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La Izquierda Diario
12 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Casse de l’université
170 enseignants chercheurs en droit appellent à la grève contre la LPR
Alexandre Mongis

170 enseignants chercheurs appellent à la grève dès aujourd’hui pour s’opposer à la LPR qui prévoit d’accélérer la privatisation de l’université ainsi que le renforcement de la répression de toute forme de contestation.

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Ce mercredi 11 novembre, suite à l’adoption de la LPR en commission mixte paritaire (CMP), 170 enseignants-chercheurs en droit appellent à la grève, du vendredi 13 au mardi 17 novembre, pour exprimer une énième fois le refus du corps enseignant de cette loi qui approfondit la crise de l’université. Une loi qui l’année dernière avait largement mobilisé dans les universités. Pour cause, elle prévoyait une plus grande soumission de la recherche à des financement et intérêts privés, ainsi qu’une précarisation généralisée de l’enseignement supérieur en s’attaquant fortement au statut de maître de conférence et en instaurant des CDI projet (des contrats précaires dans la recherche).

A été ajouté à ce nouveau projet de casse de l’université publique un amendement qui vise à pénaliser toute forme de contestation politique dans l’enceinte de l’université qui représenterait une “entrave à la tenu de débats locaux”.

La CMP a, ce mardi, élargit cette offensive autoritaire, en pénalisant « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité […] ou y avoir été autorisé […], dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Les peines pour les délits ciblés pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende, si ces derniers sont « commis en réunion », visant ainsi toute forme de mobilisation étudiante, particulièrement les occupations, pour priver de leurs outils de lutte historique.

C’est donc contre l’attaque aux libertés académiques, contre la précarisation des enseignants du supérieur, contre la répression et la criminalisation des mobilisations à l’université que 170 enseignants chercheurs en droit appellent à la grève. Une prise de position d’autant plus surprenante de la part d’un secteur de l’ESR peu mobilisé généralement, et qui appelle cette fois à l’arrêt des cours et interpelle leurs représentants pour une large diffusion de cette grève. A rebours de ce que l’on peut voir habituellement vis à vis de ces filières plus sélectives et moins mobilisés, d’après eux la priorité n’est pas à la poursuite tête baissée des cours, mais à la mobilisation contre la casse de l’université avant l’adoption de la loi mardi prochain à l’Assemblée. Le mépris de la profession au travers de ce passage en force de la part de Vidal, ainsi que le recours à la CMP, outils hautement anti démocratique de la Vème République, ne fait qu’attiser la colère.

Nous relayons ci-dessous l’appel en question :

Aux membres des sections 01 (droit privé), 02 (droit public), 03 (histoire du droit) et 04 (science politique) :
Chères et chers Collègues, 
Comme vous le savez, nous sommes nombreux à être indignés du contenu et des conditions d’adoption, en commission mixte paritaire, du projet de loi de programmation de la recherche.
Le court-circuitage du CNU comme la création d’un délit nouveau d’atteinte au bon ordre des établissements nous semblent, en particulier, devoir appeler une réaction collective forte de toutes nos instances, et notamment des instances qui assurent notre représentation propre et authentique, dans la lignée des prises de position de Sylvie Bauer, la présidente de la CP-CNU.
Nous nous permettons donc de suggérer que les bureaux des sections du groupe 1 du CNU appellent l’ensemble des collègues relevant de ces sections à éteindre leurs écrans et à entrer en grève de vendredi 13 novembre à mardi 17 novembre, date de l’adoption de la loi par l’Assemblée.
Nous sommes bien conscients que la période est déjà très dure pour nos étudiants, mais nous sommes aussi persuadés que trois jours d’écrans noirs ne changeront pas grand chose au semestre déjà très dégradé qui est en cours alors qu’ils peuvent encore contribuer à pousser le gouvernement à amender en ultime lecture la LPR.
Espérant compter sur votre soutien,

170 signataires relevant de ces sections au 11 novembre à 22h15

La rentrée en grève de ce secteur est un symptôme de ce que représente ce projet de loi et ses derniers amendements qui ont suscité la contestation jusqu’à l’étranger. A travers une tribune, des enseignants chercheurs du monde entier ont témoigné de leur soutien avec leurs collègues français et leur opposition la plus radicale au projet néolibéral qui anime le gouvernement pour mater toute critique dans un contexte de crise mondialisée qui met en exergue les contradictions du système capitaliste.

Il est central que, dans une période où le gouvernement accentue ses traits les plus autoritaires en renforçant son appareil répressif au travers du projet de loi sécurité globale, une mobilisation du corps enseignants, des étudiants et des travailleurs de l’université se généralise.

En accélérant la privatisation de l’université après avoir augmenté les frais d’inscription et renforcé la sélection, alors même que le confinement et les cours à distance accroissent les inégalités, tout en renforçant son arsenal répressif et en criminalisant la jeunesse, l’enjeu du gouvernement est clair : se préparer à la rentrée politique en usant du confinement comme une aubaine anti démocratique qui atomise les forces et permet de renforcer la répression et la sélection.

C’est à ce projet du gouvernement qu’il s’agit de s’opposer collectivement, en informant de ce qui se joue dans nos lieux d’études et en amplifiant le rapport de force. En ce sens les directions syndicales et des organisations de jeunesse doivent mettre en place un plan de bataille pour s’opposer à ce tournant réactionnaire en se liant aux autres secteurs qui subissent répression et licenciements massifs.

 
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