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La Izquierda Diario
1er de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Révélation Mediapart
Un policier a tiré sur six jeunes innocents, la préfecture de police de Paris aurait couvert l’affaire
Simon Derrerof

Dans un contexte de forte mobilisation contre la Loi de Sécurité Globale, une nouvelle affaire particulièrement scandaleuse datant de 2019 a été révélée hier par Mediapart. Dans la nuit du 30 avril 2019, six jeunes n’ayant commis aucun délit ont été interpellés violemment et ont été la cible de tirs policiers sans qu’aucune raison ne puisse l’expliquer. Plus grave encore : les policiers en question auraient été couverts par la préfecture de police, qui aurait menti pour les protéger.

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Photo : Capture d’écran de la vidéo publiée par Mediapart - © Pascale Pascariello, Armel Baudet

Une interpellation d’une extrême violence

Selon Mediapart, dans la nuit du 30 avril 2019, Paul, Hugo et quatre de leurs amis, âgés de 16 à 22 ans, sont alors en balade en voiture aux abords du Bois de Boulogne à 2 heures du matin. Alors qu’ils sont arrêtés à un feu rouge, leur voiture est soudainement entourée par trois véhicules dont sortent huit hommes armés qui les mettent en joue. Ces hommes sont en fait des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC), qui souhaitent interpeller les jeunes hommes pour une présomption de vol de sacs à main. Ces policiers ne sont alors pas reconnaissables car ils n’ont suivi aucune des procédures réglementaires et obligatoires : ni brassard, ni gyrophare et tirs effectués sans aucune sommation. Ce qui va suivre est un déchaînement de violence aussi incompréhensible que scandaleux.

Pris de panique et pensant avoir affaire à des braqueurs, le conducteur tente alors de s’enfuir et enclenche la marche arrière, il est tout de suite bloqué par l’une des voitures positionnée derrière la sienne pour l’empêcher de partir. C’est à ce moment que l’un des hommes décide de tirer, à deux reprises, visant la tête de Paul le conducteur et brisant la vitre côté conducteur.

Hugo, l’une des victimes de la BAC, raconte à Mediapart : « Une voiture noire nous a coupé la route. Des hommes en sont sortis, j’ai vu deux armes pointées sur nous et, quelques secondes après, on a entendu les coups de feu. J’ai baissé la tête, j’ai vu ma vie défiler car j’ai vu la vitre se briser ». Paul, le conducteur confie se souvenir de ces hommes armés qui hurlaient : « Coupe le contact, coupe le contact, enculé ! » « J’étais terrorisé. J’ai enclenché la marche arrière, car j’ai cru qu’on allait se faire tuer »

Les deux jeunes expliquent n’avoir compris que les hommes étaient des policiers que lors de leur interpellation, une fois les menottes passées au poignet : « Un homme a ouvert ma portière et a essayé de me mettre dehors, mais j’avais la ceinture de sécurité. Il forçait en hurlant, c’est seulement lorsque j’ai senti une menotte que j’ai réalisé que c’étaient des policiers. J’ai vu que mes amis n’étaient pas blessés. Je me suis dit que c’était bon, que je n’allais pas mourir ici ».

Pourtant le calvaire est loin d’être terminé, la suite de l’interpellation se fait encore dans la violence. Paul est plaqué au sol par trois policiers, son bras est tiré si fort en arrière qu’il souffre d’une luxation de l’épaule, au milieu des « fils de pute » et « enculé ». Il rajoute : « je ne sais pas si ma couleur de peau a eu une incidence, certains d’entre nous étaient métis ».

Si les poursuites pour vols sont rapidement abandonnées contre les six jeunes, Paul voit sa garde à vue prolongé pour « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’ordre public ». Il en ressortira traumatisé, avec plus de 40 jours d’ITT et dans l’incapacité de continuer ses études, marqué psychologiquement et enclin aux « crises de pleurs » et aux « explosions impulsives ». Plus grave encore : le parquet de Paris continue les poursuites contre le jeune homme qui n’est relaxé que le 4 novembre dernier, soit 18 mois après les faits.

Des policiers couverts par la préfecture de Paris

Si une enquête contre ces policiers a été ouverte dès mai 2019 pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique », Mediapart révèle dans son article les nombreux mensonges de la préfecture de police. Elle n’a pas hésité à déclarer que l’innocence des policiers a été validée par le parquet qui a conclu « à la légitime défense », justifiant dès lors qu’ « aucune procédure ne soit diligentée contre les agents ». Pourtant, ces affirmation sont fausses : l’enquête ouverte par le parquet pour « violences par personnes dépositaires de l’autorité publique » est terminée et les policiers pourront être poursuivis.

Dernièrement, le 28 novembre, jour de la Marche des Libertés, la préfecture est revenue sur ses propos affirmant à Mediapart n’avoir mis en place aucune suspension des policiers du fait de « la complexité de l’affaire ». Sans surprise, la préfecture a donc décidé de soutenir la version du policier qui défend l’usage de son arme par la légitime défense et de cacher les violences policières. Pendant que Paul était poursuivi un an par la justice pour une virée entre amis, ces policiers continuaient donc à exercer librement. Lallement joue donc la carte du mensonge en invoquant la légitime défense pour protéger ses policiers.

Plus globalement, en plein contexte de lutte contre la Loi de Sécurité Globale, cette nouvelle affaire vient une nouvelle fois montrer la logique qui vise à restreindre notre droit à pouvoir filmer la police. Ce sont les vidéos de surveillance qui ont permis de prouver l’innocence de Paul et la violence des policiers. Sans les vidéos, la version des policiers aurait été entérinée une fois de plus et Paul serait probablement en prison aujourd’hui. Dès lors pour Michel, Adama, Cédric et Paul, c’est dans la rue qu’il faudra imposer un rapport de force à même de faire reculer le gouvernement sur la Loi de Sécurité Globale

Ces violences policières ne sont pas exceptionnelles : Théo, Adama, Michel, Cédric, et maintenant Paul sont les victimes d’une institution qui vise à maintenir l’ordre dominant, et donc raciste et violente. Ces affaires ne sont pas uniquement des bavures ou l’histoire isolée de brebis galeuses dans la police, elle sont l’expression du rôle de la police : celui de maintenir un ordre profondément inégalitaire, injuste et raciste au profit des classes dominantes.

 
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