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La Izquierda Diario
22 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Une « confusion » À 190 000 euros : Valls rattrapé par la Cour des comptes espagnole
Seb Nanzhel

Après son échec électoral de 2019 à Barcelone, Manuel Valls est rattrapé par le tribunal des comptes espagnol. En effet, celui-ci a publié un rapport pointant le dépassement du plafond autorisé ainsi que l’utilisation de 190 000 euros non déclarés lors de la campagne. Cette affaire éclate alors qu’il tente un retour politique toujours plus réactionnaire.

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Crédits photo : AFP

L’arrivisme comme stratégie politique

Un rapport du tribunal des comptes espagnol publié le 18 mars dans la presse locale révèle que la candidature de Manuel Valls à l’élection municipale de Barcelone de mai 2019 n’est pas conforme à la loi de financement des partis. En effet, ce rapport pointe un dépassement de près de 127 000 euros du plafond légal autorisé ainsi que près de 190 000 euros de frais non déclarés.

Au-delà de ces « irrégularités » financières, l’arrivisme politique de Manuel Valls n’est plus à démontrer. Ministre de l’intérieur et premier ministre matraqueur, ses ambitions présidentielles avaient été déçues après sa défaite à la primaire socialiste face à Benoît Hamon. Mauvais perdant, il avait alors fait les yeux doux à LREM notamment en invitant à voter Macron dès le premier tour. Un mois et demi après l’élection de celui-ci, il avait quitté le PS pour rejoindre En marche à l’assemblée nationale. En tant que député, il n’a pas brillé par son implication. Capital analyse ainsi : « l’ex-Premier ministre, apparenté LREM, s’est fait très discret ces [6] premiers mois : aucun amendement, seulement 26 interventions en séance… soit deux fois moins que la moyenne des parlementaires ! ». Il a finalement démissionné de ce poste pour se consacrer à sa candidature aux élections municipales de Barcelone, soutenu par le parti de droite pro-patronal Ciudadanos.

Cette candidature n’avait pas berné les Barcelonais, la réputation du personnage ayant traversé les Pyrénées. Un article du Monde explique ainsi qu’au cours de cette campagne il est «  souvent perçu comme le candidat des élites économiques et comme un arriviste cherchant en Espagne une reconnaissance perdue en France ». Ce même article relate qu’au cours de la campagne, il avait participé à une manifestation « en faveur de l’unité de l’Espagne et contre le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, organisée en février par Ciudadanos et le Parti populaire (PP, droite), aux côtés du parti d’extrême droite Vox  ». C’est dans la même logique arriviste et hypocrite qu’un mois après sa défaite (il arrive quatrième avec 13% des voix), il fustige « le virage à droite » de Ciudadanos, cela alors qu’il avait bâti sa campagne sur les arguments sécuritaires et anti-indépendantistes.

Aujourd’hui, il tente un retour en France avec notamment un entretien vidéo avec Le Point dans lequel il déploie son argumentaire démagogique et réactionnaire habituel : à une introduction mielleuse sur les conséquences de la crise sanitaire succède un discours surfant sur la vague islamophobe et reprenant les canons identitaires du « cri d’amour pour la France » et de l’« assimilation ». De plus, dans la version écrite de l’entretien, il compare Éric Zemmour et Assa Traoré qui seraient « les deux bras de la tenaille identitaire » comme si le processus de lutte contre les violences policières et racistes après la mort d’un proche victime de ces violences pouvait être comparé au délire raciste et xénophobe de Zemmour. En réalité, la figure du polémiste n’est ici invoquée qu’en « épouvantail », pour faire passer les arguments identitaires de Valls comme mesurés et « républicains ».

Au-delà de l’inconstance politique d’un individu, cet itinéraire est symptomatique d’une classe politique arriviste, prête à tout pour conserver ses fonctions et les privilèges qui y sont associés, même reprendre le discours et les postures de l’extrême droite. Il semblerait que cette obsession de rester « au devant de la scène » entraîne également une certaine étourderie, notamment en ce qui concerne les questions financières.

Une « confusion » à 190 000 euros

L’échec électoral de Manuel Valls de 2019 aura coûté pas moins de 305 056,97 euros comme le rapporte le journal Capital. Cette somme excède de 126 819 euros le plafond légal de dépenses autorisées (égal à 178 237 euros), soit un dépassement de près de 70% de la somme autorisée d’après Libération. De plus, toujours selon l’article de Capital, sur le budget de la campagne, 188 867 euros proviennent de « Barcelona Capital Europea », association avec laquelle Manuel Valls présentait sa candidature avant de rejoindre la coalition avec Ciudadanos. L’association aurait alors financé la coalition de l’extérieur. Or, la loi électorale espagnole interdit aux candidats d’accepter de l’argent d’une tierce personne pour « l’acquisition de biens, d’œuvres ou de services ou de quelque dépense que génère l’activité des partis politiques ».

Les intéressés, que l’on sent gênés, avancent des arguments douteux : selon le gestionnaire de la coalition et avocat Carlos Rivadulla, cité par Libération, les factures émises par l’association « Barcelona Capital Europea », « ne peuvent pas être considérées comme des dépenses électorales », parce qu’elles émanent d’une association dont les activités ne sont pas politiques. Ciudadanos préfère jouer la surprise en affirmant ne pas être au courant de ces dépenses, alors qu’elles représentent plus de la moitié du budget engagé, et plaide une « confusion » résultant de la création de la coalition. Une défense très légère, et qui n’explique pas les dépassements de frais de campagne.

Le financement de la campagne d’Emmanuel Valls avait déjà interpellé la presse locale. Ainsi le journal Ara, cité par Libération, avait relayé des témoignages anonymes révélant que « le candidat avait reçu des dons en nature de la part de chefs d’entreprise et hommes d’affaires espagnols », mais également qu’il avait exigé un salaire mensuel de près de 20 000 euros pour être candidat. Ce scandale surprend Manuel Valls alors qu’il est toujours conseiller municipal de Barcelone et tente un retour politique en France, notamment avec la parution dans Le Point de l’entretien complaisant déjà cité ou d’un livre autobiographique le 25 mars. L’édifice de malhonnêteté intellectuelle et politique qu’il représente sera-t-il ébranlé par cette affaire ?

 
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