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La Izquierda Diario
7 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Mensonge éhonté
Cyberattaque "venue de l’étranger " : une fake news de Blanquer confirme Mediapart
Joël Malo

Déjà largement moquée par les enseignants sur les réseaux sociaux, l’excuse de Blanquer d’une cyber-attaque étrangère est désormais démontée par Mediapart. La communication prend l’eau, et la vérité est crue : rien n’est prêt et, comme pour la santé, aucun moyen n’a été mis pour l’éducation.

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« Vous avez des attaques informatiques. C’est le cas de ce qu’il se passe pour le CNED ce matin où vous avez des attaques informatiques, apparemment venues de l’étranger pour [...] empêcher les serveurs de fonctionner. Le travail technique est en train d’être fait pour rétablir cela. Fort heureusement, cela ne touche pas tout le monde partout ».

Voilà comment le ministre de l’éducation justifiait les pannes informatiques, ce mardi, à l’ouverture du dispositif « Ma classe à la maison » pour assurer les cours à distance, du primaire au lycée. Une situation qui a catastrophé les enseignants, brutalement renvoyés un an en arrière, le 16 mars, alors que les serveurs n’avaient pas pu faire face à l’afflux de connexions. Le gouvernement a prétexté et vanté une exception culturelle française pour ne pas fermer les établissements scolaires qui devenaient de véritables clusters, alors que de nombreux pays européens les fermaient au mois de février. Mais pas d’inquiétude, Blanquer assurait en septembre : « Nous sommes préparés à tout ».

Surtout à sortir une bonne grosse excuse, à base d’ingérence étrangère. Une déclaration largement moquée par les enseignants sur les réseaux sociaux, et désormais démontée par Mediapart qui s’appuie sur des sources au sein du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), organisme dépendant du Premier ministre, en charge de la lutte contre les attaques informatiques.

« D’après plusieurs sources de Mediapart au sein du SGDSN, peut-on lire dans le journal en ligne, aucune attaque venue de l’étranger n’a été identifiée expliquant l’inaccessibilité du site. Ce mercredi encore, l’une des sources témoignait de son agacement à propos de cette interprétation. »

Les capacités d’improvisation du ministre Blanquer dépensant l’expertise de cet organisme, Mediapart rapporte encore que « selon ces mêmes sources, le "haut fonctionnaire de défense et de sécurité" référent au ministère de l’éducation nationale, Marie-Anne Lévêque, et son adjoint, le préfet Philip Alloncle, ont dû consulter Google Actualités mardi en fin de matinée, depuis leurs bureaux rue de Grenelle, pour en apprendre davantage sur cette cyber-agression "venue de l’étranger" ».

S’il est possible que le CNED ait subi des attaques par déni de service (qui avait déjà eu lieu en avril, un scénario qui n’était donc pas inconnu et aurait pu être préparé), nulle trace d’une intervention étrangère. Les syndicats enseignants demandent au ministre de s’expliquer sur ces mensonges. Sud Éducation demande notamment la publication des journaux de connexion pour vérifier si cette fameuse attaque étrangère ayant saturé les réseaux n’est pas tout simplement due à la connexion de 12 millions d’élèves et de 800.000 professeurs...

Sur France Bleu Vienne, on peut notamment lire : « Outre cette attaque informatique, des bugs en séries ont également paralysé ce matin les ENT, les Espaces numériques de travail, suite à un grand nombre de connections. » Ou encore sur BFM, rarement coupable de lèse-majesté ministériel : « La saturation des serveurs semble également être à l’origine des pannes liées aux ENT, notamment dans la région Centre-Val de Loire, ou de la mise en place de files d’attente virtuelles en Île-de-France. Avec cette fois une origine liée au sous-dimensionnement des serveurs par rapport à l’afflux de connexions en ce premier jour d’école à la maison. »

Mais qu’à cela ne tienne, Jean-Mytho, comme il a vite été renommé par le corps enseignant, a plusieurs cordes à son arc. En cause selon lui, les serveurs OVH de Strasbourg qui ont brûlé le mois dernier. Ce que l’entreprise a nié dès mardi, les services et applications affectés n’étant pas tous hébergés chez OVH.

A l’image de son mentor Emmanuel Macron, dont il n’hésite pas à vanter dans la presse les capacités intellectuelles surhumaines, Jean-Michel Blanquer ne voit pas grand chose venir. Surprise pour le premier qu’il y ait une deuxième vague en octobre, imprévisible encore que les contaminations ré-explosent en mars/avril alors que toutes les projections scientifiques l’affirmaient. Surprise pour Blanquer que 12 millions de connexions aient lieu en même temps le premier jour de cours en ligne.

Rangez les trompettes, les cocardes, pas de Marseillaise la main sur le cœur, l’attaque ne vient pas de l’étranger, l’ennemi est bel et bien dans notre pays. Notre ennemi c’est Blanquer et tout ce gouvernement, qui, un an après le début de l’épidémie, continuent à faire fonctionner une école sur les rotules, sans moyen, qui osent encore demande aux soignants de « faire des efforts » et de pousser les murs. Fidèle à la ligne Blanquer affirmait il y a quelques mois que « l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université », dénonçait il y a quelques jours encore l’UNEF comme une organisation évoluant vers le fascisme (!), et s’en prend régulièrement aux syndicats enseignants (Sud Educ en tête). La meilleure défense c’est l’attaque paraît-il, Blanquer l’a bien compris. Plus sa politique catastrophique fera porter le poids de la crise aux enseignants et aux familles, plus l’offensive sera lourde contre l’école publique et les travailleuses et travailleurs de l’éducation. L’heure est à la lutte pour imposer des moyens massifs, des embauches, à l’école comme à l’hôpital. C’est aux travailleuses et aux travailleurs de l’éducation de prendre les choses en main, pour imposer leurs protocoles sanitaires et leurs protocoles de suivi des cours, en lien avec les familles. Ils et elles sont les seules réellement intéressées à la lutte contre le décrochage scolaire, contre les inégalités, contrairement aux bureaucrates du ministère qui n’ont pas mis le moindre centime pour permettre une réelle égalité aux élèves face aux cours en distanciel.

 
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