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La Izquierda Diario
27 de mai de 2021 Twitter Faceboock

Amitié à toute épreuve
Ces dictatures arabes qui ont soutenu Israël et les raids contre Gaza
Claude Piperno

Bon nombre de dictatures arabes accordent un soutien sans faille à Israël, y compris pendant les bombardements contre Gaza. Le reflet, avant tout, d’un tournant géopolitique majeur dans la région ainsi que du système d’alliances entre les pétro-monarchies ultra-religieuses, Israël et les impérialistes.

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Laissons de côté un instant la question de qui, de Netanyahu ou du Hamas, a gagné la partie. Ce qui est sûr, c’est que « Murailles Protectrices », l’offensive militaire sioniste n’a pas simplement été couverte par l’impérialisme étatsunien et par les Européens, malgré les vagues simagrées de Macron pour demander, une fois les bombardements et les destructions commencées, un cessez-le-feu. L’entité sioniste a pu compter, tout au long des dernières semaines et plus encore pendant la campagne de bombardements de la Bande de Gaza, sur l’appui d’un certain nombre de dictatures arabes qui ont même devancé les exigences qui leur sont généralement faites par leurs tuteurs impérialistes.

On aurait pu penser que compte tenu de son intensité et de sa violence, l’Opération Murailles Protectrices aurait fait trembler ou, du moins, mis à rude épreuve, les « Accords d’Abraham », à savoir la normalisation des rapports entre Israël et les Emirats Arabes Unis (EAU), le Bahreïn, le Maroc et le Soudan mise en place l’an passé sous le haut-patronage de Donald Trump, fidèle soutien du projet expansionniste et raciste sioniste. Il n’en est pas allé ainsi, confirmant un tournant géopolitique majeur pour ces régimes ultra-autoritaires.

Si, dans le passé, la cause palestinienne a pu servir de monnaie d’échange dans les négociations avec les puissances impérialistes, plusieurs Etats arabes ont fini par abandonner toute démagogie philo-palestinienne, par s’asseoir sur le sentiment de solidarité avec les populations de Cisjordanie, de Gaza et de la diaspora que continue à exprimer la rue, dans les pays arabes, et par s’aligner complètement sur les positions d’Israël. S’aplatir serait le terme le plus adéquat. L’Egypte de Sadate puis la Jordanie du roi-dictateur Hussein ont ouvert la voie qu’ont prise les EAU, Bahreïn, le Maroc et le Soudan et que soutient, en coulisses, l’Arabie Saoudite. Il s’agit, ici, d’une nouvelle illustration, si cela était encore nécessaire, que la question religieuse n’a rien à voir dans le conflit israélo-palestinien et que la clé de la situation est à chercher du côté des frictions au niveau régional pour marginaliser, le plus possible, l’Iran, et de la façon dont les pétro-monarchies et dictatures préfèrent, bien entendu, l’alliance avec les puissances occidentales et l’Etat sioniste et leurs investissements, présents et à venir, y compris en Israël ou en lien avec Israël, à la cause palestinienne qui met en lumière les compromissions des bourgeoisies arabes avec l’impérialisme.

Du côté des nouveaux venus dans le groupe restreint de l’amitié israélo-arabe, on a donc procédé comme si l’ennemi principal se situait… à Gaza. Ainsi, dans un premier temps, le ministre des Affaires étrangères des EAU, Abdullah bib Zayed s’est contenté d’exprimer son inquiétude par rapport à la situation sur l’esplanade des mosquées, à Jérusalem, sans jamais rien dire de l’agression israélienne contre la Bande. Après plusieurs jours de bombardements, il s’est tout de même fendu d’une déclaration pour présenter ses condoléances pour toutes les victimes de « l’escalade militaire » tout en soulignant son soutien aux Accords d’Abraham qui permettront, selon lui, aux « générations actuelles et à venir de vivre avec leurs voisins en paix, dans la dignité et dans la prospérité ». Sheikh Abdullah n’a pas dû voir les images de ce qu’il se passait, au même moment, à Gaza.

Du côté saoudien, Riyad a avant tout concentré son feu contre le Hamas, soutenu par l’Iran, ennemi juré et grand rival au niveau régional de la dictature pétrolière. La presse du Golfe aux ordres des régimes ne s’est pas privée de publier des caricatures (autorisées, bien entendu), représentant les leaders du Hamas, Ismaël Hanyeh et Khaled Mechal, se la coulant douce au Qatar, où ils sont réfugiés, pendant que les Gazaouis se retrouvaient sous un tapis de bombes, ou montrant comment certains dirigeants palestiniens de la Bande auraient trouvé refuge en Egypte pour échapper aux raids. Comme si les pétro-monarques ne vivaient pas, eux aussi, dans le luxe et le consumérisme. Et pour bien insister sur leur message, « circulez, il n’y a rien à voir ! », les avions de ligne émiratis ont reçu l’ordre de maintenir toutes les liaisons avec Tel-Aviv et de ne pas éviter l’espace aérien israélien, là où toutes les compagnies européennes et étatsuniennes avaient interrompu leurs vols ou les survols pendant la durée de l’Opération Murailles Protectrices en raison des risques générés par les échanges de tirs et les bombardements.

Netanyahu, de son côté, sait se montrer reconnaissant à l’égard de ses nouveaux amis. Il semblerait que les négociations et les signatures de contrats de matériel militaire vont bon train entre Tel Aviv et plusieurs monarchies de la région qui se sont notamment montrées très intéressées par le système de bouclier anti-missiles israélien qui a permis au pays de détruire la grande majorité des quelque 4000 roquettes tirées depuis Gaza par le Hamas et les autres organisations palestiniennes. Par ailleurs, Netanyahu, qui est toujours sur la corde raide, compte tenu de la situation politique intérieure en Israël mais s’accroche comme il peut au pouvoir, vient de nommer David Barnea à la tête des services secrets israéliens. Le nouveau chef du Mossad est connu pour ses positions radicalement anti-iraniennes, comme un partisan des coups tordus à l’étranger et comme chef d’orchestre du rapprochement avec les EUA, le Bahreïn, le Maroc, en plus d’avoir ses entrées, chez les bin Saoud. Sa nomination, au moment où Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, commence une tournée dans la région, est un message envoyé à l’administration étatsunienne, qui souhaite relancer les négociations avec Téhéran, pour lui dire tout le bien que les faucons israéliens pensent de Joe Biden.

La cause palestinienne a toujours été instrumentalisée par les bourgeoisies arabes. Avec la dernière guerre contre Gaza, plusieurs ont définitivement tombé le masque, non seulement en tournant le dos aux Palestiniens mais en consolidant leur alliance avec l’impérialisme, y compris en allant au-delà des souhaits manifestés par les impérialistes eux-mêmes. Raison supplémentaire pour souligner comment seul les travailleurs et la rue arabes en alliance avec celles et ceux qui, en Israël même, se rendent compte que l’entité sioniste est une machine de guerre et n’est aucunement une garantie de paix, sont à même de soutenir la juste cause du peuple palestinien dans sa lutte contre le colonialisme israélien, contre l’impérialisme et contre les régimes arabes réactionnaires qui ont, à nouveau, choisi leur camp.

 
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