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La Izquierda Diario
22 de mars de 2021 Twitter Faceboock

DES MOYENS POUR LA SANTÉ
Hôpitaux : bricoler ne suffit pas, les réanimations explosent !
Adèle Chotsky

À l’hôpital la pression sur les services de réanimation s’accentue de jour en jour, particulièrement en Île-de-France avec des taux d’occupation qui dépassent les 100 %. Pendant ce temps, le gouvernement se refuse toujours à une véritable stratégie de prévention pour briser les chaines de contamination. Dans ce contexte, les réanimations explosent, et il n’y a toujours pas de moyens supplémentaires pour l’hôpital !

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Crédits photo : SÉBASTIEN BOZON/AFP

La pression sur les services de réanimation asphyxie le personnel hospitalier, alors que le gouvernement a imposé à partir de vendredi minuit dans 16 départements un nouveau « confinement » qui ménage les intérêts du patronat. Ce dimanche, on comptait 138 morts à l’hôpital et plus de 30 000 nouvelles contaminations en 24h dans tout le pays. Les chiffres publiés montraient également que le nombre de malades souffrant de formes graves du Covid-19 a encore augmenté, avec 4 406 patients en réanimation contre 4353 la veille et 4127 la semaine passée. Il faut remonter au 23 novembre dernier pour retrouver un chiffre aussi élevé (4 438).

On assiste depuis plusieurs semaines à un regain de l’épidémie. La contagiosité accrue des variants, le manque de lits et de personnels pèse de tout leur poids sur les épaules de l’hôpital. Le virus est hors de contrôle, avec un taux d’incidence supérieur à 400. Les formes graves semblent également être en plus grand nombre, ce qui sature d’autant plus les services de réanimation.

Pas de personnel, pas de lits : bricolage et lassitude

Face à cette situation sanitaire qui se dégrade, les soignants continuent à devoir faire face au manque de lits et de personnels. Les taux d’occupation sont élevés, et l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et la région Provence Alpes-Côte d’Azur sont déjà saturés. En Île-de-France, la situation est particulièrement préoccupante, avec 1 261 patients hospitalisés en réanimation, soit 11 % de plus qu’au pic précédent en octobre-novembre dernier.

Face au manque de lits, on ne peut pas pousser les murs pour caser les patients Covid. Il faut continuer à déprogrammer d’autres opérations pour faire de la place. Mais cette solution est bien éphémère et démontre assez vite toutes ses limites : au bout d’un moment, les autres services ne peuvent plus non plus accueillir ces patients.

À l’hôpital Raincy-Montfermeil (Seine Saint-Denis), qui hospitalise plus de 100 patients Covid actuellement, les déprogrammations d’autres opérations s’enchaîne et il est clair de la cardiologie à la pneumologie que l’on ne pourra pas continuer à tirer sur la corde bien longtemps. Le personnel soignant est obligé de jongler entre les lits en permanence, de « bricoler », pour essayer tant bien que mal de récupérer des lits, comme en témoigne Almecinda Chabas, qui gère le pôle réanimation de l’hôpital : « En permanence et au jour le jour, on est obligés de s’adapter, on joue aux chaises musicales et c’est dangereux et épuisant pour le personnel. Tout le monde veut du renfort, mais il n’existe pas ! Et là, oui, je pense qu’on arrive au bout de ce qui est faisable »

Même écho du côté de Saint-Nazaire, où le taux d’incidence est beaucoup plus élevé que dans le reste de la région (Loire-Atlantique). L’unité Covid de la cité sanitaire de Saint-Nazaire a été doublé et 20 % des autres interventions ont été déprogrammées pour faire face à l’afflux de patients atteints du Covid-19.

Le problème, c’est qu’une fois ces lits supplémentaires trouvés, il faut aussi faire sans le personnel nécessaire ! Contrairement à l’année dernière, les hôpitaux saturés de certaines régions ne peuvent pas bénéficier des renforts d’élèves infirmiers ou soignants venus d’autres régions.

L’arrivée de nouveaux patients se conjugue aussi à un nombre d’arrêts maladie plus élevés du côté des travailleurs de l’hôpital, épuisés par un an de crise sanitaire. Toujours à l’hôpital Raincy-Montfermeil, ce jeudi 18 mars, il y a eu à la fois 20 nouveaux patients de plus atteints du virus et 6 arrêts maladie supplémentaires chez les infirmières. Et sans elles, il n’est pas possible de maintenir tous les lits de réa ! Selon une enquête, près de 70 % des soignants se déclarent épuisés par le stress et les conditions de travail, avec des démissions de personnels hospitaliers en augmentation.

« On fait du non-stop, on ne s’arrête pas, on ne prend pas de pause, on ne mange pas. » « On a vraiment tous les types de soins et on est toutes seules pour 48 patients. On s’épuise et après on craque. », témoigne une infirmière qui a décidé de démissionner.

Non seulement les conditions de travail des soignants se sont terriblement dégradées, mais malgré leurs mobilisations successives le gouvernement a fait la sourde oreille. Certaines catégories de soignants avaient même été exclus des revalorisations salariales promises par le Ségur de la Santé, et s’étaient mis en grève pour protester en octobre dernier Réorganisations, pas d’embauches, locaux vétustes et inadaptés : la situation catastrophique depuis des années à l’hôpital annonçait clairement l’impossibilité de faire face à l’épidémie correctement.

Les dirigeants de l’hôpital public entérinent cette surcharge de travail, comme en Ile-de-France où le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch,a affirmé que face à la situation sanitaire, « Les soignants vont travailler 48 heures par semaine sans congé dans les deux ou trois semaines ».

Transfert de patients : un pansement sur une jambe de bois

Face à l’engorgement des services de réanimation, le gouvernement vante la solution du transfert de patients, notamment depuis l’Ile-de-France. C’est aussi ce qui se passe dans les Hauts-de-France où 100 malades ont été évacués, la plupart vers d’autres départements de la région. À Saint-Nazaire, ce sont des patients non-Covid qui ont dû être transféré vers le CHU de Nantes dans le service de réanimation.

Le problème, c’est que cela ne fait que déplacer le problème, et masquer l’urgence d’ouvertures de lits en réanimation là où ils sont nécessaires. De plus, ils ne peuvent s’effectuer qu’au compte-goutte, car « la totalité des services de réanimation, sur l’ensemble du territoire national, sont quasi à saturation » d’après Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), mercredi 17 Enfin, peu de patients graves sont dans un état suffisamment stable pour pouvoir être évacués : à peine plus de 10 % selon Hirsch sur RTL. Depuis l’Île-de-France ce ne sont donc finalement que 10 patients qui ont pu être transféré avec à leur bord jusqu’à 80 patients dans un état grave, mais resteront à quai pour le moment. En tout, dix patients seulement ont donc pu être transférés hors de la région entre le 14 et le 17 mars.

L’urgence : des embauches, des moyens !

Non seulement le gouvernement n’a rien fait cette année pour augmenter le nombre de lits en réanimation, mais les fermetures de lits se sont poursuivies. Depuis des années, le budget des hôpitaux n’a cessé d’être baissé. Le mot d’ordre, au fil des gouvernements successifs : faire des économies à tout prix et fonctionner à flux tendu, selon la logique de rentabilité qui est la norme au détriment de la santé de la population.

Le quotidien des soignants écrasés par une charge de travail énorme n’est pas circonscrit à la réanimation ou aux urgences. La situation actuelle, où les soignants se retrouvent obligés de trier les patients, est l’aboutissement de décennies de casse de l’hôpital, de fermeture de lits et de suppressions de postes.

Et au lieu d’investir massivement dans les centres de dépistages et les masques gratuits lorsqu’il était encore temps de le faire, au lieu d’ouvrir des lits et d’embaucher des soignants, tout ce que propose le gouvernement est une gestion répressive de la crise sanitaire. La gestion calamiteuse de la pandémie trouve son apogée dans le vrai-faux confinement, avec pour seule préoccupation de maintenir à tout prix l’activité productive pour ne surtout pas nuire aux intérêts des grandes entreprises. Au-delà d’une stratégie prévention pour briser les chaines de contamination, plus que jamais, l’urgence d’un vrai plan sanitaire à la hauteur se fait sentir : ce qu’il faut, c’est des moyens pour l’hôpital, des embauches de personnels sous statut, des créations de lits.

 
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