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La Izquierda Diario
10 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Scandale sanitaire et écologique
Confinement après l’incendie dans la Fonderie Aubert & Duval : une nouvelle catastrophe sanitaire ?
Violette Renée
Nathan Andreas

11 jours avant la commémoration d’AZF, l’usine Aubert & Duval, ferronnerie industrielle de la sous-traitance aéronautique en Ariège a pris feu libérant ainsi une grande quantité de fumées toxiques, ceci alors même que les salariés avaient récemment fait remonter des problèmes de sécurité.

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Avant 7h ce matin, un grand incendie s’est déclaré dans l’usine de pièces industrielles Aubert & Duval située dans le centre ville de Pamiers en Ariège. Selon les informations fournies par la Dépêche « un bac d’acide se serait enflammé au moment du nettoyage sur ce site qui n’est pas classé Seveso. Mais au regard des produits chimiques qui sont parfois manipulés, il y a un risque incendie connu des autorités  ». Si aucun blessé n’est à déplorer pour le moment il nous est impossible de confirmer pour l’heure que les travailleurs ne présenteront aucune séquelles dûs à l’exposition des vapeurs toxiques.

Plus précisément, Guillaume*, travailleur sur le site incendié, nous explique que « la chaîne de traitement de surface qui a pris feu suite à l’inflammation d’une cuve de trempe comprenait différents produits toxiques : des bains d’acide type décapage titane et de supers alliages :

  •  fluorhydrique
  •  nitrique
  •  ferique
  •  chlorhydrique

    Ce serait pas moins de 20000 litres de produits plus ou moins dilués (20m3) qui seraient partis en fumée.

    Si la quantité de ces acides est bien inférieure que lors de la catastrophe de Lubrizol en 2019 à Rouen, pour le moment nous ne savons pas encore à quel point cette catastrophe industrielle peut être comparable à celle de Lubrizol[1] au regard de l’hétérogénéité des substances sur place.

    Ce que l’on peut d’ores et déjà dire c’est que certains produits qui ont brulé à Pamiers sont extrêmement toxiques et polluants.

    Ce nouvel accident industriel catastrophique était prévisible ; les salarié.e.s et les syndicats avaient déjà fait remonter des dysfonctionnements notamment sur l’aspiration : «  au niveau des bains de produits, même en temps « normal » l’aspiration était insuffisante !  » toujours selon Guillaume.

    En juillet 2020, l’entreprise a subi un terrible accord de performance collective (APC) qui a précarisé l’ensemble des travailleu.rs.ses qui restent à ce jour dans l’entreprise après un chantage à l’emploi et ce alors qu’en septembre de la même année l’entreprise avait déjà supprimé les interimaires et les contrats à durée déterminée ainsi qu’une réduction non négligeable des prestataires de l’entreprise.

    Même si nous ne connaissons pas encore les origines de l’accident, le nettoyage de la masse des travailleurs qui fait augmenter la charge individuelle de travail en même temps que les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs est sans aucun doute une cause centrale de l’état de la situation ! Il est évident qu’un manque de personnel ainsi qu’une augmentation des cadences ne peuvent qu’élargir les manquements dans la sécurité, en l’occurence dans la maintenance de la chaîne de traitement de surface. Le cas de Lubrizol avait montré des manquements graves à la sécurité pourtant dénoncées par les travailleurs avant l’accident, obnubilé par la diminution des charges fixes… car on le sait, leur profit valent plus que nos vies !
    Par ailleurs, Guillaume dénonce les conditions d’évacuation : « la grande majorité des travailleurs ont été évacué de l’usine seulement 45 minutes après le départ du feu ! Certains ateliers, plus de 2h après !  » Cette pression mise sur les salarié.e.s pour maintenir la production malgré l’incendie est un scandale dans le scandale.

    Il y a quelques jours, les travailleurs de l’entreprise Toray, aussi dans la sous-traitance aéronautique, se sont mis en grève afin de dénoncer le risque industriel de leur site face à une direction totalement insensible à la santé des ouvriers et des populations alentours.

    Le feu aurait été jugulé aux alentours de 10h30, ainsi les mesures de confinement des populations et de fermeture des activités scolaires ont été levées, soit seulement 3h30 après le début de l’incendie et alors même qu’aucun bilan sur la toxicité n’ait été produit…

    Cet événement arrive 11 jours avant les 20 ans de la catastrophe industrielle d’AZF qui a tué 21 travailleurs et 8 extérieurs à Toulouse et a provoqué de nombreux débats à court mais aussi à long terme notamment sur la santé de la population.

    L’enchaînement de ces catastrophes industrielles montrent que le patronat n’apprend rien des catastrophes tant elles restent systématiquement dans l’impunité la plus totale et qu’elles constituent une « externalité négative » d’un système à bout de souffle. Seuls les travailleurs sont en mesure d’assurer la sécurité totale de l’industrie, pour eux-mêmes mais aussi pour les populations et la nature. Comme l’explique Adrien Cornet, raffineur et gréviste lors de la lutte sur le site Total de Grandpuits : « demain quand on va dépasser les normes qui polluent les fleuves dans lequel on rejette les eaux issues de notre industrie, plutôt que d’aller chercher des solutions pour diluer, pour cacher ces dépassements, les ouvriers arrêteraient l’outil de travail, ils chercheraient à résoudre le problème par une maintenance de l’outil de travail et ensuite ils redémarreraient l’outil en toute sécurité. Tout simplement parce qu’ils habitent aux abords de ce fleuve. Aujourd’hui ce n’est pas ce qui se passe parce qu’une entreprise capitaliste elle pense avant tout aux profits. Un outil de travail aux mains des travailleurs, c’est penser écologie, c’est penser sécurité. Sinon demain on aura un Lubrizol  ».

    Les travailleuses et travailleurs d’Aubert et Duval et la population locale font malheureusement les frais de la gestion capitaliste, cette fois-ci c’est leur santé qui a été mise sur la balance risque/profit, de quoi relancer une colère légitime qui n’a, depuis l’APC, pas été éteinte malgré l’ignorance de la direction.

    Si vous avez été témoin, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux (Facebook, Instagram, Twitter)

    [1] la liste des produits brûlés à Lubrizol : acide chlorhydrique, des hydrocarbures sulfurés, des sources radioactives scellées, de l’amiante, du pentasulfure de phosphore, des solvants, des additifs détergents

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