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La Izquierda Diario
27 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Les annonces du gouvernement pour clôturer du Grenelle
Grenelle sur les violences faites aux femmes : le coup de com’ de Schiappa
Olive Ruton

Ce lundi 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes, marquait la clôture du Grenelle lancé par Marlène Schiappa en septembre.Un Grenelle qui est bien plus un coup de comm’ dans une période d’éveil du mouvement des femmes sur la question des violences. N’attendons rien du gouvernement, toutes dans la rue le 5 décembre !

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En ce 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes, Édouard Philippe donnait le discours de clôture du Grenelle des violences conjugales, ouvert le 3 septembre par Marlène Schiappa, poussée par un contexte où en France, les rassemblements et actions contre les féminicides se multipliaient depuis des mois. Des actions qui interpellaient directement la secrétaire d’État chargée de l’égalité hommes-femmes elle-même, dénonçant son inaction et celle du gouvernement sur la prétendue « grande cause du quinquennat » durant ses deux premières années de mandat, ainsi que le rôle complice de la justice et de la police en ce qui concerne les violences que subissent les femmes. Face à une mobilisation naissante en France et déjà puissante dans d’autres pays à l’échelle internationale, c’est pourtant, comme on pouvait s’y attendre, sur un terrain purement institutionnel, et sans aucune mention faite aux mobilisations de rue sur ces questions - au lendemain d’une marche historique samedi 23 novembre !- que le gouvernement entend régler ce problème de société.

Des mesurettes pour s’acheter un coup de com’

Ce qu’il en ressort : des mesures pour la plupart déjà annoncées et strictement individuelles, visant principalement à mieux écouter les femmes battues, ou à éduquer les hommes violents : des mesures telles que le le Bracelet anti-rapprochement, la ligne téléphonique, la levée du secret médical dans les cas les plus dangereux de risques que les violences se reproduisent, ou encore un appel à projet pour l’ouverture de centres de prise en charge des hommes violents dans chaque région. En ce qui concernent l’éducation, là encore, des propositions à la marge : des formations obligatoires sur l’égalité entre les filles et les garçons pour les enseignants, bien loin de la perspective de former les élèves sur les questions de genre jamais abordées à l’école, ou même d’une éducation sexuelle de qualité en classe.

Si le Premier ministre pointe un « dysfonctionnement majeur, à toutes les étapes de la prise en charge des victimes », le problème va évidement bien au-delà et de manière bien plus structurelle qu’il ne veut l’admettre. En effet, faire passer dans les commissariats une « grille unique de l’évaluation du danger », ou mettre en place auprès de 130 brigades de polices et de gendarmerie, ne change en rien la violence de ces institutions et le caractère profondément patriarcal de celles-ci, ni le parcours du combattant que chaque femme violentée ou violée doit subir auprès d’elles, qui les pousse à renoncer à porter plainte dans la plupart des cas. Une violence supplémentaire subie par les femmes, et surtout une impossibilité de s’en remettre à ces institutions, mises sur le devant du débat public il y a quelques semaines par Adèle Haenel, elle-même victime de violences sexuelles, dans son interview à Médiapart, déclarant en ces termes qu’elle n’envisage pas la justice comme une solution « parce qu’il y a violence systémique qui ait faite aux femmes dans la justice », et ajoute « les femmes dans des situations de viol sont méprisées par la justice ».

En réalité, plus qu’une faillite collective, les violences que subissent les femmes, et leur forme la plus extrême, les féminicides - le meurtre d’une femme précisément parce qu’elle est une femme - sont le résultat de tout un système patriarcal sur lequel s’appuie le fonctionnement de la société capitaliste, et qui fait des violences sexuelles et physiques le dernier maillon d’une longue chaîne de violences qui sont aussi sociales et politiques. Or, en centrant exclusivement ses mesures superficielles sur l’accompagnement, la sanction et l’ « éducation » des hommes violents, le gouvernement place le combat contre les violences conjugales sur un terrain individuel, alors que l’enjeu se situe à une toute autre échelle.

40 mesures et un budget bien inférieurs aux attentes éveillent colère et déception

En réponse à ces mesures, la déception et la colère n’ont pas tardé à se faire entendre. Beaucoup les jugent totalement insuffisantes, et en premier lieu des figures telles que Caroline de Haas, à l’initiative de Nous Toutes, organisation qui avait appelé cette année pour la deuxième année consécutive à une grande marche contre les violences sexuelles et sexistes autour de la date du 25 novembre. Si cette marche a fait descendre dans la rue plus de 150 000 personnes à l’échelle de la France ce samedi, pas un mot d’Édouard Philippe ou de Marlène Schiappa à leur sujet, ce qui n’a pas manqué d’éveiller la colère des collectifs mobilisés et des manifestants de ce week-end. Des manifestations qui ont d’ailleurs fait résonner dans les rues des slogans visant directement, là encore, le gouvernement ou encore la police.

Ce sont bien les mesures (ou l’absence de mesures) elles-mêmes, qui ont révolté dès ce lundi, en particulier sur la question du budget. Si Philippe déclare avec un ton rassurant que « l’argent ne manque pas », il apparaît clairement être le seul à le penser ! Alors que ce week-end fleurissaient sur les réseaux sociaux les slogans du type « un milliard (d’euros), pas de bobards ! », les annonces de mobilisations budgétaires pour l’année à venir se sont là encore révélées bien en deçà des attentes et des nécessités. Bien que le Premier Ministre insiste sur le chiffre de 1,16 milliard d’euros pour l’égalité des sexes en 2020 (appuyant sur la comparaison, après l’avoir déclarée stérile, avec l’Espagne qui consacrera 1 milliard sur 5 ans à la même cause), ce chiffre est en réalité seulement hypothétique et peut se résumer à 360 millions euros, ce qui ne représente en rien une augmentation, comme l’explique Caroline de Haas sur Twitter.

N’attendons pas du gouvernement qui nous précarise qu’il mette fin aux violences faites aux femmes : organisons la lutte pour changer ce système !

La question, c’est bel et bien celle des moyens à mettre en place pour venir à bout de ces violences qui détruisent chaque jour la vie des femmes, et font que toutes les 48h en France, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou de son ex. Mais nous n’obtiendrons pas ces moyens en attendant du gouvernement qu’il les mobilise de lui-même. Nous n’avons rien à attendre du gouvernement qui a supprimé l’ISF alors qu’il coupe le budget des hôpitaux, au moment où se pose la question de financer des logements et solutions d’hébergements pour les femmes qui fuient la violence de leur conjoint, et alors même que des milliers de logements demeurent librement inoccupés, voués à la spéculation.

Ce n’est en effet pas le gouvernement qui nous précarise chaque jour, celui qui annonce une réforme des retraites, dont le calcul de la pension par points et sur l’ensemble de la carrière défavorisera en premier lieu celles qui ont les carrières les plus hachées, à bas salaires, et entrecoupées de congés maternités, qui va se porter garant de l’arrêt des violences qu’il perpétue et institutionnalise lui même ! Tout comme, contrairement à ce que prétend Philippe, ce n’est absolument pas le Grenelle qui a permis de libérer la parole des femmes, de briser le silence sur ces violences et la réalité de la société patriarcale – ce qui a bien plutôt été le rôle du mouvement MeToo ou encore des mobilisations et grèves massives de femmes contre ces violences partout dans le monde - ce n’est pas non plus de ce grenelle ou d’une quelconque politique gouvernementale ou institutionnelle que nous devons attendre les solutions pour mettre fin à des violences qui sont inhérentes à tout un système.

Au contraire, il s’agit, comme il en a toujours été pour l’obtention des droits que nous avons acquis, de les arracher aux gouvernements et institutions, dans la lutte. Une solution qu’Édouard Philippe suggère d’ailleurs presque lui-même tout au long de son discours. En effet, l’insistance sur le terme de « mobilisation » - qui dans sa bouche est une « mobilisation intellectuelle » des experts et groupes de travail du grenelle – ne peut que nous indiquer la voie à suivre, tout comme sa propre observation, à la fin de ses 30 minutes de discours, visant à impliquer l’ensemble de la société : « la détermination d’un seul peut compter, mais l’efficacité résulte d’une mobilisation collective ».

Loin du coup de comm’ de ce grenelle duquel il n’est rien sorti, ponctué d’une citation de BigFlo et Oli comme d’une tentative de parler à a jeunesse, prenons au mot le Premier Ministre : soyons des milliers à nous mobiliser et nous organiser contre ce système, pour nous libérer des violences sexuelles, sexistes, mais aussi sociales telles que la précarité qui tue elle aussi chaque jour. C’est en ce sens que le collectif féministe et révolutionnaire Du Pain et des roses était présent dans la rue ce 23 novembre, et appelle toutes les femmes à se joindre à tous les secteurs en lutte le 5 décembre, pour une grande grève reconductible, contre la réforme des retraites, et l’ensemble des politiques du gouvernement.

 
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