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La Izquierda Diario
3 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Automobile
Scandale à PSA. Plusieurs centaines d’intérimaires recrutés après la suppression de 25.000 postes
Adrien Garcia

L’été dernier, le groupe PSA annonçait la suppression de 25.000 emplois comme conséquence de la crise économique alors même que le groupe avait réalisé 595 millions de bénéfices net au premier semestre 2020. Aujourd’hui, le groupe recrute sur des centaines de postes en France et en Espagne. Le seul hic, ce sont plusieurs centaines d’intérimaires qui rentrent dans les rangs productifs du groupe !

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Crédits photo : Groupe PSA

Dans le journal patronal Challenges, le journaliste Alain-Gabriel Verdevoye nous accroche avec un article qui a de quoi nous choquer. Le groupe PSA vient d’embaucher 250 intérimaires pour reconstituer une quatrième équipe de week-end sur le site de Sochaux dès début novembre pour répondre aux impératifs productifs de l’entreprise qui compte sur une relance du SUV contact Peugeot 3008. Toujours selon cet article, le site du groupe automobile tournait déjà à 90% de son rythme du début d’année 2020 en septembre dernier. Les 250 nouveaux intérimaires du site feront partie des quelques 2000 travailleurs temporaires, auxquels s’ajoutent les 7,300 CDI du site.

Sochaux n’est pas l’unique site à se voir affecté de la main d’œuvre intérimaire, malléable et précaire. Sur le site d’Ille-et-Villaine, proche de Rennes, 500 nouveaux contrats intérimaires ont été signés cet été pour former une équipe de nuit, s’ajoutant aux 3000 salariés de l’usine. Dans le Nord, à Hordain, site qui compte 2500 salariés, 340 intérimaires ont rejoint les rangs de la production. En Moselle, c’est 200 intérimaires qui se sont agglomérés aux 4200 salariés du site de Tremery. Ces chiffres ne comptent que les embauches réalisées sur le sol français (30% de la production est réalisée en France), mais du côté de l’Espagne, c’est 600 nouveaux intérimaires qui forment une quatrième équipe du week-end à Vigo dans le province de Pontevedra.

L’embauche des intérimaires chez PSA : une hypocrisie qui ne dit pas son nom

Cette multiplication d’emplois précaires relève davantage du scandale que d’une opportunité d’emploi pour des centaines de salariés dans une période où les chiffres du chômage sont en forte hausse (augmentation de 24,5% ce dernier trimestre). En effet, même si les ventes du groupes en Europe sont en baisse de 42,5%, les pertes du groupe sont à relativiser en raison de la prise en charge par l’État des salaires des employés.

Ensuite sur le bilan financier de la branche automobile, nous écrivions ceci en juillet dernier : « Le résultat opérationnel courant (ROC) du groupe est de 517 millions d’euros. Certes moins qu’au premier trimestre 2019 avec 3,3 milliards. La branche automobile a atteint 731 millions, en baisse de 72,5% sur un an. Mais cela reste très élevé. Ces résultats ne remettent pas en cause le fait que PSA va dépenser plusieurs milliards pour réaliser la fusion Fiat-Chrysler et conserve plus de 10 milliards accumulés depuis des années. Par ailleurs, le bénéfice net de PSA au premier semestre 2020, malgré la crise, est estimé à 595 millions d’euros !  ».

Malgré ces réserves conséquentes de liquidités, le groupe PSA n’hésite pas a annoncer des plans de suppression d’emplois, comme nous l’évoquions cet été avec les 25.000 emplois supprimés ou encore à Valenciennes avec une annonce de 180 postes de travail tout simplement supprimés. On peut déceler dans ces embauches d’intérimaire une démarche qui va dans le sens de fluidifier l’accès des patrons aux licenciements en se fournissant une variable d’ajustement pour préparer une période incertaine où la crise du covid continue de frapper.

En ce sens, la mise en place de l’APLD (Activité partielle de longue durée), dispositif signé par le gouvernement et les organisations syndicales est du pain bénie pour le patronat qui, selon le décret rectificatif du 30 septembre, peut éviter les sanctions liées aux licenciements si ce dernier justifie d’une « dégradation des perspectives d’activité ». Il s’agit d’une dénomination floue laissant la porte ouverte à des licenciements répressifs pour fait de grève.

Un plan de bataille pour des embauches massives et le passage de tous les intérimaires en CDI

Il n’est pas acceptable que pendant que Carlos Tavares, PDG du groupe PSA, et ses associés dégustent des petits-fours en signant les statuts du conseil d’administration de Stellantis, groupe automobile qui naîtra de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler au premier trimestre 2021, les salariés de ces groupes subissent les conséquences de la crise économique qui reviennent aux capitalistes. En effet, les milliards d’euros que détiennent ces entreprises devraient servir à un plan d’embauche massif pour répondre à l’augmentation du chômage.

Dans un contexte de crise économique où les mesures gouvernementales et patronales cherchent à faire payer la crise aux travailleurs et à utiliser les plus précaires comme variable d’ajustement pour maximiser les profits capitalistes, nous ne pouvons pas rester la fleur au fusil. Il est nécessaire que les organisations syndicales appellent à lutter contre les suppressions d’emplois et les licenciements dans les entreprises où cela se présente comme à PSA Valenciennes, et surtout préparent un plan de bataille conséquent pour l’intégration en CDI des milliers d’intérimaires présents dans l’industrie automobile tout en refusant les licenciements annoncés.

 
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