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La Izquierda Diario
21 de mars de 2020 Twitter Faceboock

#NOSVIESPASLEURSPROFITS
Amazon. Malgré des dizaines de contaminations, les droits de retrait refusés
Arthur Nicola

Alors que le confinement généralisé de la population a permis à Amazon de voir ses ventes exploser, ses salariés font face à des conditions de sécurité sanitaire très faibles, tandis que la boîte conteste tous les droits de retrait, qu’elle requalifie en absences injustifiées. « Tout va bien » a résumé le président d’Amazon France au CSE de l’entreprise.

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La situation se tend particulièrement chez Amazon France, qui compte bien faire de la crise du coronavirus une opportunité commerciale. Et pour cause, les chiffres sont en hausse. D’après les chiffres transmis aux organisations syndicales, les ventes ont explosé : +200 % dans l’alimentaire, +130 % dans la santé, +362 % sur les ventes bureautiques, et +200 % sur les jeux vidéos. De quoi réjouir la direction de l’entreprise, qui se frotte les mains. « Tout va bien, les chiffres montent » a résumé le président d’Amazon France, Ronan Bolé, en réunion du Comité Social et Economique aux délégués syndicaux. Pourtant, chez les salariés, l’inquiétude continue de monter, alors que les cas avérés ou suspectés de Covid-19 s’accumulent dans les différents centres, et que la direction ne change rien pour protéger ses salariés.

Sur le site de Chalon-sur-Saône, plus d’une dizaine de salariés sont confinés chez eux, parce qu’ils craignent être malades, ou qu’un membre de leur famille l’est. « Ils continuent de nier l’importance de la crise, alors qu’il y a des chauffeurs dans de sales états » nous confie Antoine Delorme, délégué syndical du site. « Ils énumèrent les mesures, mais encore une fois on a aucune nécessité de rester ouverts à Chalons, à part faire des sous : ils font un pognon monstre. Le directeur du site de Chalons nous a avoué qu’il y avait un afflux de commandes ; ils surfent sur le confinement  » s’énerve le délégué syndical, qui fait face à une direction qui refuse non seulement toute fermeture du site, qui ne vend aucun produit de première nécessité, mais qui de surcroît conteste les droits de retrait des salariés. Alors que 300 salariés sont en droit de retrait sur le site de Douai, la direction a là aussi décidé de faire pression sur les salariés, en contestant les motifs du droit de retrait. Dans une lettre adressée aux salariés concernés, l’entreprise énumère la liste des mesures prises, avant de conclure : « nous vous confirmons donc prendre toutes les mesures pour vous permettre de travailler en tout sécurité. Par conséquent, il n’existe aucun motif légitime de vous retirer d’une situation de travail. Nous vous informons donc que votre absence sera considérée comme injustifiée et ne sera pas rémunérée. »

Une situation qui met d’innombrables salariés en danger, pris à la gorge entre l’impossibilité de perdre de précieuses journées de salaires et la peur de mettre sa santé en danger. A Douai, Gaël Begot, délégué syndical de la CGT, nie que ces mesures ont été réellement mises en place : « le protocole de sécurité n’est pas respecté, on ne distribue pas de gants. Ils n’ont pris aucune mesure de sécurité. Ils vérifient que les salariés tiennent les rampes d’escalier en nous menaçant de licenciement, et ils ne les désinfectent même pas  ». Une situation que même le président d’Amazon France a avoué aux délégués syndicaux : « il reconnaît qu’il y a eu et qu’il y a encore, des manquements dans les règles préconisées, notamment dans le mètre entre les salariés, et le manque de gel hydroalcoolique » nous confie un syndicaliste, qui voie qu’aucune mesure n’est prise en conséquence. Face à cette situation, les salariés vont devoir contester aux prud’hommes la décision d’Amazon selon laquelle ce droit de retrait est illégitime. Mais la procédure peut prendre du temps, pendant lequel de plus en plus de salariés seront exposés au virus. Si l’on pouvait encore douter des graves manquements en termes de protection sanitaires chez Amazon, un salarié nous a confié que les boîtes d’intérim ne veulent plus prendre la responsabilité d’envoyer des intérimaires chez Amazon. L’une d’entre elles, Adecco, a ainsi estimé ainsi que suite au « manque d’hygiène » chez Amazon Douai, ils n’enverraient plus d’intérimaires.

La seule proposition de l’entreprise : une augmentation du salaire horaire de 2€ de l’heure. Une proposition inacceptable pour Antoine Delorme : « je trouve ça honteux, que lorsqu’on se bat pour la santé des gens et qu’on leur demande de fermer les entreprises, eux leur mettent une carotte financière de 2€ de l’heure et envoient les gens à la mort pour 2€, c’est inadmissible ! ». Sur ces sites monstres où se côtoient des milliers de salariés (3800 pour le site de Douai), les salariés se sentent abandonnés. Et ce n’est pas les déclarations de Bruno Le Maire, qui a jugé « inacceptable » la situation chez Amazon, qui les rassurent : « ils sont protégés de toute façon, ils ne seront jamais inquiétés ! Ils ne voient que le pognon, ils ne sont pas humains ! » nous explique Gaël Begot de Douai, la rage au ventre. Et pour cause : il est allé, aux côtés de représentants de l’Union Locale CGT de Douai, rencontrer le sous-préfet, qui leur a répondu sèchement que « tout va bien, les mesures sont prises ». Des déclarations du ministre, rien ne ressortira donc, mis à part de belles paroles hypocrites sur les grands médias.

Crédits photo : UWE ZUCCHI AFP

 
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