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La Izquierda Diario
15 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Attaque frontale de l’extrême droite
Contre Le Pen, soutien inconditionnel à Martinez, à la CGT… et aux grévistes !

Sur le plateau de Bourdin, Marine Le Pen s’est lâchée contre Philippe Martinez, alors que la grève a passé le cap des 40 jours. Une façon très claire d’avouer de quel côté le Rassemblement National se situe, en dernière instance : contre le monde du travail et contre les grévistes.

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« On a toutes les raisons de détester la CGT et Martinez », a martelé la cheffe du Rassemblement National, invitée par Jean-Claude Bourdin sur le plateau de RMC et BFMTV, mardi 14 janvier. Les propos, d’une extrême brutalité, ont le mérite de la clarté. Etrangement, cependant, aucune réaction ou presque, à gauche, ni au niveau syndical, ni au niveau politique. Et c’est inquiétant.

Démagogie et travestissement

Ce qu’il y a « de bien », avec l’extrême droite, c’est qu’elle a toujours du mal à conserver les formes et à garder son déguisement. On avait entendu Marine Le Pen, la cheffe du Rassemblement National, dire avant le 5 décembre combien elle soutenait le mouvement contre la réforme Macron-Philippe des retraites. Elle en était même arrivée à déclarer le 18 décembre, depuis Carpentras, ne pas être « particulièrement une amie de la CGT, c’est le moins qu’on puisse dire [mais] aujourd’hui, c’est eux qui font grève. Ils sont accompagnés par des centaines de milliers, des millions même peut-être de salariés du privé qui partagent cette contestation de la réforme des retraites ». Face à ce que les « journalistes », toujours prompts à insister sur la soi-disant « proximité des extrêmes », avaient qualifié « d’hommage », Martinez s’était empressé, à juste titre, de rejeter en bloc ce pseudo « soutien ».

Quand un mouvement social éclate et emporte avec lui la grande majorité de l’opinion publique, l’extrême droite préfère, généralement, faire profil bas. Le terrain de la lutte des classes n’est pas celui des racistes et des xénophobes qui préfèrent les patrons « d’ici » et la « préférence nationale » aux travailleurs qui ne seraient « pas de chez nous ». Cependant, à la différence Jean-Marie Le Pen, habitué des sorties de piste antisémites et ouvertement racistes et partisan de l’ultra-libéralisme à la Reagan, la fille essaye de repeindre le RN avec une couche de peinture « sociale ». Face à l’hostilité majoritaire vis-à-vis du projet de contre-réforme des retraites, Marine Le Pen s’est donc essayé à la rhétorique de la défense de la « spécificité française du modèle social » en se disant opposé au projet Macron-Philippe. Sa solution ? En trois temps : d’abord appeler à la trêve, pour Noël, puis en suggérant la mise en place d’un « référendum » sur la réforme puis en promettant d’abroger le texte si elle venait à être élue en 2022. « Arrêtez la grève », dit-elle en substance, « on s’occupe du reste ».

Une seule solution pour l’extrême droite, le référendum

Ce mardi, sur le plateau de RMC et BFMTV, alors que Bourdin insistait pour savoir si le RN soutenait ou non la poursuite du mouvement, Le Pen a préféré botter en touche en insistant sur le fait que sa position n’avait pas bougé : elle reste partisane d’un référendum qui, selon les propos de Jordan Bardella, son jeune et fringant numéro 2, « éviterait une situation de blocage ». C’est la véritable position de l’extrême droite depuis le 5 décembre. Etrange façon de soutenir les grévistes. En substance, cela consiste, depuis le début, à dire « abandonnez les manifs, ne faites pas grève, désertez les piquets, rendez-vous dans les urnes ». Preuve, une fois de plus, de la réalité des propositions de l’extrême droite, de son hypocrisie politique par-delà ses tentatives d’instrumentalisation démagogique.

La vilaine timbale de Le Pen

Mais ce n’est pas tout. Visiblement excédée par les questions de Bourdin, Le Pen a tombé le masque. Et avec une certaine franchise. « On a toutes les raisons de détester la CGT et M. Martinez », a-t-elle envoyé, le secrétaire général cégétiste étant, selon elle, « imbuvable, (…) absolument sectaire, odieux. Il refuse le processus démocratique ». Déjà, le 14 novembre, elle avait accusé la CGT de « défendre sa petite gamelle ». Ce n’est pas parce qu’on veut faire « peuple » qu’on est avec lui. Ce sont bien les cégétistes, et l’ensemble des grévistes, syndiqués à la CGT, en partie, mais également syndiqués à d’autres organisations, ou non-syndiqués, qui tiennent la rue et la grève depuis plus de 40 jours. Pas le RN. Les grévistes ne sont pas dans la mobilisation « pour leur petite gamelle » mais, comme le disent les manifestantes et manifestants, dans tout le pays, « pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ». C’est-à-dire contre Macron et son (im)monde. Le Pen, elle, a choisi son camp.

L’attaque que Le Pen porte contre le secrétaire général de la CGT est, en réalité, une attaque contre l’ensemble des grévistes, des manifestants et de leurs soutiens. C’est une attaque contre laquelle l’ensemble des organisations devraient répondre d’une seule voix, dans la rue et sur les piquets contre celle qui est la pire ennemie des travailleurs et des travailleuses et admet, cette fois encore et par-delà les faux-semblants, se situer dans le même camp que le meilleur ami des patrons, Emmanuel Macron.

Deux France

Le Pen escompte capitaliser dans les urnes la colère sociale pour mieux la dévoyer, en désignant les boucs-émissaires habituels de l’extrême droite : les étrangers, les immigrés, les musulmans, tout ce qui ne ressemble pas à ce qui est censé être « bien de chez nous ». Ce que montrent les grévistes, depuis le début du mouvement, c’est qu’il y a deux France : celle d’en bas, qui lutte et qui est vent debout contre cette réforme inique, et celle d’en haut, qui soutient Macron et souhaite que le mouvement cesse. Le Pen a choisi la sienne et ressort, sous le coup de l’émotion, le vieux fonds de commerce de l’extrême droite, à savoir sa haine des « socialo-communistes », de la CGT, sa détestation du monde du travail, quand il relève la tête. Cela complète « à merveille » les articles de torchons réactionnaires sur les « grévistes salafistes » et leur « terrorisme verbal ».

Nous sommes toutes et tous imbuvables, et en grève !

L’attaque de Le Pen en dit long sur le niveau de nervosité qui traverse, aujourd’hui cette même France d’en haut, en dépit de tous ses désaccords et de ses frictions internes. Face à autant de radicalité, il faut que nous en montrions autant, par le maintien des grèves, leur coordination et leur extension. C’est maintenant ou jamais qu’il faut prêter main-forte à celles et ceux qui portent le mouvement depuis le début, cheminots, cheminotes, travailleurs et travailleuses de la RATP en tête, mais également personnels de l’Education, raffineurs et dockers, et toutes et tous les autres.

Pour faire ravaler son projet à Macron et à Phillipe – bien déterminé à faire revenir par la fenêtre l’âge de départ à 64 ans après avoir reculé -, c’est l’objectif de l’extension et de la radicalité qui doit être au cœur de l’appel de l’Intersyndicale de ce mercredi soir. C’est aussi la façon absolument nécessaire et urgente qu’il y aurait à répondre à Le Pen qui a montré clairement, ce mardi, ce dont ce projet est le nom, en dernière instance. Pour montrer, donc, à Macron-Philippe comme à Le Pen que nous sommes toutes et tous « imbuvables » et que c’est leurs réformes et leur vision du monde que nous voulons dézinguer. Et le mouvement, aujourd’hui, en a encore les capacités.

Crédits photo : O phil des contrastes

 
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