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La Izquierda Diario
18 de mars de 2021 Twitter Faceboock

"Diplomatie des vaccins"
Apartheid vaccinal contre les Palestiniens : non l’État d’Israël n’est pas un modèle
Sadek Basnacki

L’État israélien est porté aux nues pour sa campagne vaccinale par la plupart des médias dans le monde. Mais si 50 % de sa population est cela se fait aux dépends des Palestiniens.

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Crédits photo : AFP / JACK GUEZ

« Israël pays modèle » titrait Paris Match, BFM de son côté se demandait « pourquoi la campagne de vaccination israélienne est devenue un modèle ». La plupart des médias dans le monde porte aux nues la campagne de vaccination de l’État israélien. Il n’y a que très peu de journaux qui la remette en question notamment autour du fait que cette campagne se fait aux dépends des Palestiniens, considérés comme des citoyens de seconde zone.

Depuis plusieurs jours, on peut voir partout des images venant de l’État israélien, montrant des terrasses ouvertes et bondées, des sportifs sans masques dans des salles de sports etc. Il est possible d’y accéder seulement si on a été vacciné ou si on a déjà attrapé le Covid. La base de ce succès serait une campagne de vaccination massive associée à la mise en place d’un passeport spécial. Une campagne vaccinale qui a commencé en décembre.

Le gouvernement israélien a passé un contrat avec le laboratoire américain Pfizer, qui, en échange du partage des données épidémiologiques, a fourni d’énormes stocks de vaccins. C’est un pari pour Netanyahu qui va une fois encore devoir faire face à une élection (la quatrième en deux ans) où il jouera sa réélection, empêtré dans des affaires politico-financière. En se posant en sauveur face à la pandémie, il espère bien être réélu. De fait, il a fait le choix de vacciner en priorité les Israéliens, soumettant le peuple palestinien à un véritable apartheid vaccinal.

Plus de 5 millions de vaccinés mais combien de Palestiniens ?

En 2020, le Bureau central israélien des statistiques expliquait que la population israélienne est composée de 6,8 millions de Juifs (74%), 1,93 million d’Arabes (21%) et 454 000 chrétiens non arabes ou adhérents d’autres confessions (5%). D’après le journal Haarvetz, 56 % de la population a reçu une dose de vaccin et 48 % les deux doses.

Mais le gouvernement israélien commence juste à vacciner les ouvriers palestiniens. Il est question de vacciner 80 000 Palestiniens qui ont un permis de travail dans l’État israélien, ainsi que 35 000 Palestiniens dans les colonies illégales israéliennes. Cette campagne de vaccination est organisée par la Coordination of Government Activities in the Territories, une officine de l’armée qui gère entre autre les checkpoints par lesquels les Palestiniens doivent passer quotidiennement pour aller travailler en zone israélienne. Pour être vaccinés, ils doivent présenter leur papier d’identité et leur permis de travail. S’ils ne se font pas vacciner ils sont menacés de licenciement par leurs employeurs.

C’est donc une petite minorité des Palestiniens qui sont concernés. L’État israélien va à l’encontre de la convention de Genève qui oblige une force d’occupation de mettre en place des « mesures prophylactiques et préventives nécessaires pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies ». Mais le gouvernement israélien renvoi aux accords d’Oslo qui stipule que l’Autorité palestinienne est souveraine en matière de santé.

Une situation préoccupante en territoire palestinien

La situation est plus que préoccupante en Palestine. Entre 80 et 100 % des lits de réanimation sont occupés en Cisjordanie et à Gaza. La Cisjordanie est obligé de reconfiner tellement l’épidémie s’y développe. Le taux de Palestiniens vaccinés est très faible. La cause ? La corruption de l’Autorité palestinienne mais surtout la politique israélienne et son blocus de Gaza.

Les vaccins sont indissociables des jeux politiques en Palestine et dans l’État israélien puisque des élections sont prévues dans les deux territoires dans les prochains mois. En Palestine, le rival de Mahmoud Abbas, Mohammed Dahlan, a fait parvenir 40 000 doses de vaccins dans la Bande de Gaza grâce aux Émirats arabes unis. Abbas est mis en difficulté, il attend toujours des doses promises par la Chine. Celles de l’OMS se font aussi attendre et l’État israélien ne lui a fourni que 2 000 doses alors qu’il dispose d’un stock conséquent (pas moins de 7,5 millions de doses Pfizer).

Abbas est impliqué également dans un scandale lié au vaccin. L’Autorité Palestinienne, sur ces 12 000 doses, aurait fait vacciner le personnel hospitalier de Cisjordanie mais alors qu’il y a très peu de doses en auraient fournis 200 à la Jordanie. Les cadres de l’AP se seraient également fait vacciner en priorité ainsi que certains membres de leurs familles.

Le blocus de la Bande de Gaza par l’État israélien a un impact direct sur l’accès aux vaccins. Les différentes opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, avec leur lot de bombardements d’hôpitaux, d’ambulances et les membres des services de santé tués, ont dramatiquement endommagé le système hospitalier. Le blocus empêche Gaza de se relever et de développer son système de santé. Avant même la pandémie, Gaza avait un système de santé au bord de l’effondrement.

Au lieu de fournir des vaccins aux Palestiniens, Netanyahu a choisit la diplomatie des vaccins en fournissant des doses au Honduras, au Guatemala, à la Hongrie et à la République tchèque : des alliés de Netanyahu dont certains ont déplacé leur ambassade à Jérusalem et qui ont dans l’ensemble tous soutenu l’État israélien dans son optique de faire de Jérusalem sa capitale, dépossédant ainsi les Palestiniens.

L’État israélien n’hésite pas à empêcher les vaccins d’arriver à Gaza. 2000 doses de vaccins avaient été bloquées en février dernier, l’État colonial faisant du chantage au Hamas qui a la main mise sur la bande de Gaza. Si ces derniers relâchaient deux otages détenus à Gaza, alors les vaccins seraient autorisés à passer à Gaza.

L’État israélien n’est pas un exemple dans sa campagne de vaccination. Et en premier lieu parce que Netanyahu a fait le choix politique criminel de faire vacciner une partie non négligeable de travailleurs après tout le monde, simplement parce qu’ils sont Palestiniens. L’État israélien mène en toute impunité, et sous l’applaudissement des médias, sa politique coloniale qui se traduit par un apartheid vaccinal. Sans aucune peur de condamnation à l’international puisque l’État israélien est un allié indispensable pour les puissances impérialistes dans la région, d’autant plus alors qu’une usine de production de vaccins devrait ouvrir en Israël, renforçant ainsi sa politique de « diplomatie des vaccins » au détriment total des Palestiniens.

 
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