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La Izquierda Diario
25 de mars de 2020 Twitter Faceboock

CONFINEMENT MILITARISÉ
Confinement en Argentine. 44 ans après la dictature, vers un retour des forces armées dans les rues ?
Julien Anchaing

Une immense opération de relégitimation des forces armées a actuellement lieu en Argentine. Ce 24 mars, anniversaire du début de la dictature argentine de 1976, les Argentins sont restés chez eux, confinés. Cette date est d’habitude un événement national, avec des marches partout dans le pays pour continuer à revendiquer “Mémoire, Vérité et Justice” pour toutes les familles des 30 000 disparus.

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Ce 24 mars, anniversaire du début de la dictature argentine de 1976, les Argentins sont restés chez eux, confinés. Selon RFI, « Des milliers de personnes ont été torturées et tuées entre 1976 et 1983, et d’ordinaire, tous les 24 mars, date du coup d’État de 1976, les Argentins défilent en souvenir des victimes. » Le journal précise aussi : « Selon les associations de défense des droits de l’homme, près de 30 000 personnes, en majorité des jeunes militants de gauche, ont été tuées ou ont disparu durant la dictature, entre 1976 et 1983. Un chiffre régulièrement remis en cause par certains secteurs conservateurs de la société. Les premières images de foulards blancs diffusées sur les réseaux sociaux portent le message "ils étaient bien 30 000". »

« Nous sommes en guerre », déclare Alberto Fernandez, le président argentin

“Monsieur le Président, vous êtes désormais le commandant”. Cette phrase de Mario Negri, président du bloc d’opposition de droite Juntos para el Cambio (de l’ex président Mauricio Macri), était déjà pleine de sens lorsque la semaine dernière, la majorité du Congrès annonçait la suspension du Parlement pour permettre au président de gouverner par décrets. La figure du président, luttant contre le coronavirus de manière préventive et ayant d’ores et déjà décidé de la mise en place du confinement pour la population, a été saluée par l’ensemble des courants politiques du pays.

Une tendance politique à l’union nationale qui pour autant, ne saurait faire oublier l’odeur de pourriture que cache ce genre d’ambiance politique. La décision de la mise en place du confinement est tout à fait compréhensible. Ce qui l’est l’est beaucoup moins, c’est celle de copier les méthodes de renforcement de l’appareil de répression sur la base de ce que développent les États impérialistes depuis plusieurs semaines, poussant Fernandez à rappeler constamment la rhétorique de la “guerre”, s’inspirant du discours d’Emmanuel Macron.

Dans cette dynamique, les mesures de lutte contre l’expansion de l’épidémie ont pris un tournant et les scènes de militarisation des quartiers, des routes et du pays en général sont devenues de plus en plus courantes.

Cependant, le discours du président argentin comporte plusieurs contradictions. En premier lieu, celle d’un budget de santé publique 20 fois inférieur au montant de la dette qui est versé quotidiennement aux créanciers. De plus, une grande proportion de travailleurs informels – ils représentent 49,3% de la population active – ne disposeront d’aucun mécanisme d’indemnisation salariale durant la période, et donc pour beaucoup continueront à travailler et à braver le confinement pour survivre.

Vers un retour possible des militaires dans la rue ?

Cela fait déjà plusieurs années que les gouvernements successifs (et en particulier le gouvernement de Mauricio Macri) tentent de rétablir le rôle des forces armées argentines dans la vie publique du pays. Depuis le début du mandat de Fernández, cette volonté de réconciliation entre la société et les militaires est antérieure à la crise sanitaire : le 21 février, entouré de militaires dans le Campo de Mayo, le président a qualifié de « mauvaise conduite » ce qui était en réalité... un génocide, appelant à « tourner la page ». Aujourd’hui, l’ensemble de la caste politique souhaite saisir l’occasion de la crise du coronavirus pour réconcilier la population avec l’armée. Mais le passé de l’armée argentine, bras armé du massacre systématique de militants politiques durant la dictature de 1976 à 1983, est pourtant impossible à oublier. Des millions de pesos seront dépensés pour maintenir les effectifs militaires dans les rues, alors que des milliers de travailleurs de la santé en Argentine ont vu leur salaire fondre sous les coups de l’inflation et leurs effectifs se réduire pour payer la crise économique, et que ceux ci demandent avant tout la mise en place d’une campagne de tests massifs dès maintenant pour éviter l’expansion de la maladie.

Le 24 mars, l’ensemble de familles de disparus, des organisations de défense des droits humains et des organisations politiques, comme le FIT-Unidad (Front de Gauche-Unité) [extrême gauche argentine], rappellent non seulement qu’il ne s’agit pas d’une simple date de mémoire, mais avant tout l’occasion de rappeler que le génocide de la dictature de Videla a été commis au service de la grande bourgeoisie argentine. Les partis du FIT-Unidad ainsi que de nombreuses organisations citoyennes demandent l’ouverture de toutes les archives de l’armée et de l’État Argentin. Cela permettrait d’éclairer de nombreux cas jamais résolus puisqu’elles ont jusqu’ici été gardées secrètes et ce alors même que plus de 30 000 personnes ont été détenues puis ont disparu.

 
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