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4 de février de 2021 Twitter Faceboock

"Affaire Bylka"
Procès des flics de la Goutte d’Or : les sales méthodes de la BAC
Ivan Luxemburg

Ayant supervisé et tiré profit des trafics de stupéfiants dans la quartier de la Goutte d’Or, une équipe de la BAC et son chef de file « Bylka » ont été placé au banc des accusés mercredi dernier. Une affaire de grande ampleur, où l’institution policière se libère et prend ses aises.

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Crédit photo : DR

Ce mercredi 3 février au tribunal correctionnel de Paris, un procès accueille comme accusés 6 agents de la BAC du 18ème arrondissement de Paris et deux complices-suspects. Corruption, trafic de stupéfiants, faux en écriture publique, vol et détournement de fichiers : les chefs d’accusation s’accumulent à l’encontre des agents appelés la « bande à Bylka ». Implantée dans le quartier de la Goutte d’Or, cette équipe de la BAC est en effet soupçonnée depuis plusieurs années de mener des opérations frauduleuses pour façonner à son profit le trafic du quartier.

Ces soupçons ne sont pas nouveaux, mais se multiplient depuis des années. L’ébruitement grandissant a conduit le commissariat du 18ème à ne plus détourner les yeux de l’affaire et à en relayer les plaintes auprès de l’IGPN durant l’été 2018. Une enquête judiciaire a donc été ouverte dans la foulée pour scruter de plus près les faits et gestes de cette équipe de la BAC et le rôle qu’elle joue dans les affaires du quartier.

Un an plus tard, durant l’été 2019, comme le rapporte Medipart : « plusieurs policiers parisiens membres du même groupe, à la BAC jour du XVIIIe arrondissement de Paris, ont été mis en examen pour des infractions particulièrement infamantes, quand on exerce leur métier : corruption, trafic de stupéfiants, faux en écriture publique, vol et détournement de fichier. »

Mais à mesure que l’enquête avance, une figure se démarque et semble être le chef de file de ces opérations : « Balky », surnom du brigadier de la BAC Karim M. de 47ans et en poste depuis plus de 15 ans dans le quartier de la Goutte d’Or. Félicité et récompensé par sa hiérarchie à 14 reprises, ce brigadier multiplie les interpellations tout en se forgeant la réputation d’être le « chef des affaires du quartier ». En réalité, le brigadier fermait les yeux sur les trafiquants qui le soudoyaient pour interpeller arbitrairement des personnes hors de tout trafic ou des trafiquants ne passant pas par son intermédiaire. Il recevait de l’argent des premiers pendant qu’il multipliait les arrestations de personnes à qui il imputait à tort la détention de stupéfiants (en glissant des substances durant les contrôles, les gardes-à-vue, etc.).

Outre les victimes d’un trafic de drogues rendu pérenne, « Bylka » a fait de nombreuses victimes collatérales de son affaire ] : « L’un de ces procès-verbaux a gâché la vie d’Aymen, un sans-papiers égyptien qui dit avoir été piégé avec un sachet de cocaïne puis condamné, incarcéré et expulsé du territoire. »

Face à ces révélations, la défense du brigadier dénonce la complicité de la hiérarchie :
« Sa hiérarchie le savait pertinemment mais fermait les yeux puisqu’il faisait de belles affaires », insiste un de ses avocats, M. Patrick Maisonneuve. Difficile à trancher, mais hypothèse plausible.

Le bilan que l’on peut tirer de cette affaire est qu’elle ne constitue pas une exception à la règle ou un phénomène isolé de l’appareil policier. La logique du chiffre et l’impunité qui structurent le fonctionnement de la police ont joué un rôle important dans cette affaire de grande ampleur. Mais « Bylka » n’est qu’un nom parmi tant d’autres, qui restent le plus souvent à l’ombre des regards. Et des phénomènes similaires, peut-être plus graves encore, ont lieu à tous les étages de cet appareil répressif. Comme on l’a vu de manière éclatante avec l’affaire Guéant, ancien premier flic de France accusé d’avoir détourné des centaines de milliers d’euros, la corruption est un phénomène récurrent au sein de cette institution, dont les membres jouissent le plus souvent d’une impunité totale.

 
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