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La Izquierda Diario
9 de mai de 2020 Twitter Faceboock

Pillage impérialiste
L’Argentine au bord de la faillite, le FMI continue d’encaisser des centaines de millions
Carla Biguliak

Alors que l’Argentine traverse une crise économique marquée par des licenciements et baisses de salaires, le gouvernement continue de verser des centaines de millions au FMI et aux spéculateurs.

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Fin avril, le gouvernement argentin avait fixé au 8 mai la date limite à laquelle les créanciers des titres de la dette argentine devaient accepter l’échange qu’il proposait afin de parvenir à un accord pour restructurer la dette émise sous loi étrangère.

Cette partie de la dette concerne des bons d’une valeur nominale d’environ 64 milliards de dollars et représente 20 % de la dette totale de l’Argentine. Cependant, son poids est bien plus important si l’on considère que, étant sous législation étrangère, ceux qui décident de la souveraineté de la dette sont les juges de New York ou d’Angleterre. Si cette négociation est débloquée et que le FMI continue à soutenir le plan du gouvernement d’Alberto Fernandez, le plan de restructuration global sera plus facile.

L’offre que le gouvernement a présenté aux spéculateurs prévoit un allègement de la dette de 62 % en moyenne sur les intérêts et de 5,4 % sur le capital pour commencer à payer en 2023. Les réponses des créanciers seront annoncées lundi, mais les perspectives sont plutôt sombres : le ministre d’économie Martin Guzman a lui-même reconnu que la négociation est difficile, et apparemment le niveau de soutien va de catastrophiquement bas (20 %) à bas (40 %). Le gouvernement peut avancer pour échanger avec ceux qui acceptent, et offrir plus de concessions à ceux qui refusent afin d’atteindre les minimums nécessaires.

La date limite pour la restructuration serait le 22 mai, soit un mois après la date d’échéance du paiement des intérêts. S’il n’y a pas d’échange ou de paiement d’ici ce jour, le gouvernement pourrait se retrouver en défaut de paiement.

Le FMI n’est jamais perdant

Alors que l’Argentine entre dans la dernière ligne droite de la restructuration de la dette aux mains de créanciers privés, le FMI continue à encaisser comme d’habitude. Bien que, selon les mots du président argentin et de son ministre d’économie, et comme en témoigne cette renégociation de la dette en bons, le pays est en faillite, le gouvernement n’a pas hésité à payer 320 millions de dollars d’intérêts au FMI. C’est près de la moitié de ce qui restait à payer cette année pour les services du crédit tiré en 2018 et 2019 pour 44 milliards de dollars.

Mais le FMI n’est pas le seul bénéficiaire. Depuis le début de l’année, le Trésor a remis plusieurs milliards de dollars aux détenteurs d’obligations qui détiennent des titres sous législation étrangère, pris en janvier à la Banque centrale, en signe de « bonne foi » face aux négociations.

Le paiement de la dette est un acte criminel contre les travailleurs et travailleuses

Sur les 21 bons que le gouvernement prévoit de restructurer, certains ont été émis dans le cadre des échanges réalisés en 2005 et 2010 sous les gouvernements kirchneristes, provenant de la renégociation d’une dette frauduleuse remontant à la dernière dictature militaire, et d’autres ont été émis pendant le macrisme, visant à rembourser les fonds vautours ou la fuite des capitaux.

Par conséquent, toute la dette dont nous parlons est illégale, illégitime et entre dans la catégorie des dettes odieuses parce qu’à aucun point de vue elle ne favorise la population.

Selon un document publié par le ministère, l’économie connaîtra un effondrement de 6,5 % du PIB cette année, et pour l’année prochaine, une baisse de 3 % est estimée ; et un déficit budgétaire de 3,1 %. Ces chiffres pèsent lourdement sur les épaules des travailleurs, et ajouter à cela l’obligation de payer une dette illégitime qui entraîne encore plus de politiques d’austérité, c’est les condamner encore plus à la pauvreté et à la faim.

Le succès auquel aspire le gouvernement argentin ne fera que suspendre pour quelques années le bourbier dans lequel Macri s’est retrouvé en 2018. En 2023, il se retrouvera à nouveau dans l’incapacité d’effectuer des paiements, ce que la réduction des intérêts atténue, mais ne résout pas en substance. Il n’y a pas moyen de sortir du bourbier de la dette en renégociant et en payant, car payer signifie valider l’odieuse dette. Reporter les paiements jusqu’en 2023 n’empêche pas la ruine nationale, elle la reporte simplement. Les travailleurs argentins n’ont pas à payer pour la crise des capitalistes, ni à être pris à la gorge pour payer ces dettes illégitimes !

Photo-montage : Mar Ned

 
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