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La Izquierda Diario
24 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Pillage impérialiste
Maroc. Les classes populaires laissées à la porte des hôpitaux
Margot Vallère

Lundi 2 mars, le ministère de la santé marocain annonçait avoir enregistré le premier cas de coronavirus. Trois semaines plus tard, avec 115 cas et 5 morts, la situation devient préoccupante dans ce pays où le système de santé reste réservé aux plus riche.

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Si le continent africain a été le dernier touché par la pandémie qui sévit dès lors dans le monde entier, et s’il a longtemps semblé relativement épargné, le virus se propage à présent sur tout le continent. Il semble aujourd’hui évident que l’Afrique sera la prochaine zone touchée massivement par la pandémie dont l’épicentre se trouve à ses portes.

Trente pays africains sur cinquante-quatre au total sont aujourd’hui touchés mais ce sont les pays d’Afrique du nord qui recensent le plus de cas, et notamment l’Egypte où le premier patient infecté a été enregistré le 14 février 2020.

Ce vendredi 20 mars, le Maroc a finalement déclaré l’Etat d’urgence sanitaire et la restriction de la circulation à partir de 18h. Des premières mesures pour ralentir la propagation de l’épidémie avaient déjà été adoptées la semaine dernière avec la fermeture des lignes aériennes et maritimes vers l’Espagne et la France, jeudi 12 et vendredi 13 ainsi que la fermeture de tous les lieux non essentiels ce lundi 16 mars.

Bien que selon un communiqué conjoint des ministères de la santé et de l’intérieur, le confinement n’était officiellement que « volontaire », on pouvait déjà voir défiler dans les rues des quartiers les plus populaires, des groupes de soldats des forces armées royales (FAR) faire des rondes pour faire respecter le confinement et inciter les habitants à rester chez eux. Des méthodes répressives appliquées par le gouvernement qui n’a pas hésité à déployer l’armée dans des zones stratégiques des grandes villes soit des quartiers déjà surpeuplés et soumis à une grande précarité.

Par ailleurs, ce sont ces mêmes classes les plus populaires qui sont les plus exposées à l’épidémie, notamment les habitants des périphéries des grandes villes comme Rabat et Casablanca sont soumises à des conditions de promiscuité, ce qui devrait faciliter la transmission du virus et ne disposent pas des fonds nécessaires à une hospitalisation en cas de forme grave de la maladie. Car si le confinement total est désormais imposé à la population, le ministère de l’Intérieur a précisé que « l’état d’urgence sanitaire ne signifie pas l’arrêt de l’activité économique mais la prise de mesures exceptionnelles », et qu’il n’y aurait donc pas fermeture des entreprises non-essentielles pour lutter contre la propagation du virus, imposant aux travailleurs de continuer à aller travailler au risque d’être contaminés. De même, des mesures telles que la mise à disposition de tests pour tous les potentiels malades et d’un large financement du secteur hospitalier, restent absentes de l’état d’urgence sanitaire décrété ce vendredi.

A l’instar de nombreux pays africains qui connaissent des carences structurelles similaires, le plan mis en place contre l’épidémie au Maroc reste donc pour le moment cantonné à des mesures répressive de confinement, alors que le système de santé public marocain est extrêmement fragile, n’est bénéficiaire que de très faibles financements et connaît depuis de nombreuses années une importante pénurie de médecins, surtout dans les zones les plus reculées. Bien que le gouvernement de Mohamed VI ait annoncé que le pays disposait à ce jour de plus de 1600 lits de réanimation, seuls 684 se trouvent dans les hôpitaux publics, la majorité d’entre eux reste donc dans les casernes militaires ainsi que dans les cliniques privées qui florissent dans tout le pays et qui accueillent la bourgeoisie marocaine et les expatriés. Ces cliniques modernes disposent de tout le matériel médical dernier-cri mais n’accueillent qu’une poignée de privilégiés, contrastant avec les hôpitaux publics délabrés où s’entassent le reste de la population. Manque de moyens, de médecins, de matériel : le système de santé publique est désastreux et n’est aucunement en mesure de faire face à la pandémie qui commence d’ores et déjà à s’abattre sur le pays.

Au Maroc, c’est tout le secteur public qui est laissé pour compte par un gouvernement résolument libéral et corrompu qui trouve son intérêt à laisser sa population sans soin et en proie à la maladie. La majeure partie de la population vit toujours dans des conditions de grande précarité bien que le pays dispose de nombreuses richesses tant par ses ressources naturelles que par les revenus qu’il engendre grâce au secteur du tourisme et du commerce, notamment avec la France, son premier partenaire commercial qui depuis la fin du protectorat, a gardé toute son influence sur l’économie marocaine. Le pays est toujours sous le joug impérialiste occidental et notamment français, qui pille les richesses nationales de concert avec la monarchie et le gouvernement, et condamne la majorité de la population à une misère qui contraste avec les bénéfices engendrés par de telles relations commerciales.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus a lors d’une conférence de presse virtuelle ce mercredi 18, appelé l’Afrique à « se réveiller » face à la menace du coronavirus. Une mise en garde absurde quand on sait que l’OMS minimisait elle-même l’ampleur de l’épidémie un mois plus tôt, et surtout qui passe sous silence le pillage impérialiste systématique des pays africains au profit des multinationales et d’une poignée de dirigeants corrompus. Sans réappropriation des richesses nationales pour mettre en place, entre autre un véritable système de santé accessible à tous, avec notamment la nationalisation sous contrôle des travailleurs et usagers des cliniques privées d’où les classes populaires sont aujourd’hui exclues puisque évidente, le Maroc et les pays africains ne pourront pas gagner la guerre contre le coronavirus.

 
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