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La Izquierda Diario
8 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

35 jours de grève
« On va venir vous matraquer ». La police envoyée par la direction RATP contre les grévistes à Pantin
Flora Carpentier

Ce 8 janvier au piquet de grève du dépôt RATP de Flandre, plus de 200 personnes étaient présentes suite à l’appel de la coordination RATP/SNCF pour soutenir les grévistes. A l’arrivée des grévistes à 4h du matin, CRS et équipes de la BAC étaient déjà en rang et en nombre, aux côtés de la direction du dépôt.

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Crédit Photo : O Phil des Contrastes

Depuis 35 jours que le mouvement de grève reconductible et interprofessionnelle contre la réforme des retraites a commencé, le gouvernement et les grands médias s’en donnent à coeur joie pour dénoncer "les blocages" et faire l’éloge de "la liberté de travailler". Si cette stratégie tient de la volonté de casser cette grève historique contre une réforme antisociale, véritable incarnation du "projet Macron", force est de constater qu’elle passe également sous silence les violences dont les grévistes font les frais sur leurs piquets de grève, devant et dans leurs lieux de travail, matraqués et gazés par la police, sous les yeux des huissiers payés par la direction de la RATP.

Face à cette répression, les grévistes s’organisent, et c’est en ce sens que la Coordination des grévistes RATP/SNCF d’Ile-de-France appelle les grévistes et soutiens à se rendre chaque jour sur un piquet de grève différent. Ce mercredi, le rendez-vous était donné au piquet du dépôt de Flandre à Pantin, où plus de 200 personnes se sont rassemblées, avec la présence de grévistes d’autres dépôts de bus et métro, des cheminots, des enseignants, des étudiants, ou encore des personnalités politiques à l’instar d’Olivier Besancenot (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Eric Coquerel (LFI), Madjid Messaoudene (élu de St Denis), Vikash Dhorasoo (ancien footballeur de l’équipe de France), Anasse Kazib (SUD Rail) ou encore Eric Drouet (gilet jaune).

Mais avant même le début du rassemblement, à 3 heures et demi du matin les forces de police étaient d’ores et déjà sur place pour empêcher toute tentative de blocage et intimider les grévistes et leurs soutiens, comme l’a dénoncé Ahmed Berrahal, délégué CGT : “A 3h30 j’ai croisé la BAC du 93 qui m’a dit ‘aujourd’hui on va vous matraquer’ et ça c’est honteux ! De venir menacer des ouvriers à 3h du matin”, ajoutant : “ce qui me choque le plus c’est que c’est la directrice du centre bus de Flandre qui les a appelés, c’est la RATP elle-même qui donne des ordres à la police”.

Vers 5h, alors que les soutiens s’entassaient toujours plus sur le trottoir encadré de cordons policiers, au beau milieu du petit déjeuner préparé généreusement par les grévistes et des feux de sapins de Noël ramassés ici et là, les manifestants ont réussi à défier le dispositif policier et à partir en manifestation spontanée sur la route. S’en est suivie un jeu de chat et de la souris entre les CRS sur-équipés et les manifestants, grévistes et soutiens confondus, ralentissant pendant quelques instants le trafic de la très empruntée route nationale sous le klaxon approbateur de nombreux véhicules. Certains soutiens distribuaient même des tracts aux conducteurs qui n’hésitaient pas à baisser leur carreau. Un soutien qui n’a pas plu aux policiers pour certains très nerveux, qui se sont adonnés à quelques bousculades musclées de grévistes et soutiens.

Face à cette scandaleuse tentative d’intimidation, les grévistes ont interpellé la direction du dépôt RATP et cherché à retourner sur leur lieu de travail pour se réunir en assemblée générale, présentant leurs cartes de machinistes. C’est alors que celle-ci leur en a refusé l’accès, un acte totalement illégal puisqu’empêcher arbitrairement à un salarié d’accéder à son lieu de travail, sans même l’avoir prévenu au préalable par voie de courrier recommandé va à l’encontre des droits des salariés.

La manoeuvre a également été dénoncée par Anasse Kazib, cheminot en grève et délégué SUD-Rail venu en soutien, s’adressant à la directrice du dépôt : “en tant que cheminot, c’est la honte pour vous parce que même nous à la SNCF on ne nous fait pas ça ! Les lendemains de grève vont être douloureux pour vous quand les salariés vont vous rappeler ce que vous avez fait en 2019, bien au chaud du côté des forces de l’ordre”.

On voit là que le gouvernement et la direction de la RATP répriment les grévistes main dans la main, et n’ont aucun scrupule pour invoquer et bafouer tour à tour le droit du travail en fonction de ce qui les arrange. Cependant cette répression est loin d’entamer la détermination des grévistes et de leurs soutiens venus nombreux, et montre surtout la faiblesse du gouvernement incapable de faire passer sa réforme autrement que par la matraque et les sanctions.

Ainsi, Anasse a rappelé que « Nous notre meilleure arme c’est la grève, et il va falloir tenir parce qu’on est dans une période charnière aujourd’hui, dans un moment décisif où il faut qu’on continue, il est hors de question de massacrer un mois de salaire pour que les partisans de BlackRock l’emportent, c’est notre classe, c’est nous les travailleurs de ce pays qui doivent gagner ! » Il a ensuite interpellé les directions syndicales qui s’apprêtent à négocier avec le gouvernement vendredi : « On n’a pas besoin de Laurent Berger et on va pas le laisser aller négocier le poids de nos chaînes ! »

L’ancien football de l’équipe de France Vikash Dhorasoo a lui manifesté son soutien par une référence au sport au ballon qui a été très bien accueillie par les grévistes : « En foot jusqu’à la fin du match on y croit qu’on va gagner ! Je ne sais pas à quel moment du match on est, si on est proche des arrêts de jeux ou s’il y aura des prolongations, des tirs au but… mais peut-être que l’un d’entre nous marquera le dernier but et nous fera gagner ce combat ultra important contre Macron ! »

Flora de notre comité de rédaction a salué la détermination des grévistes, dont “le combat est d’ores-et-déjà un combat politique puisqu’il conduit à s’affronter au gouvernement et pose la nécessité de la grève générale”, et fustigé la répression : "c’est la même police qui matraque dans les quartiers populaires".

Homa de notre collectif féministe Du Pain Et Des Roses a insisté sur le fait que la lutte pour l’émancipation des femmes travailleuses se menait aussi sur les piquets de grève :

Cagnotte de soutien aux grévistes du dépôt RATP Flandre à Pantin.

 
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