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10 de février de 2021 Twitter Faceboock

Expulsion
Bordeaux. Sur ordre préfectoral, la police expulse le squat LX Perchatte en plein hiver
Correspondant.e.s Bordeaux
Observatoire social et du travail Bordeaux

Ce lundi 8 février à 7 heures du matin, une vingtaine de CRS ont expulsé le squat LX Perchatte, laissant 3 familles et une dizaine de personnes à la rue. Une fois de plus, les politiques xénophobes et racistes de la Préfecture cautionnées par la Mairie sont à l’œuvre !

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L’expulsion du squat Lx Perchatte - rue Hortense à la Bastide à Bordeaux - a été brutale ce lundi 8 février. Dès 7h une vingtaine de CRS ont forcé les habitants à quitter les lieux sur ordre de la Préfecture, qui opère main dans la main avec la Mairie de Bordeaux comme l’explique le communiqué du Squat ci-dessous. Ce sont 3 familles et une dizaine de personnes qui se retrouvent sans solution d’hébergement en pleine période hivernale et de crise sanitaire !

Voici le communiqué des habitants du Lx Perchatte, redirigeant vers une vidéo de l’expulsion :

« Le lieu est public dans la mesure où il appartient au Ministère de la Défense. Le bien est effectivement géré par CDC HABITAT, soit la Caisse des Dépôts et des Consignations, une institution publique dont l’Etat est à 100% actionnaire. Il s’agit donc d’une expulsion dont l’Etat est commanditaire et la Mairie complice. ». Dans l’article de Rue 89, William Harroué, directeur interrégional de CDC Habitat Sud Ouest, déclare : « En mai 2019, nous avons obtenu une ordonnance de référé, qui a prononcé l’expulsion. Nous en avons informé les intéressés. Le 12 janvier dernier, nous avons demandé la réquisition de la force publique pour déloger les occupants.e ». Une fois le bâtiment libre et rénové, il sera réaménagé pour accueillir des bureaux du Ministère de la Défense : cela résume donc à expulser des personnes précaires de leur lieu de vie et ces dernières se retrouveront de fait écartées du centre-ville, pour y installer un bâtiment qui servira de relais supplémentaire aux institutions coercitives de l’Etat.

La Mairie quant à elle réfute sa responsabilité dans un communiqué publié dans l’après-midi de lundi et cité par le même article de Rue 89 auquel nous renvoyons plus haut. Elle y déclare « avoir appris ce week-end la volonté de l’Etat d’expulser de façon imminente  ». Or nous avons également publié un article ce week-end dans lequel nous expliquions qu’ : « une enquête sociale a été menée en octobre 2020 afin de répondre aux besoins de tous, mais aucune proposition de relogement n’a été faite aux habitant.e.s. [...] Plus que l’inaction de la Mairie, nous soulignons sa complicité. En effet, la mairie a financé et initié la construction d’un groupe scolaire mitoyen au squat. Avant toute construction, la Mairie se doit d’effectuer un référent indicatif, Pierre Hurmic et son équipe sont donc au courant de l’existence de ce squat  ».

Le communiqué de la Mairie affirme donc en suivant que « le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale, institution de l’Etat et de la Mairie) de Bordeaux s’est mobilisé [...] pour proposer un soutien et un accompagnement social si besoin ». Laurent Chivallon, président au CCAS depuis vingt ans, était bien présent ce lundi sur les lieux de l’expulsion. Cependant, si Laurent Chivallon a fait acte de présence, il n’a apporté aucune solution.

La Préfecture de son côté déclare que «  les trois familles délogées vont être prises en charge par le 115. Personne ne sera à la rue. En fonction de chacun, des solutions seront proposées. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) se chargera d’analyser les situations des cinq adultes isolés  ». Mais quelle est la réalité de tout cela ?

La seule solution de fortune que donne la Préfecture est bien dérisoire : 3 nuits d’hôtel pour chacune des trois familles… et ensuite ? Une des 3 familles n’a même pas pu se présenter à l’hôtel car elle est en Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), l’expulsion du squat l’a par conséquent condamnée à devoir se cacher dans la mesure où elle peut à tout moment être expulsée du territoire par la police des frontières. Quant aux deux autres familles, après les avoir expulsées, la Préfecture les a placé en Centre d’hébergement d’urgence le restant de la journée. En revanche pour que l’expulsion se déroule le plus vite possible, cette dernière a pris soin d’engager des déménageurs pour que toutes les affaires du squat soient emmenées à la déchetterie.

De la même manière une étudiante sans-abri qui habitait dans le squat depuis 2 ans témoigne anonymement auprès de Révolution Permanente : « Cela fait maintenant 3 mois que, suite à l’enquête sociale de la Préfecture qui était censée recueillir les besoins et attentes des habitants du squat, j’attends un hébergement comme on me l’avait promis mais rien ne m’a été proposé le jour où nous avons été expulsé. Seule une représentante du CROUS était là pour me proposer un logement social, mais je n’avais jamais été en contact avec eux avant et je ne savais même pas que je parlais avec le CROUS jusqu’à ce qu’elle me le dise dans la discussion. On m’a proposé un logement social dans la précipitation de l’expulsion, rien avant et pas de nouvelles ensuite. Finalement je me retrouve sans rien et sans toit ». Voilà la réalité de la politique de Hurmic derrière le vernis social et l’adresse aux plus précaires et aux jeunes.

Une mairie hypocrite

Pierre Hurmic faisait déjà de cette question du logement une priorité de son programme Bordeaux Respire aux élections municipales. Plusieurs mesures y étaient annoncées partant du constat qu’il manque de logements sur la métropole bordelaise, il assurait vouloir donner 1500€ à un propriétaire foncier pour qu’il remette son bien en location s’il est vacant depuis 24 mois ; ce n’est qu’ensuite, comme une hypothèse de second plan, qu’il déclare pouvoir « user du droit de réquisition des logements vacants si nécessaire ».

Pourquoi ces réquisitions ne sont-elles jamais appliquées alors que cela est possible et que Hurmic lui-même y appelait de ses vœux ? Il apparaît clairement que la raison se trouve dans l’impossibilité de concilier d’une part les intérêts des propriétaires fonciers -que Hurmic ne voudrait en aucun se mettre à dos- avec, de l’autre, une politique sociale qui réponde aux intérêts, non pas des propriétaires, mais de la majorité de la population. En dernière instance les réquisitions de logements vides ne sont jamais appliquées parce que Hurmic se plie aux exigences des propriétaires qui refusent de voir leurs biens réquisitionnés.

Le cas présent démontre indéniablement qu’il ne suffit pas de présenter un programme électoral. Que la Mairie soit de droite ou de "gauche" elle se heurte inévitablement aux contraintes institutionnelles, qui ne sauraient être levées par la seule bataille au sein des institutions et instances municipales. Philippe Poutou, élu municipal pour Bordeaux en luttes déclare quant à lui dans une interview à Sud Ouest que « comme toujours avec la gauche de pouvoir ce sont des renoncements. On le voit avec la Rue bordelaise. Il y a toujours une raison, juridique, économique... pour dire, on ne peut pas. Avoir des convictions, ce n’est pas juste agiter des idées généreuses.  ». Nous rejoignons le constat de Philippe Poutou, avec lequel nous militons au sein du Nouveau Parti Anticapitaliste, la gauche au pouvoir ce sont effectivement des renoncements et le cautionnement des politiques néolibérales.

En l’occurrence, il est urgent de mettre fin aux politiques criminelles de l’Etat et de son relais par la Préfecture qui expulse à la chaîne les squats bordelais.

Alors qu’il y a actuellement 22.000 logements vacants sur la métropole bordelaise, il s’agit de poser d’urgence la question de leurs réquisitions afin de loger tous les habitants du LX Perchatte et les 3000 personnes mal-logées ou sans domicile fixe de la Métropole bordelaise. Il faut mettre fin immédiatement à toutes les nouvelles expulsions.

De la même manière une véritable politique sociale doit être en rupture totale avec les discours et les politiques racistes racistes et sécuritaires : il faut exiger la régularisation de toutes les personnes sans-papiers .

 
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