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La Izquierda Diario
15 de mai de 2020 Twitter Faceboock

Dictature patronale
Toulouse. Le MEDEF demande l’interdiction de la manif des Gilets jaunes, le préfet s’exécute
Gabriella Manouchki
Rafif Moussa

Suite à un courrier signé par le MEDEF 31, le préfet de Haute-Garonne a décidé d’interdire de manifestation les Gilets jaunes à Toulouse ce samedi. Une attaque anti-démocratique grave sous couvert de lutte contre le Covid et de défense de la reprise de l’activité économique dans les commerces du centre-ville.

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Photo : Manifestation des Gilets Jaunes du 26 janvier 2019 à Toulouse. PASCAL PAVANI / AFP

C’est dans un communiqué de presse publié sur Twitter que l’on apprend que « Etienne Guyot, préfet de la région Occitane, préfet de la Haute-Garonne, a décidé d’interdire toute manifestation le samedi 16 mai à Toulouse ».

Invoquant l’Etat d’urgence sanitaire, le préfet Guyot décide donc d’interdire de manifestation les Gilets jaunes. Et puisque le motif sanitaire avec l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes ne suffit pas pour justifier l’interdiction de manifester à l’heure où le gouvernement déconfine le pays à marche forcée pour relancer la machine économique et la pompe à profit du grand patronat sans garanties sanitaires pour les travailleurs et en renvoyant au passage les classes populaires dans les transports en commun bondés pour se rendre au boulot, le préfet est obligé d’en venir aux faits : « les manifestations non déclarées dans le centre-ville de Toulouse ont donné lieu à des événements graves ».

Cette décision fait suite au courrier commun adressé au préfet le 12 mai et signé par le Medef 31, la CCI, la Chambre des métiers et d’artisanat de Haute-Garonne, et la Confédération des petites et moyennes entreprises de Haute-Garonne (CPME 31) pour réclamer l’interdiction de la manifestation prévue ce samedi et les suivantes, comme le rapporte La Dépêche. Une telle interdiction est justifiée par les signataires du texte par la nécessité pour les commerces du centre-ville touchés par la crise de profiter du premier week-end post-confinement pour ouvrir boutique sans « revivre des manifestations à répétition entraînant violences, dégradations et diminution de la fréquentation. »

Or, s’il est vrai que la crise sanitaire et économique et la perte de revenus qui en découle peut entraîner une importante précarisation, non seulement pour les salariés mais aussi pour les petits patrons, le premier responsable c’est le gouvernement et son impréparation chronique. C’est en particulier l’absence de masques pour tous, de tests massifs, et la faiblesse structurelle des hôpitaux publics conséquences des politiques néo-libérales de ces dernières années, qui a mené à ce que le confinement répressif et l’arrêt brutal de l’économie qui s’en est suivi s’impose comme seule solution face à la pandémie. Et c’est encore le gouvernement qui est coupable de mettre plus de 100 milliards sur la table pour sauver les grandes entreprises comme Air France qui va bénéficier d’une aide de 7 milliards d’euros au profit des actionnaires et du grand patronat, tandis que les petites entreprises qui vivent notamment du tourisme et de la restauration sont menacées de faillite et vont être durement touchées par la crise. Plutôt que réclamer des mesures répressives, comme le fait le MEDEF, contre les Gilets jaunes qui entendent dénoncer la gestion catastrophique de la crise sanitaire par le gouvernement, il s’agit de faire payer la crise aux grands capitalistes et d’exiger un plan sanitaire à la hauteur de la pandémie.

En exécutant l’injonction du MEDEF et en interdisant de manifestation les Gilets Jaunes, la préfecture de Haute-Garonne et le gouvernement profitent de la crise sanitaire pour mener une nouvelle attaque anti-démocratique contre le droit de manifester, et montre leur complicité avec le patronat. De même elle confirme que la principale stratégie du gouvernement face à la pandémie est répressive, et s’attaque d’avantage aux classes populaires à qui il veut faire payer la crise, plutôt qu’au virus. Une offensive autoritaire inacceptable face à laquelle les organisations syndicales et politiques se revendiquant du mouvement ouvrier doivent proposer un plan de bataille pour imposer une stratégie sanitaire qui s’attaque au virus et non à la population.

 
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