Cent élèves du Lycée Paul Eluard à Saint-Denis soutenus par de nombreux collectifs et personnalités appellent à « l’abandon de toutes les charges » contre les lycéens interpellés en novembre et à « la justice face aux violences policières qu’ils ont subies ». « En plus de nous envoyer dans nos établissements sans nous protéger du virus, l’État tente de mater notre mobilisation pour un protocole sanitaire à la hauteur de la crise ». Ils demandent la fin de la répression et des violences policières.
Le lundi 2 novembre, alors qu’Emmanuel Macron venait d’annoncer le reconfinement sur l’ensemble du territoire, les établissements scolaires faisaient leur rentrée avec un protocole sanitaire loin d’être à la hauteur de la crise sanitaire, le ministre de l’Éducation nationale se contentant de simples mesures appliquées depuis la rentrée « si possible ».
Face au déficit de normes et matériels sanitaires dans notre établissement, nous, élèves du lycée Paul Eluard à Saint-Denis dans le 93, avons décidé de nous mobiliser dès le premier jour de la rentrée pour exiger un véritable protocole sanitaire.
Les images sur les réseaux sociaux de la journée de lundi où l’on pouvait voir cours et couloirs remplis d’élèves dans les différents établissements scolaires ont démontré la légitimité de nos revendications, pour notre santé et celles de nos proches.
A cette mobilisation de la jeunesse et des travailleurs de l’éducation (professeurs, AED), l’État n’a répondu que par les coups de matraque et les gaz lacrymogènes.
Dès mardi matin, une quarantaine d’élèves du lycée Colbert à Paris étaient réprimés devant leur établissement et écopaient d’une amende de 135 euros chacun.
Dans notre lycée, mercredi 4 novembre aux alentours de 13h, alors que nous étions devant notre établissement scolaire, la police a débarqué soudainement et a procédé à 5 interpellations arbitraires violentes, comme en témoignent les images. Dans les voitures de police et au commissariat, les lycéens interpellés ont reçu de multiples coups et insultes. Quatre des cinq lycéens seront libérés seulement après 21h, n’ayant pas eu la possibilité d’avoir un seul contact avec leurs parents, ni de choisir librement leur avocat. L’un d’eux sortira du commissariat une plaie à l’arcade et à la lèvre, ses lunettes de vue cassées.
Cet acte, si violent soit-il, n’est pas un acte isolé.
Ces dernières semaines nous avons pu observer une multitude d’images montrant la répression que les lycéens ont subie, à Saint-Nazaire, à Lyon ou au lycée Colbert, Bergson et Brassens à Paris.
Cette répression est intolérable : en plus de nous envoyer dans nos établissements sans nous protéger du virus, l’État tente de mater notre mobilisation pour un protocole sanitaire à la hauteur de la crise, en nous réprimant.
Aujourd’hui, les lycéens interpellés lors de ce mouvement craignent des suites judiciaires.
Nous exigeons donc par cette pétition l’abandon de toutes les charges des lycéens de Paul Eluard interpellés, ainsi que des autres lycéens en France, et la justice face aux violences policières qu’ils ont subies.
Soutien à toutes les victimes de la répression et des violences policières !
Des lycéennes et lycéens de Paul Eluard
Tribune soutenue par :
Collectifs et victimes de violences policières :
Comité Verité et Justice pour Gaye Camara
Collectif Oliv’vit’haut
Collectif Sélom Matisse
Justice pour Cédric Chouviat
Ramata et Fatou Dieng du Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng et Le collectif Vies Volées
Mélanie Ngoye-Gaham, Antoine Boudinet, Vanessa Langard et Les Mutilés pour l’exemple.
Collectif des mères solidaires
C.L.A.P 33 : Collectif bordelais Contre les Abus Policiers
Geneviève Legay, militante victime de violences policières lors du mouvement gilet jaune
Myriam Eckert, victime de violences policières en 2009
Mélanie Ngoye-Gaham, gilet jaune victime de violences policières
Organisation de jeunesse :
Cordination Lycéenne Autonome Paname/Banlieue
NPA jeune
Jeunes Insoumis
SNES 93
Cordination Lycéenne Autonome Paname/Banlieu
Onzième thèse
Le Poing levé
Personnalités :
Fatima Ouassak, politologue, cofondatrice du collectif Front de mères