisait PPDA » révèle Muriel Reus lors de son audition. Cette ex-cadre du groupe TF1 a été la cible d’une tentative d’agression sexuelle de la part de celui qui est hypocritement décrit comme « un homme à femmes ». Muriel Reus dit avoir prévenu le PDG de TF1 de l’époque Patrick Le Lay qui n’avait pas réagi ou plutôt avait simplement dit « il a osé aussi avec toi ? ».
Cécile Thimoreau, une autre victime, explique avoir également alerté Robert Namias, directeur de la rédaction de TF1 à l’époque, qui lui aurait répondu « il fait chier, il fait chier ! Je m’en occupe ! ». Contacté par Libération pour leur enquête, ce dernier a visiblement des trous de mémoire et dit n’avoir « aucun souvenir » de cette conversation…. Ces deux exemples semblent attester de la complicité du grand groupe audiovisuel et d’un certain nombre de personnes gravitants autour de ce milieu.

Libération révèle également que plusieurs femmes disent avoir parlé de certains faits à des amis, dont « des personnalités publiques, notamment un ancien ministre et un journaliste reconverti dans la politique ». Ce silence assourdissant en dit long sur un système mafieux qui protège les agresseurs et empêche les victimes d’aller plus loin dans leur témoignage par peur de mettre en danger leur carrière et d’être mise à la porte. Ce système patriarcal et capitaliste permet aux hommes des classes dominantes d’exercer leur domination sur des femmes souvent plus précarisées face à l’emploi.

Ce que cette affaire révèle sur la justice patriarcale

C’est le dépôt de plainte de l’écrivaine Florence Porcel en février dernier qui a permis de mettre la lumière sur cette affaire sordide dans un contexte de libération de la parole avec de nombreux hashtags tels que #Metoo ou #BalanceTonPorc en 2017. Au total c’est 22 femmes qui accusent Patrick Poivre d’Arvor dont 11 qui ont porté plainte pour viols, agressions ou harcèlement pour des faits qui s’étalent de 1985 à 2015. Pourtant, en juin dernier, l’affaire a été classée sans suite pour cause de prescription des faits ou de caractérisation des faits insuffisante.

Comme 76 % des plaintes pour viols, les accusations contre PPDA ont été classées sans suite et il n’y aura pas d’instruction. Encore une démonstration que la justice est un outil central du fonctionnement du patriarcat et de la société bourgeoise. Ces actes ne sont pas le fait de dérives individuelles. Ils sont la conséquence d’un système patriarcal et capitaliste qui fait subir aux femmes des violences sexuelles sur leurs lieux d’études ou de travail en plus de les précariser. Nous ne pouvons qu’encourager les victimes à poursuivre leur dénonciation et nous apportons notre soutien à toutes les victimes de violences sexistes ou sexuelles. Mais comme le montre cette affaire, et d’autres telles que l’affaire Julie, nous ne pouvons faire confiance à une justice patriarcale raciste et bourgeoise qui ne protège que la classe dominante. Il est donc nécessaire de s’organiser en dehors de l’institution judicaire, dans nos lieux d’étude ou dans nos lieux de travail contre les violences de genre, mais aussi contre la précarisation des femmes qui favorise largement ces violences.

 
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