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La Izquierda Diario
8 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Edito
Face à la vague de licenciements, l’urgence d’un plan de bataille à la hauteur
Julian Vadis

Les derniers chiffres publiés par l’INSEE en attestent, une vague historique de licenciements, voire de fermetures de sites, se profile à l’horizon. Alors que les différents « plans » du gouvernement ne servent qu’à maintenir les profits des (très) grands patrons, il est aujourd’hui urgent que le mouvement ouvrier se dote d’un plan de bataille à la hauteur des enjeux.

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215 200 emplois détruits au second trimestre 2020, une prévision aux alentours de 9,5% de chômage pour la fin de l’année. Les derniers chiffres dévoilés par l’INSEE ne laissent guère de doute quant à la vague de licenciements à venir d’ici au 1er janvier 2021. Pire, l’estimation d’un PIB à -9% et d’une reprise attendue très partielle, de 1% pour le quatrième trimestre, confirme ce pronostic : la crise sociale n’en est qu’à ses débuts, et le gros des attaques est encore à venir.
 

Les plans du gouvernement n’ont fait que préserver les profits des grands patrons, Bruno Le Maire entend faire « rembourser » la dette

Bien sûr, les attaques ont déjà commencé. Nombre de plans de licenciements - des plans sociaux « classiques » dits PSE aux Accords de Performance Collectifs (APC), qui permettent de baisser les salaires et de licencier à moindre coût - sont déjà en vigueur, tandis que d’autres sont dans les tuyaux. Mais il est clair, au regard des chiffres de l’INSEE, que le gros de la vague de licenciements, voire de fermetures de sites, est encore à venir. C’est notamment le cas de la raffinerie Total de Grandpuits, que la direction envisage de fermer purement et simplement. Une fermeture qui aura des impacts en chaine sur la région. Comme l’explique Adrien Cornet, délégué CGT, « quand on supprime un emploi Total, c’est 5 emplois directs et indirects qui sont concernés ; ça veut dire une casse sociale sans précédent pour le département de Seine-et-Marne ».
 

 
Le gouvernement, bien conscient de la catastrophe sociale en cours et à venir, mais surtout du caractère explosif de la colère sociale qui couve derrière le chômage de masse, a de son côté tout misé sur son « plan de relance ». Un plan de relance de 100 milliards d’euros, dont la visée est d’offrir des dizaines de milliards d’euros supplémentaires au grand patronat, notamment en baisses d’impôts, comme une manière de relancer les profits du grand patronat. 

En réaction à ces milliards de cadeaux patronaux, les directions syndicales, toujours à la recherche du « dialogue social », se sont contentées de demander des « contreparties », validant ainsi de fait les fondements du plan de relance. Des demandes que le gouvernement a feint d’entendre, se déclarant « ouvert » à des discussions avec les partenaires sociaux concernant des « contreparties » pour les entreprises qui ont bénéficié d’aides de l’Etat. Une manière pour le gouvernement de maintenir le fil du « dialogue social » pour tenir en haleine les directions syndicales. Pourtant, les milliards d’euros de subventions ont déjà démontré de quel type de « contreparties » il s’agissait : des dizaines de milliers de licenciements massifs quand il ne s’agit pas de baisse de salaires. Des milliards que le contribuable devra lui aussi rembourser à travers la dette (« il faudra la rembourser », lançait Bruno Le Maire). Vaste programme, qui promet de nouvelles attaques dures du gouvernement et du patronat, afin que cette dette soit remboursée par les travailleurs et les classes populaires.
 
Comme l’explique Cédric Brun, délégué CGT de PSA Valenciennes, site sur lequel 180 suppressions d’emplois sont annoncées malgré des bénéfices records réalisés grâce à des aides publiques faramineuses, « ça fait des années que l’on crève dans les ateliers, ça fait des années que c’est de plus en plus difficile ». « Les premières victimes de la crise, c’est les intérimaires car aujourd’hui quand la direction annonce qu’elle va faire des mutations d’un pays à un autre, ce sont les premières victimes. Quand on annonce 120 transferts à Sevelnord, c’est 120 intérimaires qui vont perdre leur boulot ».
 

 
Ce que l’on voit déjà à l’œuvre, c’est non seulement que les aides d’Etat n’ont servi qu’à pérenniser les profits des grands patrons, mais que ce sont déjà les travailleurs, et avant tout les plus précaires, qui payent la note de la crise. Une tendance qui, au vu des derniers chiffres et dernières déclarations, ne peut aller qu’en s’empirant pour notre camp social.
 

De premières résistances ouvrières ont émergé

Dans ce contexte d’attaques fortes du patronat et du gouvernement, la grève exemplaire des travailleurs de Derichebourg Aero à Toulouse en juin dernier semble bien être un élément annonçant des remous sur le terrain de la lutte des classes. En effet, nombre de grèves, pour l’instant éparses, émergent dans la période. C’est le cas des ouvriers d’Arcelor Mittal à Dunkerque, en grève depuis ce lundi 7 septembre, et qui exigent une prime pouvoir d’achat de 2 000 euros, 3 % d’augmentation générale, le droit à bénéficier de leur temps de pause ou bien encore des budgets de maintenance à hauteur des besoins, permettant de préserver l’outil de travail.
 
Et il ne s’agit évidemment pas d’un phénomène isolé. Alors que les travailleurs de Biocoop tenaient un piquet de grève ce dimanche 5 septembre, les travailleurs de TUI France ont eux aussi organisé un rassemblement ce lundi, s’opposant à 583 licenciements à Levallois-Perret.
 

 
Plus au Sud, à Toulouse, les salariés de l’entreprise AAA, sous-traitante de l’aéronautique, sont eux aussi touchés par un plan de licenciements massif. 719 sur 1587, soit plus de 45 % des effectifs. Une attaque qui a déclenché une riposte, avec un premier rassemblement devant le siège de l’entreprise ce 8 septembre.
 

 

Face aux plans du gouvernement promettant misère et chômage, il est urgent que le mouvement ouvrier ouvre une alternative de sortie de crise !

C’est bien auprès de ces luttes, pour l’heure partielles et éparses, que se situe les prémisses d’une alternative à la gestion catastrophique du gouvernement et du patronat de la crise, qu’elle soit sanitaire, économique ou sociale. Pourtant, les directions syndicales ont une toute autre stratégie : celle de la recherche d’un compromis avec le gouvernement, comme en attestent les multiples demandes à une série de « contreparties ».
 
Or, il est aujourd’hui plus qu’évident que le contexte actuel ne permet aucun compromis possible. D’un côté, le gouvernement, au vu de sa politique d’aides d’Etat et des annonces pour la suite, entend poursuivre sa stratégie de maintien des profits des très grandes entreprises, allant même jusqu’à encourager les licenciements au travers de subventions massives comme à Renault. De l’autre, c’est bien le spectre du chômage de centaines de milliers de travailleurs, et d’une précarisation encore accrue, qui se profile à l’horizon. Entre ces deux réalités objectives, il n’y a aucun espace disponible à des avancées un tant soit peu progressistes.
 
Tout au contraire, l’heure est à l’appui des grèves existantes et à l’élaboration d’une riposte d’ensemble contre la politique du gouvernement et du patronat. Pour cette rentrée sociale, plusieurs dates de mobilisation sont prévues. Premièrement, la mobilisation du 12 septembre des Gilets jaunes, qui appellent à reprendre la rue face à la crise ou encore la journée de mobilisation nationale du 17 septembre, à l’appel notamment de la CGT. Plusieurs journées de mobilisation qui sont à considérer comme des points d’appui, mais qui indépendamment d’un plan de bataille plus global et réellement à la hauteur des attaques en cours et à venir, ne suffiront pas à elles seules à construire un véritable rapport de force. A ce titre, la nécessité de construire et tisser les liens à la base revêt une importance primordiale. Loin de s’engluer dans le piège du dialogue social, l’urgence est à l’élaboration d’un plan de riposte à la hauteur des enjeux, historiques, de cette fin d’année 2020.
 
Pour ce faire, il est indispensable de se doter d’un programme conséquent, qui vaut la peine de se battre. L’urgence absolue est d’exiger l’interdiction des licenciements et de toutes formes de suppressions d’emplois ; la fin des emplois précaires de type CDD ou intérim, pour des reconversions en CDI ; et contre la baisse des salaires. Contre le chômage, déjà conséquent et qui menace d’exploser dans les prochaines semaines, il est tout aussi indispensable d’exiger le partage du temps de travail, sans baisse mais avec une augmentation nette des salaires. Bien entendu, l’ensemble de ces revendications ne peut être obtenu sans une bataille énorme, mobilisant l’ensemble de notre classe, la jeunesse, les mouvements féministes, anti-racistes ou bien encore écologistes. C’est pourquoi l’exigence de la rupture de tout cadre de dialogue social va de pair avec l’élaboration d’un plan de bataille permettant d’ouvrir une réelle alternative à leur monde de chômage et d’extrême précarité.

 
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