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La Izquierda Diario
2 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Ni Le Pen ni Macron
Congrès du RN les 3 et 4 juillet : manifestons contre l’extrême-droite et le gouvernement à Perpignan
Mahdi Adi

Ce samedi 3 juillet, premier jour du Congrès du RN à Perpignan, il s’agit de manifester nombreux, tout en rappelant que le combat contre l’extrême-droite doit être mené de front avec celui contre le gouvernement et tous ceux qui lui déroulent le tapis rouge en menant une par leur offensive liberticide, islamophobe et raciste. sur le terrain des Le Pen.

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Manif pendant l’entre-deux tour des présidentielles en 2017, le 27 avril. Crédit photo : Jean-François Monier / AFP

Après l’échec des régionales, un congrès du RN marqué par les contradictions de la "dédiabolisation" du parti pour adopter une ligne encore plus ouvertement raciste, islamophobe et xénophobe ?

Les 3 et 4 juillet, le RN organise son congrès à Perpignan, où il déterminera la stratégie qu’il adoptera en vue des présidentielles de 2022. Pour tenter de briser le « plafond de verre » qui l’empêchait de dépasser le second tour des élections, Marine Le Pen a jusqu’ici multiplié les tentatives pour « normaliser » son parti dans le paysage politique et se projeter ainsi au second tour des élections. Cette stratégie de « normalisation » - qui ne fait pas du RN un parti moins raciste, anti-ouvrier et corrompu comme l’ont montré les dernières affaires - a généré des contradictions, qui se sont exprimées dernièrement lors porté ses fruits comme l’ont montré des résultats des élections régionales.

Contrairement aux prédictions des sondages d’opinion, le RN n’a réussi nul part à passer le second tour. Il a particulièrement fait les frais de l’abstention, puisqu’un grand nombre de ses électeurs habituels ne s’est pas rendu aux urnes. Une abstention qui témoigne des limites de la stratégie de « dédiabolisation », Cela montre que le vote RN dans les classes populaires reste en grande partie un vote de rejet vis-à-vis des autres formations politiques, et non un vote d’adhésion au projet porté par le parti d’extrême-droite. Cela montre aussi que la stratégie de « normalisation » a finalement joué contre qui fait que Marine Le Pen et son parti apparaissent de plus en plus comme partie intégrante d’un paysage politique pourri. En effet, l’engagement récent de la présidente du RN à payer la dette si elle est élue, à ne pas sortir son abandon de la sortie de la zone euro, ou encore ses déclarations pour réclamer d’avantage de répression contre les son refus d’une amnistie des Gilets jaunes sont perçus comme sont autant de gages donnés pour rassurer les classes dominantes, et contredisent les attentes des classes populaires dont le parti d’extrême-droite se prétendait à récupérer la colère avec un qui ne peuvent qu’aller à l’encontre d’un discours populiste prétendument en rupture avec le néo-libéralisme.

A ce titre, ce congrès des 3 et 4 juillet verra s’affronter deux lignes. L’une, soutenue en dehors du parti par Robert Ménard, maire de Béziers proche du RN, ce jeudi sur BFMTV qui demande au parti d’aller plus loin dans la normalisation afin d’« être rassurant » et « de dire aux français que si le RN gagne il n’y aura pas de guerre civile » pour s’adresser plus largement que son électorat habituel aux « gens [qui] écoutent le front républicain ». L’autre, défendue par une aile partisane d’un « retour aux fondamentaux », à l’instar de l’ancien président d’honneur du parti, connu pour ses sorties antisémites, Jean-Marie Le Pen qui exhorte le RN à retrouver sa « virilité » en affirmant : « ou bien Marine Le Pen retrouve les accents des combats précédents, ou bien elle va progressivement s’effacer » derrière la droite classique. Cette tendance se reconnaît ainsi d’avantage dans le discours raciste décomplexé d’Éric Zemmour, au point que l’hypothèse d’une candidature aux présidentielles du chroniqueur d’extrême-droite n’est pas exclure et inquiète le RN. même si de certaines résistances subsistent au sein d’un appareil du parti moulé par la direction familiale du parti autour des Le Pen de père en fille.

Pour lutter contre l’extrême-droite, lutter contre le gouvernement qui lui déroule le tapis rouge

Dans sa tentative de « normalisation » le parti d’extrême-droite a bénéficié de l’aide précieuse du gouvernement qui n’a cessé de multiplier les attaques racistes et sécuritaires sur le terrain de l’extrême-droite depuis plusieurs mois. C’est ce dont a témoigné le débat télévisé Darmanin - Le Pen, la loi séparatisme, la loi Sécurité Globale ou encore les polémiques islamophobes quasi-quotidiennes. Ainsi la macronie, comme la droite et la gauche de gouvernement avant lui, est directement responsable de la montée du RN, puisque, pour Macron, la seule stratégie sur laquelle il peut miser pour espérer d’être réélu en 2022 malgré le rejet massif de sa politique parmi les classes populaires, est de rejouer un second tour face à Le Pen afin de convoquer un « front républicain » qui appelle à voter pour lui pour « faire barrage au RN ». Une rhétorique derrière laquelle la « gauche » institutionnelle et le PCF et LFI ont déjà appelé à voter pour le candidat LR aux élections régionales en PACA.

D’autre part, l’électorat populaire sur lequel s’appuie le RN est en grande partie issue de l’ancienne base sociale traditionnelle du PS et de la gauche institutionnelle, déçue par le le produit des trahisons et des déceptions accumulées vis-à-vis de la gauche de gouvernement, après le tournant social-libéral amorcé à la fin des au début années 1970 à partir de 1983 par François Mitterrand, dans la lignée duquel Lionel Jospin et plus récemment le quinquennat Hollande se sont inscrits. Ce dernier a ainsi posé les pierres des principales mené de profondes attaques contre le monde du travail, la jeunesse et les quartiers populaires, en nommant Macron ministre de l’Économie et en faisant par exemple passer la loi Travail à coup de répression policière et de 49.3, tout en reprenant à son compte le discours raciste et sécuritaire de la droite et de l’extrême-droite avec la mise en place de l’État d’urgence et le débat sur la déchéance de nationalité. Or c’est précisément les désillusions vis-à-vis de cette gauche institutionnelle et l’absence de perspective anticapitaliste à une large échelle qui a poussé une partie non négligeable du vote ouvrier à se déporter sur le RN, par dégoût et rejet du paysage politique traditionnel.

C’est la raison pour laquelle la lutte contre l’extrême-droite ne peut s’accommoder d’aucune illusion vis-à-vis de ceux qui, à gauche, ont mené les principales attaques antisociales et anti-démocratiques des dernières années, et ont déroulé le tapis rouge au RN. Ainsi, si le PS est signataire aux côtés d’EELV, du NPA, de la CGT ou encore Solidaires, de l’appel unitaire à manifester ce 3 juillet à Perpignan contre le RN, il ne faut pas oublier que la maire de Paris et probable future candidate du PS aux élections présidentielles Anne Hidalgo, a défendu l’article 24 de la loi Sécurité Globale et la loi séparatisme, a participé à légitimer le procès indigne en « islamo-gauchisme » contre l’UNEF, et réprime les migrants ainsi que les agents territoriaux en lutte contre la casse du service public dans la Ville de Paris.

A ce titre, il s’agit d’être nombreux samedi 3 juillet Place de la Catalogne à Perpignan au rassemblement de 12h puis à la manifestation de 14h contre le RN et l’extrême-droite, tout en affirmant que ce combat doit être mené en toute indépendance de classe, et de front avec la mobilisation contre le gouvernement et ceux qui se disent de gauche pour mieux nous trahir une fois au pouvoir. Tant le « front républicain » derrière Macron et la droite, que « l’union de la gauche » avec les sociaux-libéraux du PS et autres défenseurs du capitalisme vert d’EELV, sont des impasses pour les travailleurs et les classes populaires. Pour être efficace, la riposte devra principalement se jouer sur le terrain de la lutte des classes contre les attaques anti-sociales, liberticides et racistes en cours, afin de faire reprendre confiance à notre camp social et refuser la fausse alternative « Macron – Le Pen ».

 
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