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12 de février de 2021 Twitter Faceboock

Grenoble
Violences policières : « Sale négro », « t’as de la chance qu’il y avait mes collègues sinon je t’aurais déjà crevé »
Ivan Luxemburg

À Grenoble, au tout début du premier confinement, un jeune homme de 23 ans a été violemment agressé par les CRS alors qu’il dénonçait un contrôle au faciès. Insulte raciste, tabassage, Raphaël a même été mordu. Les CRS ont osé porter plainte contre lui.

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Crédit photo : DR

Streetpress a révélé que le 24 mars 2020, alors que le premier confinement débutait tout juste, Raphaël, jeune charpentier de 23 ans, a été agressé par des CRS. Pourquoi ? Pour avoir dénoncé un contrôle au faciès de ces CRS sur un livreur.

Ce jour là, Raphaël, bricolant à l’entrée de son immeuble, aperçoit des CRS contrôler à plusieurs un livreur noir alors qu’ « en même temps, des personnes non racisées passaient tranquillement », comme explique le jeune homme à Streetpress. Il ose alors dénoncer ce type de logique raciste à l’œuvre devant ses yeux, mais la réaction des CRS est immédiate : Raphaël, lui même racisé est pris à parti par les forces de répression. « Ils m’ont dit : “Sors de chez toi, sale tapette !” ».

Ayant refusé de sortir de chez lui, les agents lui assènent sans transition des coups dans les côtes et au visage. Pour le forcer à venir à l’extérieur, les CRS lui tirent les cheveux et essayent de le traîner. Le CRS qui lui arrache même plusieurs dreadlocks. La tête déjà ensanglantée, il tente de se la protéger avec sa main droite, mais ce geste n’a eu pour seul effet que d’offrir l’occasion à l’agent de lui mordre le majeur.

Raphaël se fait ensuite embarquer en direction du commissariat de Grenoble. Le CRS qui l’a sorti du bâtiment en le trainant par les cheveux se met en face de lui dans le fourgon et lui dit « Sale négro » ; « t’as de la chance qu’il y avait mes collègues sinon je t’aurais déjà crevé ». Une fois au commissariat, il est placé en garde à vue. Il demande plusieurs fois à voir un médecin. Celui-ci arrive deux heures plus tard. Il lui apporte des soins et lui prescrit trois jours d’ITT et explique plusieurs fois aux policiers qu’il faut emmener Raphaël aux urgences. Ils le feront, mais seulement le lendemain matin, laissant Raphaël torse nu en cellule toute la nuit. Une fois aux urgences les blessures sont constatées et on lui prescrit plusieurs jours d’ITT.

Dès le lendemain, Raphaël entreprend de porter plainte contre l’agent qui l’a agressé, dont il ne connaît pas l’identité. Après avoir essuyé refus sur refus dans 3 hôtels de police et deux gendarmeries de la région, sa plainte n’aboutira pas ce jour-là. Les forces de répression se serrent les coudes, montrant qu’il est quasiment impossible de porter plainte contre des policiers dans un commissariat.

Quelques jours plus tard, Raphaël reçoit une plainte qui émane de l’agent qui l’a agressé pour « outrage et violences à personne dépositaire de l’autorité publique ». Il s’agit là d’une pratique très courante chez les policiers. Porter plainte pour outrage afin de décrédibiliser la victime et empêcher que celle-ci porte plainte elle-même. En 2017 sur France Inter, l’anthropologue Didier Fassin expliquait que « Très souvent, les violences policières sont dissimulées derrière des outrages et rébellions. Si une personne blessée porte plainte alors qu’il n’y a pas de preuves, les policiers se retournent contre elle en parlant d’outrage et de rébellion. » Surtout que dans ces cas-là, la parole d’un agent dépositaire de l’autorité publique fait foi sauf preuve du contraire.

Lors de l’audience où aucun des quatre agents n’étaient présents, Raphaël découvre qu’il est accusé d’avoir frappé de la main droite l’agent. Au sujet de la morsure, l’agent aurait donné une explication qui pourrait prêter à sourire si ce n’était pas si grave de conséquences pour le jeune charpentier. D’après StreetPress, l’agent aurait présenté les choses ainsi : « L’homme m’a porté un coup avec sa main droite au niveau de mon visage […] La main de l’individu a glissé sur mon visage et plusieurs de ses doigts ont terminé leur course au fond de ma bouche. J’ai eu le réflexe de fermer ma bouche et j’ai senti une résistance. »

Raphaël écope de 4 mois de sursis, de 600€ de dommages et intérêts et de 500€ de frais de procédure. Il a fait appel de cette sentence. Il pourra s’appuyer sur de nouveaux éléments qui confortent sa version.

« Le Tribunal correctionnel n’ayant pas fait droit à nos demandes en première instance, il a été décidé d’interjeter appel du jugement afin de présenter à la Cour d’Appel des éléments qui établissent que, contrairement à ce qu’ils ont indiqué, les policiers sont bien entrés dans son domicile » précise Maître Delphine Combes. La montre “connectée” de l’agent qui a agressé Raphaël., dont les données permettent d’attester qu’elle lui appartient, a par exemple été retrouvée sous l’escalier où le charpentier dit s’être fait agresser. Une plainte a été déposée à l’encontre de cet agent auprès du parquet de Grenoble par l’avocate de Raphaël.

Cette affaire est un exemple de plus du racisme systémique de la police ; mais aussi de l’impunité la plus totale dans laquelle ils peuvent tabasser et insulter ceux qui osent dénoncer de tels agissements.

 
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