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La Izquierda Diario
6 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Des milliards pour les patrons, des suppressions de postes pour les travailleurs
Nouveau cadeau de l’État pour Air France. Les salariés continueront de payer l’addition
Gabriel Ichen

L’État fait un nouveau cadeau au patronat d’Air France en devenant actionnaire majoritaire de l’entreprise. Mais l’entreprise, après avoir reçu 7 milliards d’euros d’aides, a déjà annoncé un plan de suppression de 7600 emplois et compte bien poursuivre la casse sociale avec la bénédiction du gouvernement.

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Crédits photo : AFP

Invité sur franceinter mardi matin, Bruno Le Maire a annoncé que la France et l’UE ont convenu d’ « un nouveau soutien financier de l’État à Air France ». L’État avait déjà octroyé une aide massive de 7 milliards d’euros en avril 2020, juste avant d’annoncer un gigantesque plan de près de 7600 suppressions de postes. Comme l’explique le ministre de l’économie, la nouvelle aide va d’abord consister à ce que sur les 7 milliards offerts à la compagnie aérienne, 3 milliards de prêt direct vont être « transformés en fonds propres de l’État dans l’’entreprise » pour « devenir une aide définitive pour Air France ». En d’autres termes, la multinationale n’aura pas à rembourser l’argent de l’État. Ensuite, l’État va « participer à une augmentation de capital d’Air France » qui « pourra aller jusqu’à 1 milliard d’euros », soit au total 4 milliards d’euros pour que l’État devienne l’actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne à hauteur d’un peu moins de 30 %.

Interrogé par Léa Salamé sur les « conditions » fixées par l’État sur le volet de l’emploi et des salaires, Bruno Le Maire a déclaré que « c’est à la direction générale d’Air France de nous faire des propositions » donnant ainsi carte blanche à l’entreprise et à sa direction pour faire des économies sur le dos des salariés. En ce sens, le ministre a salué le travail « très lourd qui a été engagé par la direction d’Air France, tout cela est déjà dans la bonne direction. Des choix difficiles ont été fait, en particulier pour la compagnie Hop ». Faisant référence à la filiale de Air France qui a été durement touchée par le plan de suppression d’emplois annoncé en avril 2020 qui prévoit la fermeture des sites de Nantes et Morlaix et avec la suppression d’environ 1000 postes. La « bonne direction » donc, pour les profits des actionnaires mais en aucun cas pour les salariés.

Le ministre a même affirmé avec mépris que « des efforts importants ont été fait par les salariés et je les en remercie […] il faudra poursuivre dans cette direction ». Ce qui annonce d’ores et déjà que la casse sociale devrait donc se poursuivre avec à la clé toujours plus de précarisation, de pression sur les salaires et des menaces contre l’emploi. Pour trouver un prétexte à l’accompagnement conscient de cette casse sociale de la part de l’État, Bruno Le Maire a invoqué les mêmes arguments fallacieux que ceux utilisés par le patronat : « dans cette situation où nous n’envisageons pas de retour à la normale avant 2022, il y a forcément des efforts qui sont nécessaires mais l’État accompagne ces efforts ».

En effet, tout comme la direction d’Air France, Le Maire invoque la situation de crise profonde qui touche le secteur aéronautique et qui est partie pour durer. Pour autant, les « efforts » que demandent le ministre aux salariés sont absolument indécents quand on sait les bénéfices records de plusieurs centaines millions d’euros voir même d’1,4 milliards d’euros en 2018. D’autant plus insultant pour les salariés au regard de ce que touche le PDG de l’entreprise Benjamin Smith qui a eu droit à un bonus de 800 000 euros en 2020. Cela montre bien que face à l’argument de difficultés financières ou risques de faillite, les travailleurs devraient toujours revendiquer la possibilité de pouvoir regarder les comptes de leurs entreprises, les profits et les bénéfices engrangés lors des dernières années, et ne pas adapter leur niveau de vie à la soif de rentabilité du patronat

Cette casse sociale dans le secteur du transport aéroportuaire s’est illustrée de manière dramatique à l’annonce par Air France et Aéroport de Paris, d’un plan de suppression d’emploi qui concerne près de 30 000 salariés à Roissy-Charles De Gaulle. Face à cette attaque, les salariés ont commencé à se mobiliser avec une manifestation à Roissy le 18 mars dernier qui a réuni près d’un millier de personnes.

C’est bien la mobilisation unitaire des travailleurs à la base de tout ce secteur qui pourra construire un rapport de force qui puisse imposer une sortie par en haut pour les salariés. Une mobilisation qui ne tombe pas dans le piège des négociations et du « dialogue social » qui n’est qu’un outil au service du patronat pour faire passer la pilule d’attaques antisociales qui vont avoir des conséquences dramatiques pour de nombreuses familles ouvrières, en totale complicité avec la plupart des directions des organisations syndicales. Comme nous l’écrivions à propos du PSE qui touche les salariés d’Airbus : Au moment où le patronat, la bureaucratie syndicale, les medias et la classe politique essayent de réhabiliter le « dialogue sociale » qui a accompagné et accompagne cette casse sociale historique, il est important de rappeler et revendiquer les expériences récentes qui ont permis d’envisager une méthode de lutte capable de construire un vrai rapport de forces pour défendre l’emploi. C’est le cas des luttes des salariés de Derichebourg de Toray ou de Grandpuits qui elles aussi, à des degrés différents, ont montré l’importance de l’unité entre les travailleurs syndiqués et non-syndiqués, de construire des assemblés de salariés où décider des suites de la mobilisation, de refuser de « négocier le poids des chaines », de lutter par la grève et de se coordonner avec les autres boites pour imposer 0 suppressions d’emploi et 0 baisse de salaire.

 
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