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La Izquierda Diario
23 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Hypocrisie
Loi d’état d’urgence sanitaire permanent. Le Sénat se met en scène comme défenseur des libertés
Jaque Mate

Le Sénat vient de revoir le projet de loi de « Sortie de l’état d’urgence sanitaire » qui visait à maintenir certaines prérogatives anti-démocratiques du gouvernement. Ce nouveau camouflet révèle l’isolement du gouvernement. De son côté, la droite voudrait donner l’impression de défendre les libertés démocratiques.

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Crédit photo : ERIC FEFERBERG / AFP

Nouveau désaveu pour le gouvernement : après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré contraire à la Constitution l’interdiction de manifester sous prétexte de la crise sanitaire, le Sénat vient de revoir le projet de loi dit de « Sortie de l’état d’urgence sanitaire » qui visait à maintenir au-delà du 10 juillet certaines prérogatives anti-démocratiques que s’était attribué le gouvernement. D’un côté, ce nouveau camouflet révèle l’isolement du gouvernement, mis en échec par la droite majoritaire au Sénat. De l’autre, cette dernière cherche faussement à donner l’impression de défendre les libertés démocratiques – une position d’une grande hypocrisie.

Jusqu’ici, le projet de loi du gouvernement concernant la sortie de l’état d’urgence sanitaire rendait possible le maintien de certaines mesures liberticides, comme l’interdiction de manifester (interdiction de se rassembler au-delà de 10 personnes), et ce alors même que les bars et restaurants ont réouvert au public, que la reprise pour l’ensemble des élèves a été imposée, ou encore que les mesures sanitaires limitant la propagation du virus dans les entreprises sont sur le point d’être revues à la baisse. Le gouvernement a utilisé le prétexte de la crise sanitaire et du déconfinement pour limiter les possibilités que la colère face à sa gestion de la crise et aux conséquences des politiques capitalistes néolibérales appliquées depuis des décennies, ne se transforme en un véritable mouvement de masse. En cristallisant les éléments de contestation qui étaient déjà bien présents avant le Covid et qui ont été approfondis par une gestion de crise criminelle, un tel mouvement pourrait en effet menacer de remettre en cause les réformes du gouvernement.

Aujourd’hui encore, avec le projet de loi modifié par le Sénat et malgré le fait que les manifestations ne soient plus interdites, c’est ce prétexte qui est utilisé pour justifier des mesures anti-démocratiques permettant par exemple à l’éxécutif de légiférer par ordonnances, ou encore d’élargir le champ d’application et les prérogatives qui lui sont attribuées en termes de contrôle des libertés individuelles. Tout cela se ferait dès lors dans le cadre dudit « État de droit », et non plus d’un régime « d’exception ».

Il s’agit là d’une manœuvre consistant à présenter sous la forme d’un « plan de sortie de l’état d’urgence » un projet de loi qui n’est en fait rien d’autre que le prolongement hors état d’urgence et jusqu’en novembre de mesures clairement anti-démocratiques, les députés cédant de fait leurs prérogatives en faveur du gouvernement. Face à cela, il est primordial d’être vigilants et de s’opposer à la normalisation de ces mesures d’exception. Cela doit notamment passer par une solidarité sans faille avec les personnes réprimées dans le cadre de l’état d’urgence, ainsi que par la poursuite et l’extension des mouvements de contestation du gouvernement et de son appareil de répression.

Si la droite s’est mise en scène en tant que "défenseur des libertés" en amendant le projet de loi au Sénat, il ne faut pas être dupes sur les dynamiques politiques qui sous-tendent ce positionnement : alors que la confiance envers le parti présidentiel est minée par sa gestion de crise catastrophique, ceux qui pourraient lui servir d’alliés de circonstance préfèrent en fait se poser comme des opposants à Macron afin de ne pas avoir à payer le prix de sa politique, sans pour autant remettre en question le fond de son projet de loi. Si Macron souhaitait incarner le renouveau politique « ni de droite, ni de gauche », le début de son quinquennat et la crise politique et sanitaire qui a suivi ont clairement révélé que les partis traditionnels et LREM appartiennent au même camp politique : celui de la classe dominante, qui cherche à faire payer le prix de la crise aux travailleurs et aux plus précaires. 

Face au danger que représente le renforcement de l’autoritarisme du gouvernement à travers les différentes crises et états d’urgence successifs, sur fond de crise économique que le patronat cherche à nous faire payer, il est nécessaire que le mouvement ouvrier s’organise et se coordonne avec l’ensemble des secteurs ayant tout intérêt à stopper l’offensive de Macron et du Medef. Alors que le gouvernement se retrouve relativement isolé, il serait urgent d’organiser la jonction des différents secteurs déjà en lutte, du mouvement antiraciste jusqu’au mouvement ouvrier, pour mettre en échec ce gouvernement et ces politiques anti-sociales et liberticides. 

 
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