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9 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Refusons de payer la crise !
Réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement et le MEDEF relancent l’offensive contre nos droits !
Lorélia Fréjo

Alors que la crise économique est loin d’être refermée, Jean Castex a annoncé le retour de la réforme de l’assurance chômage. Insidieusement, le ministre veut faire peser la responsabilité de la reprise économique sur les précaires, qui ne « voudraient » pas reprendre le travail. Une attaque sociale pour séduire le patronat, qui ne pourra être combattue qu’avec un plan de bataille offensif.

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Crédits photo : AFP

Le retour de la réforme de l’assurance chômage pour octobre

Ce 8 septembre, Jean Castex, a annoncé que la réforme de l’assurance chômage devrait être mise en application entre le 1er octobre et le 1er décembre 2021. Le premier ministre, après avoir expliqué que « les conditions n’étaient pas réunies » pour relancer la réforme des retraites, a annoncé le retour « absolument indispensable » de la réforme de l’assurance chômage.

« Concrètement, le nouveau mode de calcul des allocations chômage - la mesure phare de la réforme - devrait entrer en vigueur à partir du 1er octobre. Ensuite, les règles de deux autres mesures de la réforme devraient être durcies au 1er décembre : il s’agit de la dégressivité des allocations chômage pour les plus hauts revenus et des conditions d’ouverture de nouveaux droits » explique Le journal Le Capital.

Cette annonce rentre dans le plan du gouvernement pour reprendre le train des réformes avant les présidentielles. Un moyen de séduire la droite et le patronat, à moins d’un an de la fin du quinquennat Macron, et de faire payer le coût de la crise aux plus précaires. Afin d’éviter le retour des mobilisations et de la colère sociale provoquée par la réforme des retraites, le gouvernement table sur une réforme moins controversée dans la rue. Contrairement à celle sur les retraites (qui reste envisagée), qui divise jusqu’au gouvernement et dans la bourgeoisie, celle sur l’assurance chômage est plébiscitée par le patronat.

Précariser les pauvres pour les « inciter à trouver un emploi »

Pour justifier la remise à l’ordre de jour de la réforme de l’assurance chômage Jean Castex rejoue la traditionnelle partition patronale sur l’assistanat prétendu des classes prolétariennes. La trop grande générosité du système de chômage serait un frein à la recherche d’un emploi. Dès lors cette réforme permettrait de répondre « aux difficultés de recrutement » et de « remettre de l’ordre dans un régime fondamentalement utile mais dont les règles avaient progressivement dérivé ». Une rhétorique scandaleuse, qui vise à responsabiliser les chômeurs de leur non recrutement, et faire peser la responsabilité de la reprise économique sur les plus précaires.

En arrière-plan le discours du premier ministre est plus insidieux encore. Il s’agit de faire croire que cette réforme est d’intérêt collectif, en faisant peser l’avenir de la relance de la croissance économique sur le dos des chômeurs. Une croissance jusqu’alors prétendument entravée par l’oisiveté de certains, qui -traduisons- en faisant le choix des aides plutôt que du travail auraient amoindri la main d’œuvre disponible, d’où les « difficultés à recruter ».

Promise au MEDEF par Bruno Lemaire, cette réforme arrive en pleine crise économique pour forcer la reprise et sortir du « quoi qui l’en coûte ». « Nous avons eu besoin de l’État pendant la crise, nous devons nous en souvenir. Mais maintenant, il est temps que l’Etat retrouve sa juste place » déclarait cet été le président des patrons Geoffroy Roux de Bezieux. Pour lui, l’actuel fonctionnement de l’assurance chômage « décourage » la reprise du travail. Même rhétorique donc que le gouvernement, sur la soi-disant fainéantise des chômeurs. Bien déterminé à forcer le gouvernement à passer à la vitesse supérieure dans la casse sociale, le patronat a félicité Macron de sa politique économique. A l’image de Franck Bernigaud, président de la fédération des distributeurs de matériaux, qui a félicité le président pour son « très beau boulot », le patronat attend maintenant du gouvernement qu’il mette en place les réformes tant attendues pour faire payer la crise aux salariés. « Nous sommes passés au sur-mesure » a annoncé le ministre de l’économie pour séduire l’Université d’été du MEDEF, qui table sur un retour rapide de la croissance.

Pour que les salariés ne paient pas la crise : construire la bataille contre la casse sociale

La réforme de l’assurance chômage est une attaque sans précédent contre les travailleurs. En effet, comme l’écrivait le journal Midi Libre « 37 % des futurs chômeurs sont concernés par la réforme, qui leur fera perdre en moyenne 24 % de leur allocation selon l’Unedic ». L’organisme explique aussi que de nombreux chômeurs verront leurs allocations baisser, principalement les « permittents », c’est-à-dire les travailleurs déjà précaires et sans emplois stables, femmes en première ligne. Même le conseil d’Etat avait alerté sur le fait que les nouvelles règles de calcul « pénaliseront de manière significative les salariés » en contrats courts.

Face à cela, la CGT et les directions syndicales ne proposent aucun plan de bataille à la hauteur. En effet, la manifestation de rentrée appelée pour le 5 octobre ne suffira pas à faire reculer le gouvernement. Au contraire, loin des dates ponctuelles, il faut construire la riposte dans toutes les entreprises, en alliance avec les travailleurs sans emploi. Loin du dialogue social, à l’heure où les licenciements vont augmenter avec la fin des mesures de contention de la crise, il est urgent de construire le rapport de force contre Macron pour exiger le retrait de la réforme de l’assurance chômage mais aussi l’interdiction des licenciements. Déjà plus de 800 000 emplois ont été supprimés par le patronat : une réalité bien plus concrète que les délires néolibéraux sur le mythe de l’assistanat.

 
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