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La Izquierda Diario
24 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Instrumentalisation islamophobe
Mosquée de Strasbourg : Darmanin promeut la loi séparatisme en s’attaquant aux élus EELV
Erell Bleuen

La décision municipale de la mairie de Strasbourg quant au financement des travaux de la mosquée Eyyûb Sultan fait polémique, avec Darmanin en tête de proue qui promeut son projet de loi « séparatisme », tout en cherchant à isoler les Verts à l’approche des élections

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Crédits Photo : AFP

Depuis le début de la semaine, on assiste à une nouvelle polémique concernant une décision municipale portée par des élus Europe Ecologie Les Verts, avec de nouveau le ministre de l’Intérieur aux avants-postes. Déjà en février, un « scandale » avait éclaté, également conduit par Darmanin, concernant la décision de la mairie lyonnaise de présenter un repas unique et sans viande à la cantine scolaire. A l’époque, Darmanin s’était fait le fervent opposant à ce choix promu par la municipalité EELV, en l’assimilant à une « idéologie scandaleuse  ».

C’est désormais au tour de la mairie strasbourgeoise, conquise par les Verts lors des dernières élections municipales, de subir les attaques de la droite et du centre. Elles font suite au conseil municipal de Strasbourg qui s’est tenu ce lundi 22 mars, dans lequel a été voté le principe d’une subvention de 2,5 millions d’euros, alloué à la construction de la mosquée Eyyûb Sultan. Ce projet, qui ferait de cette mosquée la plus grande d’Europe, est porté par l’organisation islamique Millî Görrüs depuis 2015, et représente un budget total de 32 millions d’euros, dont 25,5 millions consacrés au lieu de culte.

Compte tenu que le régime concordataire de 1802 est toujours en vigueur dans la région Alsace-Moselle, il autorise les collectivités territoriales à « subventionner pour un motif d’intérêt général, des dépenses d’investissement des lieux de culte  ». A ce titre, la municipalité de Strasbourg peut financer à hauteur de 10% des projets de construction de lieux de culte, ce à quoi correspond le budget voté ce lundi dans le conseil municipal, tout comme celui qui a été alloué à la grande mosquée de Strasbourg dans les années 2000.

Il n’en fallait pas plus pour Gérald Darmanin, qui s’est empressé d’aller sur Twitter dans la nuit de lundi à mardi pour attaquer la mairie de Strasbourg, écrivant que : « La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique. Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée ».

Dès, le lendemain, il a réitéré en déclarant que « devant la gravité des décisions prises par la municipalité de Strasbourg » et malgré que « la loi séparatisme n’est pas encore adoptée », il avait demandé à la préfecture de déférer la décision de la mairie devant le tribunal administratif. Une attaque judiciaire certes, mais éminemment politique, puisqu’en utilisant l’argumentaire du « séparatisme », il s’érige de nouveau comme le défenseur des « principes républicains », en y opposant les Verts, les faisant apparaître médiatiquement comme des « soutiens » de l’islamisme radical. Une image précédemment utilisée par l’opposition pour marginaliser Europe Ecologie Les Verts, qui après sa percée aux municipales, représente un adversaire sérieux pour le gouvernement dans les prochaines élections.

Pour autant, l’opération de Darmanin a portée ses fruits, puisque depuis, les politiques et la presse nationale se sont emparés de la « polémique », en surfant sur la vague islamophobe lancée depuis maintenant plusieurs mois par le gouvernement. Dans la droite lignée des propos de Darmanin, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, tweetait ce matin à propos de la municipalité de Strasbourg que « L’islamo-gauchisme vert en acte et avec l’argent public  », tandis que le maire LR de Cannes David Lisnard déclarait au micro d’Europe 1 qu’il s’agirait « d’une traduction de l’islamo-gauchisme ». Marlène Schiappa, qui appuie toujours les déclarations islamophobes de son homologue, assurait sur LCI : « Je pense qu’Europe Écologie-Les Verts est un parti qui sous couvert de défendre de belles valeurs humanistes flirte en fait de plus en plus dangereusement avec les thèses de l’islamisme radical ».

Selon Médiapart, après le début de la polémique, la maire de Strasbourg s’est exprimée dans une conférence de presse quant à la décision prise par la municipalité, à savoir d’acter le principe de la participation de la mairie au financement de la mosquée, mais sous réserve de « consolidation et validation du plan de financement  ». Elle explique en effet que le vote nécessitait « une transparence sur l’origine des fonds », mais qu’elle devait « apporter une égalité de traitement pour les cultes  ». Concernant les accusations de « séparatisme », elle a ajouté que « Si le gouvernement, le ministre de l’intérieur, a des preuves que financer cette mosquée, c’est financer une association radicaliste, qu’il nous donne les éléments pour agir en conséquence. Mais à ce jour, je n’ai pas été alertée par l’État. »

En réalité, l’attaque d’une partie du gouvernement et de la classe politique quant au financement de la mosquée Eyyûb Sultan s’inscrit avant tout dans l’offensive islamophobe désormais constante du gouvernement. Ce « scandale » permet en effet à Darmanin et Schiappa de légitimer la loi « séparatisme », dont la date du vote approche, tout en s’attaquant à Europe Ecologie Les Verts. Cette opération médiatique, qui tente de faire passer les députés Verts pour des « islamo-gauchistes », est pourtant facilement démontable, puisque les figures du parti se sont rangés derrière la politique sécuritaire du gouvernement, à l’image d’Eric Piolle, qui après la dissolution du CCIF, a réclamé à l’association le remboursement de ses subventions. Enfin, quoi de plus révélateur du deux poids deux mesure de la laïcité gouvernementale que l’attitude de Darmanin, plus soucieux d’éviter que le Concordat ne permette de financer des cultes musulmans que d’abolir un système qui semble pourtant violer le "principe républicain" dont il aime tant se réclamer...

 
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