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6 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Hirak
Algérie. Un adolescent victime d’une agression sexuelle par des policiers lors du Hirak
Belkacem Bellaroussi

Alors que les manifestants du Hirak font face à la répression du régime algérien, le jeune Said Chetouane, 15 ans, a été victime d’abus sexuels par la police suite à une interpellation en marge d’une marche du Hirak samedi à Alger. Une violence qui a suscité l’indignation chez les manifestants.

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Photo : Quotidien-TMC

Depuis le 22 février, deuxième anniversaire du Hirak (le soulèvement populaire contre le régime et pour la démocratie), les marches hebdomadaires ont repris en Algérie. Des milliers de personnes ont ainsi manifesté ces dernières semaines dans la capitale, Alger, et dans d’autres villes du pays.

Avec le traditionnel slogan « État civil et non militaire », les manifestants fustigent « les services de renseignement terroristes », accusés de torture par des détenus ou par d’anciens détenus du Hirak. Comme des centaines de vidéos le montre chaque semaine désormais, cette reprise des manifestations s’accompagne d’une recrudescence de la répression par le pouvoir en place.

Les manifestations de ce week-end ont d’ailleurs été le théâtre de multiples arrestations et de brutalités. Sur les 30 manifestants arrêtés ce week-end, 24 ont été écroués selon le journal Le Monde. Avant ces nouvelles incarcérations, le CNLD (Comité nationale pour la libération des détenus) avait estimé à une trentaine le nombre de personnes toujours en prison pour des faits liés au Hirak et/ou à l’exercice de libertés individuelles.

Parmi ces nouvelles arrestations, une d’entre elles a vivement fait réagir sur les réseaux sociaux, celle de Said Chetouane, 15 ans, qui affirme avoir subi une agression sexuelle de la part de policiers lors de son arrestation, ainsi que d’avoir été maltraité psychologiquement.

Le manifestant participait à la grande manifestation de samedi quand il s’est fait interpeller par la police. Après 8 heures de [garde à vue–>https://mondafrique.com/hirak-algerien-la-torture-devenue-une-ligne-rouge-infranchissable/], Said Chetouane sort du commissariat de Bab-El-Oued, sa sortie est filmée par des manifestants. Il est en larmes.

Le lendemain, il poste une vidéo d’explications dans laquelle il met des mots sur ce qu’il a subi. Il accuse alors la police de lui avoir fait subir des attouchements sexuels pendant sa garde à vue et revient sur le supplice psychologique que les policiers lui ont fait vivre.

La vidéo a alors enflammé les réseaux sociaux, en Algérie et ailleurs, Said Chetouane, devenant alors le symbole de la jeunesse révoltée et réprimée par le pouvoir.

Interviewé par Quotidien, Saïd Chetouane explique en parlant des policiers qui l’ont torturé : « leur objectif c’était de m’intimider, de me faire peur ». Un acte barbare qui est loin de briser la détermination et la colère de ce jeune qui se mobilise pour ses droits et pour la liberté. A la question « est-ce que vous allez continuer à manifester le vendredi ? », il répond « Oui, tous les jours et pas seulement le vendredi ».

Selon Hakim Addad, militant du hirak interrogé par RFI, le cas de Said Chetouane illustre l’intensification de la répression qui s’abat sur le peuple algérien : « La répression malheureusement est là, et depuis juin 2019, avec les emprisonnements, les mises sous contrôle judiciaire, les arrestations quasi quotidiennes. Maintenant, cela passe à un stade supérieur : des personnes se plaignent d’avoir été violentées, torturées, d’avoir subi des agressions sexuelles. »

Ce n’est en effet pas la première fois que des cas similaires sont rapportés. Walid Nekiche, un étudiant de 25 ans, avait par exemple révélé, lors de son procès en première instance, avoir été “agressé physiquement et sexuellement” pendant les interrogatoires par les services de sécurité.

Karim Tabbou, opposant politique et figure emblématique du Hirak, avait témoigné le 4 mars 2020 devant la justice avoir subi des violences lors de son arrestation et d’un interrogatoire dans la caserne Antar, à Alger. « On m’a frappé, insulté, humilié », avait-il déclaré.
Enfin, Sami Dernouni, jeune « hirakiste » arrêté en décembre 2020 et jugé mardi dernier, a affirmé avoir « été déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser », selon un de ses avocats, Ali Fellah, cité jeudi par le quotidien francophone El Watan.
Ces pratiques policières brutales sont utilisées pour affaiblir le Hirak et intimider les manifestants. Elles s’intensifient en Algérie comme ailleurs lorsqu’un peuple se soulève pour reprendre ses affaires en main et que les révoltes prennent de plus en plus de place., ce qui est le cas en Algérie depuis février.

Depuis, Said Chetouane constitue son dossier de plainte contre ses agresseurs présumés, selon Algérie Liberté. De leurs côtés, nombre d’ONG tel Amnesty International ou la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme ont d’ores et déjà demandé des comptes à la justice et au gouvernement algérien pour faire toute la lumière sur cette affaire de façon indépendante. Quoi qu’il en soit, cet épisode de répression insupportable ne peut que renforcer la colère et la détermination de la jeunesse algérienne qui continue de se mobiliser contre la classe politique du pays depuis la démission de Bouteflika pour exiger la fin du régime et dégager la mafia au pouvoir.

De Paris à Alger, en passant par Rangoun, Beyrouth ou Santiago du Chili, une chose est sûre, c’est bien une même police, au service des mêmes États capitalistes et des mêmes classes politiques corrompues, qui réprime aujourd’hui les jeunes et les travailleurs qui relèvent la tête et prennent leurs affaires en main à l’échelle du globe.

 
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