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La Izquierda Diario
22 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Blanchisserie en grève !
Bordeaux. Les travailleurs de la blanchisserie de l’hôpital Haut-Lévêque en grève illimitée
Hagop Zimmer

Jeudi matin, les buandiers de l’hôpital Haut Lévêque à Pessac tenaient un piquet pour leur 1er jour de grève de l’année. Luttant depuis un moment déjà pour l’amélioration globale de leurs conditions de travail, ceux-ci étaient bien présents sur le parvis de la blanchisserie, déterminés à se faire entendre.

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Les petites mains que le gouvernement voudrait invisibles

Ce n’est pas la première fois que les salariés de la blanchisserie de l’Hôpital Haut Lévêque mettent en lumière les conditions de travail dégradées dans lesquelles ils travaillent tous depuis des années déjà. Assurément, elles font partie des petites mains invisibles du CHU. Celles dont personne ne se soucie. Celles qui dans l’ombre du complexe hospitalier effectuent un travail pourtant essentiel au bon fonctionnement de l’ensemble du système de soin, de ses différents services, sans qui un hôpital ne pourrait pas tourner et qui évidemment sont également au front face au Covid 19 comme l’ensemble du personnel hospitalier depuis le commencement de la crise sanitaire.

Néanmoins, dé-considérées par leurs employeurs et à plus larges échelles par la politique du gouvernement et de tout un système capitaliste néolibéral qui organise depuis des décennies la casse de nos services publics et de nos hôpitaux, elles ont dû, dès le mois de juillet 2020 mener une première lutte et montrer au grand jour leurs situation. Le gouvernement avec un mépris sans bornes ne considérait pas que la prime spéciale Covid de 1500 euros devait concerner l’ensemble du personnel, mais seulement dans certains hôpitaux, 40% du personnel dans d’autres, dont le CHU de Bordeaux. Ainsi, la direction n’a pas voulu verser la “prime au mérite” pour le personnel de la blanchisserie.

Quand les invisibles décident de devenir visibles

Pour les buandiers, ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien trop plein. Ainsi ils se sont mis en grève le 6 Juillet dernier contre l’inégalité de ce traitement, pour exiger la reconnaissance de la prime Covid pour la totalité du personnel et donc 1500 euros pour tous. Mais la colère du service ne s’arrêtait pas à l’obtention de la prime et très vite, les invisibles se sont rendus visibles et se sont mis à parler. Le bilan ? Des conditions sanitaires déplorables qui, loin d’impacter seulement le seul service de la buanderie, risquaient de s’étendre à d’autres services ; une usine vieillissante, des pannes récurrentes sur les machines et un véritable scandale qui durait depuis le début de la crise sanitaire : les buandiers, en charge du linges sales le faisaient à mains nues, sans protections individuelles fournies (ni masques ni gant) comme en témoignait déja à notre média Marie Laure Charchar,, Secrétaire générale CGT blanchisserie du CHU de Bordeaux en avril 2020. Mais ça ne s’arrête pas là, le personnel a reçu à la même époque pour recommandation de laver et redistribuer les surblouses à usage unique pour les soignants, ce que les fabricants des mêmes surblouses déconseillaient formellement.

Tant d’exemples illustrant le mépris économique, sanitaire et humain généralisé que peut porter le gouvernement Macron et sa politique à l’égard des ouvriers et ouvrières, des salariés et de l’ensemble du personnel soignant. Ces derniers ont oeuvré et œuvrent toujours depuis la pandémie au maintien de la santé publique sans que jamais des moyens à la hauteur de la situation ne soient mis en place pour que le travail soit effectué dans des conditions décentes.

Le cas de la mobilisation de la blanchisserie de l’hôpital Haut lévêque rapelle un autre cas dans la région, celui du secteur du service de la logistique de l’hôpital Pellegrin en octobre dernier à Bordeaux. Secteur qui lui aussi a mené une grève et lutté, et qui tout comme les Buandiers est indispensable à la vie et la bonne tenue de l’ensemble des autres services du système de soin d’un hôpital. Tous deux ont dû se battre pour la prime Covid, ainsi que pour des embauches tout en dénonçant un sous-effectif et des conditions de travail déplorables. Un service qui lui aussi fait partie des petites mains invisibles et des oubliés de l’hôpital.

On peut également citer le cas de la grève des sages-femmes qui a eu lieu en Novembre dernier et qui elles aussi revendiquaient l’amélioration de leurs conditions de travail, dénonçaient le manque de moyens humains, ainsi que la vétusté des locaux.

On pourrait encore trouver d’autres exemples pour illustrer cette vérité mais le constat fait par les différents services en grève, par les différentes mobilisations des soignants en général, est sans équivoque et tire les mêmes conclusions : l’hôpital va mal, l’hôpital est méprisé et le gouvernement mène une politique sanitaire criminelle. Tout cela tandis qu’il subventionne des milliards à des grands groupes capitalistes qui continuent de s’enrichir et qui pourtant multiplient les PSE à travers le monde.

Après plusieurs mois, aucune amélioration des conditions de travail à la blanchisserie de Haut Leveque. Retour à la grève pour les Buandiers !!!

Les buandiers ont réussi au prix d’une première grève exemplaire à arracher au gouvernement la prime covid de 1500 euros pour tous, mais pour autant, aucune de leurs autres revendications n’ont été prises en compte. Et la mascarade du Ségur de la santé n’y aura rien changé : les effectifs n’ont toujours pas augmenté, les arrêts maladie de longue durée ne sont pas remplacés, l’usine est toujours vieillissante, le matériel défectueux et le service est désormais soumis à une cadence infernale. Une première journée de grève pour un préavis illimité a donc été appelée ce lundi par l’intersyndicale [CGT Blanchisserie et Sud Santé sociaux]. Une grève qui frôle la moitié des effectifs malgré le nombre de collègues assignés au service minimum. Les buandiers ont donc tenu un piquet le matin suivi d’une assemblée générale où plusieurs prises de paroles ont eu lieu. Une grève illimitée y a été décidée à partir de ce jeudi avec une reprise de la mobilisation et d’actions dès lundi, ce qui démontre la détermination des grévistes à ne pas en rester là. Nous avons à cette occasion pu interviewer de nouveau Marie Laure Charchar qui a pu préciser l’organisation et l’état de cette grève, des non-négociations, des revendications portées, etc

Un programme d’urgence pour l’hôpital et vite !!!

On ne cesse de le répéter : il faut du fric pour la santé ! Or du fric il y en a et on sait où : dans les poches du patronat, auxquels le gouvernement donne des milliards d’euros en cadeau. Il est temps de faire payer la crise à ses vrais responsables, les grands capitalistes, les grands groupes qui ne cessent de s’enrichir sous perfusion constante de l’État capitaliste, pendant que les classes laborieuses et populaires paient la crise aussi bien financièrement mais aussi psychologiquement et physiquement. En ce sens, il nous semble urgent de revendiquer à l’unisson un impôt à effet immédiat sur les grandes fortunes pour financer massivement le système de santé tant en termes d’infrastructure que de moyens humains et matériels. Nous exigeons également que la santé privée devienne publique, et que l’ensemble soit centralisé sous le contrôle des travailleurs de l’hôpital, qui savent le mieux ce dont ils ont besoin dans leur métier. Les métiers du soin ainsi que tous les métiers qui touchent de près ou de loin au système de santé ne doivent plus êtres soumis à des logiques économiques et financières et à l’anarchie du néolibéralisme. Notre santé n’est pas à vendre.

Révolution Permanente apporte tout son soutien aux salariés de la blanchisserie du CHU Haut-Levêque et appelle l’ensemble des secteurs mobilisés dans la période à coordonner leurs luttes pour mettre fin à un système qui mène une offensive globale contre notre classe et à laquelle nous devons nous aussi répondre par une offensive globale.

 
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