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La Izquierda Diario
11 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Kanaky
Révoltes en Kanaky : la gendarmerie tire à balle réelle sur les protestataires kanaks
Sadek Basnacki

Quelques semaines après un référendum sur l’indépendance très serré et alors que la société Vale a annoncé la vente de son usine de Nickel de Goro à un consortium calédonien et internationale, la gendarmerie a ouvert le feu sur des protestataires kanaks aux abords de l’usine.

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Crédit photo : NC la 1ère

La situation se tend de plus en plus sur le Caillou. Ces derniers jours ont en effet été marqués par une escalade des tensions, avec la multiplication de barrages et des actions en direction de l’usine du Sud.

Alors que des Kanaks se sont mobilisés contre la reprise de l’usine de nickel par un consortium mené par le groupe suisse Trafigura, allié à des partenaires calédoniens, la gendarmerie a même tiré en direction de deux pickups qui s’approchaient de l’entrée du site ce mercredi 10 décembre. Le Haut-commissariat de la République a justifié cette violente répression en expliquant que « Les forces de l’ordre ont dû faire usage des armes pour repousser deux pickups qui fonçaient sur les gendarmes. Des dégradations ont été une nouvelle fois commises et un bâtiment administratif incendié ».

 

 

Pourquoi la reprise du site de Goro provoque ces tensions ?

 
 
La Kanaky détient 25 % des ressources mondiales du nickel. La reprise de l’usine du Sud avait été au centre de la campagne du référendum d’octobre dernier où le « non » à l’indépendance l’avait remporté de très peu. Les indépendantistes kanaks et l’instance coutumière autochtone de négociations sont favorables à une reprise de l’usine par la Sofinor (société d’économie mixte, détenue majoritairement par la province Nord et qui exploite déjà l’usine de nickel du Nord) et l’industriel coréen Korea Zinc. Les caldoches et l’Etat soutiennent le consortium mené par le groupe suisse Trafigura.
 
Jeudi dernier, les différentes parties s’étaient mis d’accord sur un compromis débouchant sur le prolongement du délai avant la vente effective de l’usine. Cela aurait permis à Sofinor et Korea Zinc de solidifier leur dossier. Mais dès le week-end, l’Instance coutumière autochtone de négociation est revenu sur le compromis accusant Sonia Backès, présidente loyaliste de la province Sud, de manœuvrer en coulisse pour favoriser le dossier de Trafigura. Le collectif « usine du sud : usine pays » a appelé à des actions dès le lundi matin. Des militants kanaks ont alors bloqué les routes et coupé les amarres du navire qui fait la navette entre Nouméa et l’usine du Sud. Le but bloquer la production. La gendarmerie et la police ont durement réprimés. Depuis la situation se tend de plus en plus.

Pour les indépendantistes il est très important de montrer que les Kanaks peuvent gérer eux même leurs productions. Les arguments des non-indépendantistes pour expliquer que la Nouvelle-Calédonie reste sous domination française est de dire qu’économiquement l’indépendance ne serait pas viable. Pourtant la Kanaky a un sol très riche. La révolte qui dure depuis plusieurs jours pose donc la question de qui produit et pour qui.
 
L’économiste Séverine Blaise expliquait en ce sens à France Info que « Ce qui se passe au niveau des projets miniers se révèle profondément politique. Il y a la revendication du lien à la terre, les Kanaks veulent prendre le contrôle de leurs ressources. De l’autre côté, certains loyalistes ont plutôt promu jusqu’à présent des projets tournés vers les multinationales étrangères. »
 
Le collectif « usine du sud : usine pays », regroupant notamment l’ICAN et le FLNKS et s’oppose donc à la reprise de l’usine par Trafigura qui correspond au « pillage des ressources du pays par les multinationales ». Mais l’offre de la Sofinor et de Korea Zinc, a été refusée par Vale provoquant le retrait du groupe coréen. L’État français ne s’y trompe pas. La question de qui gère les ressources dans cette colonie française est sensible et c’est pourquoi les gendarmes occupent l’usine et sont prêts à tirer à balle réelle sur les manifestants. Le site industriel de Goro est absolument stratégique.
 
Le Premier ministre a souligné que la reprise par Trafigura est la « seule offre viable pour la reprise ». « Je peux vous assurer que cette offre, que nous soutenons, est assortie de conditions strictes que nous avons posées, notamment sur le montage financier et environnemental » a-t-il précisé.
 
 

La peur de l’escalade bien réelle

 
 
Devant les opérations de blocages, durement réprimés, les partisans loyalistes pensent que l’État est trop timoré. A l’appel de l’ancien maire de Païta, Harold Martin, entre 500 et 1000 personnes se sont réunis pour mettre en place des contre-barrages rapporte France Info. Martin joue un jeu dangereux puisqu’il a appelé « les citoyens à se défendre » et à s’armer, se constituer en milice. On a ainsi vu sur le Caillou des personnes armées de fusil. Des tirs ont été entendus.

 
De son côté, le haut-commissaire Laurent Prévost a pris un arrêté pour interdire le port et le transport des armes à feu et armes blanches. L’Etat français a même décidé d’envoyer des renforts de l’armée. Pour l’instant, il y a eu 49 interpellations.
Colonisatrice, la France se comporte comme tel en Kanaky. C’est l’État français qui décide qui exploite le sol kanak et c’est l’État français qui réprime les aspirations autochtones. Alors qu’en dépit de la violence de la répression une telle scène semble encore peu envisageable en métropole, la gendarmerie n’a pas hésité à ouvrir le feu en direction des manifestants, et ce dans un silence médiatique général. Pour l’instant un arrêté a été pris pour interdire le transport d’arme mais si la situation s’aggrave il est possible que l’État français s’appuie sur des milices caldoches pour s’occuper des indépendantistes. Le retour des troubles n’a jamais été aussi probable alors qu’un troisième et dernier référendum prévu par les accords de Nouméa doit avoir lieu d’ici 2022.

 
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