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La Izquierda Diario
31 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Sois prof et tais-toi !
Répression. Le rectorat convoque 4 profs du lycée A. Davis (93) mobilisés face à la crise sanitaire
Jean-Michel Larhot

Tandis que la 3ème vague frappe de plein fouet l’éducation nationale et les établissements du 93, quatre enseignant.e.s du lycée Angela Davis de Saint-Denis ont été convoqué.e.s au rectorat de Créteil et sont menacé.e.s de répression.

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Crédits photo : Davis en Lutte - Des enseignants du Lycée Angela Davis mobilisés le 3 novembre dernier

Après le collège république de Bobigny, Hélène et les « quatre de Melle »…

Quatre enseignants du lycée de Saint-Denis sont dans le viseur du Rectorat de Créteil, Daniel Auverlot, et se retrouvent menacé.e.s de sanction disciplinaires. Les motifs des convocations sont divers : si certains sont directement liés à la mobilisation de novembre dernier, pour exiger un protocole sanitaire renforcé et des classes en demi-groupes, d’autres se voient reprocher de n’avoir su faire respecter le règlement intérieur en matière de couvre-chef.

Le recteur de l’académie de Créteil, dont dépend le lycée Angela Davis, est lui-même un des anciens bras droits de Blanquer. Fidèle à son ministre qui s’en était déjà pris à Sud Education 93 pour l’organisation de ses stages anti-racistes (plainte du ministre déboutée par la justice), le Recteur de Créteil est à la pointe de la répression en Seine-Saint-Denis où les enseignants défient le ministère depuis longtemps.

Après la répression des enseignants du collège République à Bobigny, c’est ainsi plus récemment, Hélène, institutrice à l’école Marie-Curie de Bobigny, qui a subi une mutation forcée pour avoir suivi les enseignements pédagogiques de Véronique Decker. Depuis la crise du covid-19, il s’agit aussi d’un département où les profs ont réussi à imposer, même très partiellement, un protocole sanitaire là où le ministère montrait son incompétence.

Des profs sanctionnés pour avoir exigé un protocole sanitaire renforcé

En novembre, le lycée Angela Davis faisait partie de ces rares lycées où les enseignants et les élèves avaient réussi à imposer un protocole sanitaire incluant en particulier, le passage aux cours en demi-groupe. Il semble pour le moins absurde que des profs soient poursuivis pour des faits liés à cette mobilisation alors que le ministère a lui-même fini par donner raison à cette mesure, en généralisant les demi-jauges dans les lycées (et coupant court à la mobilisation montante dans les collèges), donnant raison de fait à la mobilisation.

Le 93 est aussi un des départements les plus touchés par la pandémie. Dans ce département où la précarité est endémique, la surmortalité a atteint 135%. Face à cela la principale réponse du gouvernement pour renforcer le protocole avait été de demander aux enseignants d’ouvrir les fenêtres, dans des bâtis où l’aération est souvent impossible. Malgré le caractère légitime de cette revendication, le Rectorat a décidé de menacer de sanctions des enseignants pour avoir exigé un réel protocole sanitaire et la sécurité des personnels, des élèves et de leurs familles.

L’épouvantail de « l’islamo-gauchisme » pour délégitimer un établissement combattif

Les accusations qui visent le lycée Angela Davis ne sont pas nouvelles. En 2019, une Inspection Générale (diligentée par le ministère) a été ouverte dans le lycée à la suite à une article publié dans l’Express, accusant les enseignants d’organiser des « ateliers racisés » et d’être « hors des clous de la laïcité ». Accusations que les enseignants ont formellement démentis dans un communiqué signé par les sections syndicales locales (Snes-Fsu, CGT, Sud-education, Sgen-CFDT).

En effet, autant le motif que la temporalité de ces procédures disciplinaires arrive à un moment où Blanquer, en difficulté sur sa gestion de la pandémie dans l’éducation, a lancé une nouvelle controverse sur « l’islamo-gauchisme », argument qui sert de paravent à une répression pure et simple visant toutes les organisations qui ne sont pas alignées avec l’islamophobie du gouvernement ou qui contestent sa politique comme SUD Education ou encore, plus récemment, l’UNEF mais aussi l’extrême-gauche ou la France Insoumise.

Au niveau de l’Académie de Créteil, il semblerait que le Recteur de Créteil, Daniel Auverlot décline cette méthode dans son académie pour attaquer tous les établissements résistants à la baisse des moyens, aux méthodes pédagogiques autoritaires et à l’application des réformes inégalitaires de Jean-Michel Blanquer. A ce titre, c’est le lycée Angela Davis, dont les personnels et les élèves ont largement contesté la réforme de mise en place du « bac local », les EC3 et la baisse des moyens sur leurs établissements, qui se retrouvent aujourd’hui sous le coup de la répression.

Stop aux intimidations, arrêt des procédures disciplinaires !

Face à l’intimidation des procédures, les professeurs ont répondu par la solidarité avec leurs collègues en débrayant massivement lundi 22 mars. De façon plus générale, force est de constater que, faute d’apporter un protocole sanitaire adéquat, la direction de l’éducation nationale continue la répression de profs avec une consistance surprenante.

Blanquer, en tant que ministre de l’éducation nationale, a pour objectif d’imposer un système de direction inspiré du privé, managériale et aussi violent. Afin de pouvoir le faire, il a besoin de faire des exemples et de faire baisser la tête. Face à l’injonction d’être « prof et se taire », la solidarité par la grève et la mobilisation doit s’imposer, que ce soit autour du cas de Melle, d’Hélène, des enseignant.e.s d’Angela Davis et de tous les cas de répression qui pourraient sévir dans l’Education.

Communiqué des organisations syndicales du Lycée Angela Davis :

 
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