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La Izquierda Diario
8 de juin de 2021 Twitter Faceboock

“Do not come !”
Xénophobie made in Biden : la vice présidente Kamala Harris s’en prend aux migrants latino-américains
Julien Anchaing

Pour sa première tournée internationale, l’ancienne flic devenue vice-présidente de Joe Biden a laissé un message clair aux migrants venus d’Amérique Centrale : “Si vous venez sur nos frontieres, vous serez renvoyés”.

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"Je ne peux penser à personne qui est mieux qualifié pour le faire”. Dépêchée par Joe Biden lui-même pour mener cette mission à bien, Kamala Harris, la flic “progressiste” devenue vice-présidente a choisi pour première destination internationale depuis le début de son mandat le Triangle du Nord d’Amérique Centrale en commençant par le Guatemala.

Préparé avec Alejandro Mayorkas (chef du département de la sécurité intérieur à la surveillance des frontières) et Biden lui-même, le voyage aura pour objectif de lutter contre l’immigration illégale en grande partie venue de la région et contre la corruption. Pour commencer le voyage, Harris a rencontré Alejandro Giammattei, président guatémaltèque accusé de corruption et de persécution d’organismes indépendants.

“Je vais être claire avec les gens de la région qui pensent mener un voyage dangereux à la frontière entre le Mexique et les États-Unis : Ne venez pas. Ne venez pas !”

La première grande nouvelle de ce voyage et qui en reste la plus marquante n’est autre que la déclaration de Kamala Harris à tous les guatémaltèques, latinoaméricains ou migrants de la région qui souhaiteraient passer la frontière et tenter une arrivée aux Etats Unis : ne venez pas ! Le message est d’autant plus clair que le discours de Kamala Harris s’accompagne de faits.

Derrière un discours hypocrite de “vouloir protéger ceux qui veulent mener un voyage risqué” le message de Harris est clair “ne venez pas ! [...] Si vous traversez nos frontières, vous serez renvoyés [...] Il y a des méthodes légales par lesquelles vous devez et pouvez passer. Mais notre administration découragera l’immigration illégale”.

En effet, depuis l’arrivée de l’administration Biden, la réalité est bien loin des utopies et délires de figures politiques de la gauche institutionnelle française qui pensent voir en lui la “fin du néolibéralisme” et le renouveau progressiste, comme Mélenchon ou Fabien Rousell. Elle est aussi très loin de l’image qu’essaie de nous vendre la gauche du Parti Démocrate représentée par Alexandria Ocasio-Cortez qui se dit "déçue" de Kamala Harris et qui sert avant tout de caution de gauche au gouvernement. Au contraire, pour le moment Joe Biden fait office de bon élève d’une politique de répression des migrants et plus particulièrement de ceux venus d’Amérique Centrale et du Mexique. Bien que son administration ait autorisé le droit à la demande d’asile “sur place” (impliquant que cette demande puisse être effectuée quand on a déjà migré illégalement dans le pays) celle-ci se déroule, selon l’association Refugees International dans des conditions extrêmement complexes pour les personnes en situation de clandestinité. Selon Charlene D’Cruz, avocate en droit d’immigration “le simple fait d’obtenir des documents administratifs pour pouvoir formuler la demande est devenu un véritable problème”.

De plus, cette politique constitue bien plus une continuité avec l’administration Trump qu’une rupture. Encore une fois, loin de l’utopie de deux “progressistes” venus sauver les opprimés aux États-Unis, ces derniers montrent leur vrai visage des impérialistes. Selon Jean-Jacques Kourliandsky pour l’Iris “Depuis février 2021, les adultes et les familles sont refoulés comme ils l’étaient en décembre 2020. 100 441 migrants ont été détenus pour le seul mois de février. Le Département d’État (équivalent au ministère des Affaires étrangères) a diffusé dans la presse centraméricaine, 33 canaux radiophoniques, Facebook et Instagram, des messages en espagnol, portugais et six langues amérindiennes, destinés à dissuader les migrants potentiels. “

Une réalité derrière le discours progressiste et électoral de Biden et Harris qui, pendant la campagne, avaient tenté de profiter de la haine contre Trump d’une grande partie de la communauté latine aux Etats-Unis pour remporter les élections présidentielles. Derrière la rhétorique d’Harris de vouloir “dissuader la migration en aidant au développement” et en ayant débloqué une aide financière de près de 310 millions de dollars pour le Guatemala, le Salvador et le Honduras, se cache la réalité du discours historique des démocrates quant à l’immigration. L’incitation au “développement économique” (par une majeure entrée de capitaux américains privés et publics dans la région) justifie des opérations réactionnaires comme la construction de centres de migrants dans les pays respectifs et au niveau des frontières avec le Mexique, la militarisation de cette dernière voire, comme Bill Clinton l’avait déjà fait dans les années 90, s’appuyer sur le gouvernement servil du Mexique pour lancer l’opération “Gatekeeper” (gardien de la porte). À son tour, Biden avait lui-même organisé en tant que Vice Président d’Obama en 2008 les plus haut taux d’expulsion d’immigrés par les Etats-Unis, dépassant même la politique réactionnaire de George W. Bush.

Entre la fin du gouvernement Trump et le début du mandat Biden, la Patrouille des Frontières américaines aura reconduit, avec le soutien du gouvernement de Lopez Obrador au Mexique, près de 170 000 migrants, soit le chiffre le plus haut d’expulsion à la frontière depuis mars 2001

La corruption, cheval de bataille des interventions impérialistes américaines

Détenir le flux migratoire, blinder et militariser les frontières ne suffit pas. Le voyage de Kamala Harris s’inscrit dans une tentative de reprise de contrôle de la région de la part des États-Unis sur les gouvernements serviles locaux. En effet, alors même que les marchés Chinois et Russes ne font qu’avancer dans la région, les derniers moments de lutte des classes qui ont traversé la région et tout particulièrement la Colombie inquiètent l’administration Biden, qui ne voudrait pas voir que la corruption du gouvernement de droite conservateur Guatémaltèque vienne susciter une possible colère sociale.

La corruption en Amérique Latine a pu, à certains moments pour les États-Unis, servir de prétexte à la réaffirmation de ces intérêts dans la région. C’est notamment le cas du dossier Lava Jato qui aura permis le soutien et la mise en place de gouvernements totalement aliénés aux intérêts américains comme celui de Jair Bolsonaro, ou encore le soutien total de Trump puis Biden à la tentative de coup d’État au Venezuela par Juan Guaido.

 
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