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La Izquierda Diario
2 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Racisme, misère et mortalité
Aux USA, la colère en lame de fond : les Africains-américains premiers touchés par la crise

Des révoltes à Minneapolis le soir même de la mort de George Floyd qui se sont étendues à tout le pays. Des milliers de personnes dans les rues, des images de bâtiments en feu, de voitures de polices attaquées… La mort de George Floyd a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

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Crédits photo : Jason CONNOLLY / AFP

Depuis 5 nuits déjà des émeutes ont explosé dans plusieurs villes aux États-Unis, suite à l’assassinat de George Floyd. Une réaction à l’horreur qui s’inscrit dans un contexte de racisme systémique, une réponse à la hauteur d’un climat explosif plus large du fait de l’accentuation de la précarité chez les populations noires américaines.

En effet, ce climat de tension, d’affrontement et de colère est la réponse aux conséquences immédiates et brutales des inégalités qui se sont intensifiées pendant la crise du coronavirus qui a fait des ravages au sein des populations africaines américaines. En plus d’être sur représentées concernant les violences policières souvent mortelles, ces dernières ont été en première ligne d’une crise qui aura fait plus de 100 000 morts et où le chômage atteint les plus de 40 millions de personnes.

Une plus forte vulnérabilité médicale des populations africaines-américaines

Ainsi alors que les afro-américains représentent 13,4% de la population, ils constituent plus d’un quart des personnes décédées du COVID-19, chiffres basés sur un large échantillon analysé par le centre de contrôle et prévention des maladies. L’agence Associated Press parle même d’un tiers des personnes décédées.

Docteur Celia J. Maxwell, médecin spécialiste des maladies infectieuses et vice doyenne du College of Medecine de l’université Howard à Washington constate : « Tous les déterminants sociaux de santé nécessaires pour assurer la bonne santé d’une population sont absents de nos communautés de couleurs […] si l’on regarde notre communauté, on remarque : des déserts alimentaires, de transport et d’éducation ».

Les populations noires aux États-Unis ont une santé plus fragile, du fait qu’elles sont particulièrement touchés par des maladies telles que le diabète, l’hypertension, l’asthme et l’obésité, pathologies bien souvent liées à la condition sociale. Ainsi, parmi les personnes hospitalisées, les noires sont 4,5 fois plus nombreux que les blancs, et 3,5 fois plus nombreux que les hispaniques. De même dans les dernières années, à la naissance, les personnes noires avaient une espérance de vie trois ans et demi inférieure à celle des blancs. Viennent s’ajouter à tous ces facteurs, les problèmes de sur-population, le moindre accès à des tests, à la sécurité sociale ou encore un moindre accès à des infrastructures de santé. Une étude a révélé que les africains-américains avaient en moyenne près de 70 % de chances de vivre dans une zone où il y a une pénurie de médecins de premiers secours. Les Afro-américains de certaines grandes villes américaines ont également plus de chances de vivre dans une zone où il n’y a pas de centre de traumatologie hospitalier dans un rayon de 8 km.

Des personnes en première ligne concernant l’exposition au virus et ses conséquences

La pauvreté et l’origine ethnique vont de pair. Aux États-Unis, une étude en 2018 a montré que 11% des blancs vivent dans des foyers dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté officiel, contre 23% des afro-américains et 19% des hispaniques.

Les minorités sont sur-représentées dans les emplois peu qualifiés, ont été touchées de plein fouet par la crise. En effet, 39% des personnes travaillant en février et vivant dans un foyer touchant moins de 40 000 dollar par an avaient déjà perdu leur emploi en mars selon une étude de la réserve fédérale. Fin 2019, alors que le taux de chômage était de 3,5%, 1 personne noire sur 4 indiquait encore ne pas travailler à plein temps. De plus, ce sont ces populations, contraintes à des emplois précaires en première ligne face à la pandémie et sans véhicule individuel, qui ont continué à prendre les transports en commun avec une probabilité plus haute d’être contaminé.

Dans un contexte où la crise risque de s’intensifier et les taux de chômages vont se maintenir très hauts, les populations noires américaines ont un risque de tomber très rapidement dans la grande précarité, car plus discriminées sur le marché de l’emploi et du logement. Le phénomène du « red ligning » le montre bien, il consiste à accorder des crédits logements à des taux exorbitants et à des conditions abusives pour les populations noires.

La pandémie est venue agir comme révélateur d’un racisme structurel aux États-Unis, qui a placé les africains-américains tout à la fois en première ligne des conséquences sanitaires et économiques de la crise. La colère sourde qui en découle et agit comme lame de fond a explosé après la mort de George Floyd des mains de la police, une violence raciste de plus, de trop.

 
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