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La Izquierda Diario
12 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

« Stop lois liberticides, stop islamophobie » : convergence des combats à Paris malgré la pression policière
Paul Morao

Malgré la forte répression la semaine dernière, l’importance des dispositifs policiers et l’absence d’appel de nombreuses organisations, les manifestants étaient nombreux dans les rues aujourd’hui, à Paris et dans le reste du pays. Par milliers, les manifestants ont ainsi imposé, à la base, la jonction entre lutte contre la loi sécurité globale et lutte contre la loi séparatisme.

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Crédits photos : Flora Carpentier

Des milliers de manifestants à Paris malgré la pression répressive et l’appel à la démobilisation

Après le refus de la Coordination stop loi sécurité globale, soutenu par Jean-Luc Mélenchon, d’appeler à la manifestation à Paris en raison des « conditions de sécurité », la mobilisation appelée par le NPA (seule force politique présente), le Collectif du 10 novembre « contre les lois liberticides (sécurité globale et loi sur les séparatismes) » ce samedi s’annonçait difficile. Pourtant, en dépit des nombreux obstacles – des appels à la démobilisation aux rumeurs d’interdiction en passant par la crainte d’une répression violente – plusieurs milliers de personnes ont pris la rue ce samedi. Derrière la grande banderole affichant un mot d’ordre de convergence « Séparatisme, sécurité globale : stop aux lois liberticides, stop islamophobie » ce sont en effet près de 10.000 manifestants qui se sont élancés entre la Place du Châtelet et la Place de la République.

Dans les cortèges, où l’on pouvait retrouver le cortège du NPA, la Marche des Solidarités, les colleuses féministes, de nombreux jeunes étaient présents comme le 28 novembre dernier. « Avec ce climat anxiogène, toutes ces lois liberticides c’était important d’être là : qu’il y ait un appel ou pas, je voulais être dans la rue aux côtés de ceux qui pensent que c’est légitime » expliquait ainsi Clara, lycéenne, au micro de Révolution Permanente. Les organisations anti-racistes et les collectifs de familles de victimes étaient également bien présents, pour faire entendre une voix qui avait jusque-là était relativement marginalisée. Tandis que Omar Slaouti, militant du Front uni des immigrations et des quartiers populaires et l’un des organisateurs de la manifestation, dirigeait la tête de la manifestation, de nombreuses prises de parole ont eu lieu.
 
« Nous sommes là pour dénoncer deux lois. La loi dite « confortant les principes républicains » et la loi sécurité globale. Ces deux lois procèdent d’une même logique de contrôle de la population, et notamment de celles et ceux qui subissent depuis des décennies toutes les oppressions. » a ainsi expliqué une militante anti-raciste au micro. Une volonté progressiste d’allier les colères face à l’offensive autoritaire et raciste du gouvernement, à l’heure où celui-ci cherche à refermer le dossier loi sécurité globale et à ouvrir une nouvelle séquence islamophobe.
 

 
Une convergence qui semblait aller de soi ce samedi dans les rues de Paris, mais qui avait jusqu’alors été largement ignorée, voire refusée, par une partie de la direction du mouvement contre la loi sécurité globale.. Contre toute attente, les milliers de manifestants présents ce jour dans les rues de Paris auront démontré qu’elle était essentielle et pouvait mobiliser largement en dépit de nombreux obstacles.

Un dispositif ultra-répressif et une volonté de reprise en main du gouvernement

Parmi ces obstacles, le dispositif policier n’était pas le moindre. Alors que le 5 décembre dernier l’encadrement était déjà serré avec 6.000 policiers et gendarmes mobilisés par la Préfecture, celui-ci a été encore renforcé ce samedi. Dès le départ de la manifestation, les forces de répression ont quadrillé la Place du Châtelet imposant des contrôles à répétition à l’ensemble des manifestants et menant plusieurs dizaines d’interpellations « préventives ». Des journalistes se sont mêmes vus exiger leurs pièces d’identité afin de pouvoir rentrer dans la manifestation.
 
Dans la continuité de cette volonté de contrôle des manifestants, une stratégie de maintien de l’ordre étouffante et ultra-agressive qui a accompagné la manifestation. A de très nombreuses reprises, les CRS et les BRAV ont ainsi chargé aléatoirement les cortèges sous couvert de prévenir la formation de « black blocs », matraquant les manifestants et en interpellant plusieurs dizaines. Au total, ce sont ainsi plus de 140 interpellations qui auraient été menées tout au long de la manifestation d’après le Ministère de l’Intérieur. A l’issue de la manifestation, la Place de la République a été évacuée manu militari sous les gazs, les canons à eau et les violentes charges de CRS.
 
Une opération policière aux visées de communication claires, dont Darmanin s’est fait le relais tout au long de la journée sur les réseaux sociaux. Tentant d’afficher une « reprise en main » de la rue après les critiques qui avaient suivi la manifestation du 5 décembre dernier, le gouvernement a pu compter sur les médias pour repeindre son offensive contre le droit de manifester en opération chirurgicale et millimétrée. « Notre démocratie en prend un coup, mais au moins ça se passe bien » expliquait ainsi le journaliste Dominique Rizet, sans détour, sur BFM TV, dans un éloge du gouvernement et de l’étouffement policier du droit de manifester au nom de la prétendue « sécurité ». Symbole de cette volonté de dissimuler la violence et l’arbitraire du dispositif, le sang maculant le visage de ce joueur de tambour que BFM TV décrit aux spectateurs comme du « maquillage ».
 

Détermination dans toute la France : continuer à élargir le mouvement !

 
Dans le reste du pays, les mobilisations ont également été suivies. 3000 personnes ont ainsi manifesté à Montpellier, 4000 à Lyon, 2000 à Toulouse, 1500 à Strasbourg, 1500 à Bordeaux. Partout, les manifestants ont ainsi montré leur détermination et la volonté de faire face à l’offensive autoritaire du gouvernement. De quoi mettre partiellement en échec le gouvernement, qui tablait sur un enterrement de la mobilisation, notamment à Paris, où la Coordination Stop loi sécurité globale avait cédé à la pression policière.
 
Une journée qui démontre qu’une colère profonde se maintient face à l’offensive autoritaire du gouvernement. Alors que le lien entre lutte contre la loi sécurité globale et la loi séparatisme, mais aussi la revendication de leur retrait total était dans de nombreuses bouches partout en France aujourd’hui, la convergence des colères doit être à l’ordre du jour. En outre, alors que la réussite de la manifestation parisienne montre un décalage entre la Coordination Stop loi sécurité globale et une partie des manifestants, la nécessité de construire l’auto-organisation apparaît plus brûlante que jamais.

 
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