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La Izquierda Diario
24 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Urgence
Pour pouvoir accueillir tous les malades, nationaliser les cliniques et hôpitaux privés sous contrôle des soignants
Léo Valadim

Tandis que les hôpitaux publics vont probablement exploser par manque de lits, la santé privée est largement sous-utilisée. Le gouvernement refuse de la mobiliser. Il faut en urgence la nationaliser sans rachat pour mettre tous les moyens de santé au service de la solution de la crise !

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Alors que les hôpitaux publics commencent à se voir saturés par l’afflux de patients atteins du coronavirus, les cliniques privées quand à elles restent très largement sous-utilisées. En effet, la santé publique, qui s’est vu retirer 69000 lits en quinze ans du fait des politiques austéritaires des gouvernements qui se sont succédés, n’a pu mettre à disposition que 7000 lits de réanimation, alors que l’Italie – sorte de miroir anticipateur de ce qui attend l’hexagone - compte déjà plus de 6000 morts. D’ores et déjà dans la région grand-est les hôpitaux sont saturés, ce qui a du pousser les soignants à commencer à sélectionner les personnes prises en charge. Le gouvernement de son côté, a décidé le déploiement d’un hôpital militaire de campagne à Mulhouse, d’une capacité de seulement 30 lits, ainsi que de rapatrier des malades en avion et hélicoptère, notamment vers Nancy et Toulon. Pourtant, énormément de lits sont vides dans les cliniques privées de la région. La situation que connait le grand-est pourrait très probablement se généraliser au reste du territoire, à en croire l’évolution de l’épidémie qui n’en est qu’à son début d’expansion.

Irresponsable, le gouvernement refuse de mobiliser les cliniques privées

Face à cette situation Lamine Gharbi, président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France, a demandé à ce que le gouvernement réquisitionne les cliniques privées. Interviewé dans le Huffington post, il a déclaré « Dans le Grand Est, nous avons libéré 70 places de réanimation qui n’ont pas encore été totalement affectées ce samedi par l’Agence Régionale de Santé ou les hôpitaux publics débordés. Pourtant, des patients sont transportés en avion dans le sud de la France. Je demande donc solennellement à ce que nous soyons réquisitionnés pour épauler l’hôpital public. Nos établissements y sont préparés. Il faut que la vague qui a surpris l’est de la France nous serve de leçon. ». Affirmant avoir mobilisé « 500 cliniques et 300 établissements » de soins privés, et libéré 4000 lits au total, équipés de respirateurs lits pour des patients atteints du COVID-19, il a également déploré qu’« aujourd’hui malheureusement, alors que les capacités publiques sont dépassées, les établissements privés restent sous-utilisés. […] Un grand nombre de nos lits qui ont été libérés restent vides. ». En clair, le président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France propose d’augmenter de plus de 50% la capacité de prise en charge de malades gravement atteints, ce qui montre l’énorme réserve de moyens inutilisés dans la santé privée.

Unifier la santé publique et privée, sous contrôle des soignants

En effet, la situation est totalement irrationnelle, et la coordination entre la santé privée et publique ne permet pas la prise en charge des malades, du fait du refus du gouvernement de réquisitionner les lits vides du privé. Face à l’ampleur de la crise et au débordement difficilement évitable des hôpitaux publics, il n’y a pas le choix, toutes les ressources de santé doivent être mises au service de la gestion de la crise. C’est certainement une question de vie ou de mort pour des centaines voire des milliers de personnes. Selon l’observatoire de l’hospitalisation privée, la santé privée commerciale française représente 35% des activités aiguës de courte durée réalisées dans les établissements de santé (Médecine, Chirurgie, Obstétrique), soit une part très importante su secteur.

Les déclarations de Lamine Gharbi ne sauraient cependant faire oublier qu’il travaille pour des services de santé privés, lucratifs, dont l’objectif est le profit sur le dos des patients et pour ça de récupérer des parts de marché. Or le marché du COVID-19 pourrait s’avérer lucratif pour ces entreprises médicales, qui ont tout intérêt à traiter le plus de patients possibles.

Dans une situation de crise comme nous connaissons aujourd’hui, où les moyens du publics manquent cruellement et où la coordination avec le privé est des plus compliquée, nous voyons l’importance vitale que peut avoir l’existence d’un système de santé unifié. La santé privée et publique doivent être fusionnées pour permettre la coopération la plus efficiente possible.

Mais nous ne pouvons pas accepter de remettre la gestion de la crise sanitaire entre les mains d’entreprises au services d’actionnaires dont l’objectif premier est de profiter de l’épidémie et de la crise de l’hôpital public pour maximiser leurs profits. La nationalisation de la santé privée doit se faire sans rachat ou indemnisation pour les milliardaires et les fonds d’investissements qui la détiennent, c’est la première des conditions pour garantir la gratuité et l’accessibilité des soins à tous.

Un tel système de santé ne saurait être efficient tant qu’il est géré par les mêmes bureaucrates et gouvernements qui ont mis à sac l’hôpital public, comme la crise sanitaire en cours le met brutalement en évidence. Depuis plus d’un an les soignants en grève tirent la sonnette d’alarme sur le manque de moyens, de lits et de personnels. Ils se retrouvent aujourd’hui au front sans même avoir de matériel de protection adapté (masques, doubles blouses, etc.), au péril de leur vie et de celle de leurs proches. Ceux-ci sont les seuls à connaître les besoins réels, et l’ensemble du système de santé doit être contrôlé par des comités de travailleurs de la santé et d’usagers, pour ne plus jamais refaire face à de telles situations, où ils sont obligés de devoir refuser des patients à la porte des hôpitaux faute de lits.

Si nous devons nationaliser sous contrôle des travailleurs la santé privée, nous devrions faire de même avec tous les laboratoires pharmaceutiques qui n’ont pour objectif que la rentabilité, pour garantir la distribution gratuite de tout ce qui est nécessaire à la prévention et à la détection précoce de l’infection : des éléments de base (gel hydroalcoolique, savon, masques, gants, etc.) aux kits de tests nécessaires pour dépister gratuitement et massivement toute personne présentant des symptômes.

Cette situation ubuesque que démontre le fait que les cliniques privées restent aujourd’hui vides montre une fois de plus l’irresponsabilité totale du gouvernement, mais elle met aussi en lumière une solution essentielle à prendre pour répondre à l’urgence sanitaire : parce que nos vies et celles des soignants valent plus que leurs profits, parce qu’il faut pouvoir accueillir dans les jours qui viennent des milliers de personnes en réanimation, la santé privée commerciale doit être réquisitionnée, nationalisée sans indemnisation et intégrée dans un système de santé unifié sous contrôle des personnes qui le font tourner et ne peuvent pas continuer à subir une gestion aussi irrationnelle : les travailleurs au front, les soignantes et les soignants.

 
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